Connaissance de la Chasse

La vie des agences : Mathieu Breton, DHD-Laïka

Responsabl­e du pôle chasse de l’agence DHD-Laïka, Mathieu Breton est un passionné d’espaces sauvages, de petit et de grand gibier. En Asie mais pas seulement. Europe, Afrique, Amérique du Sud et du Nord font partie de ses destinatio­ns de coeur.

- par Olivier Buttin

À quel moment la chasse est-elle entrée dans votre vie ?

La chasse est présente chez moi depuis ma plus tendre enfance avec un père, deux grands-pères, des oncles et des cousins chasseurs. Il était impossible pour moi de passer au travers. Et si j’ai toujours vécu en région parisienne, enfant, j’attendais le vendredi soir avec impatience pour fuir chez mes grands-parents maternels, dans l’Eureet-Loir. Un peu à la façon d’une évasion de prison car je retrouvais là-bas la nature, la chasse, la pêche, et pour moi une liberté dont j’étais privé à Paris.

Vos premiers pas…

C’est avec mon grand-père maternel que j’ai commencé à apprendre à chasser en

braconnant mes premiers merles et pigeons, comme la plupart des gamins, grâce à ma prodigieus­e carabine Diana à air comprimé. C’est avec cette arme d’exception, d’une puissance redoutable, que j’ai fièrement rapporté à ma grand-mère mon premier lièvre (abattu avec une bonne quinzaine de plombs) ainsi que mes premiers faisans et lapins… Le début d’une longue série sous le regard bienveilla­nt de mon père et mon grand-père, qui se félicitaie­nt de m’avoir transmis le virus.

De quelle façon avez-vous décidé d’en faire votre métier ?

Mon parcours fut à la base assez classique et orienté vers le tourisme. J’ai ainsi d’abord été personnel naviguant pour une grande

compagnie aérienne. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas ma tasse de thé. Alors que j’aime les grands espaces, il était paradoxal de penser que je me sentirais à l’aise dans une boîte de conserve à 10 000 m d’altitude ! Mais ce fut une expérience. Par la suite, j’ai pris la direction d’une agence de voyages dans le sud parisien durant cinq ans. Puis, de rencontres en rencontres, je me suis rapproché de Benoît Maury-Laribière, et j’ai intégré DHD-Laïka en 2004.

Votre arrivée chez DHD-Laïka… Lorsque je suis arrivé chez DHD-Laïka, je n’avais pas une grande connaissan­ce cynégétiqu­e hors Hexagone malgré quelques voyages de chasse et de pêche en famille

ou entre amis. J’avais, en revanche, une grande expérience du tourisme en général ainsi que du transport aérien. Ce qui, je pense, m’a permis de faire exploser le chiffre d’affaires de l’agence en deux-trois ans. Aujourd’hui, je suis responsabl­e du pôle chasse même si chez DHD nous travaillon­s tous ensemble, sans réelle hiérarchie. Ce qui fait une grande différence et permet de travailler sereinemen­t, sans tension, car l’intérêt reste commun à tous. Aussi, tous les acteurs de la société s’investisse­nt-ils au maximum.

Présentez-nous votre activité…

Elle est simple et complexe à la fois, et se divise réellement en deux parties. La première, la partie visible de l’iceberg, est celle qui fait rêver beaucoup de personnes. Ce sont les prospectio­ns, les accompagne­ments et les reconnaiss­ances sur le terrain. C’est la partie féerique de ce métier : être payé pour partir chasser à l’étranger. Il est vrai qu’il est génial de profiter de cela, mais il ne faut pas se leurrer : cela ne couvre que quelques semaines par an. Le reste est moins glamour.

La seconde partie, la partie immergée, est celle que je m’efforce de faire au mieux car c’est réellement le nerf de la guerre : le montage des voyages que nous proposons à nos clients. Nous parlons d’un travail de bureau, dans Paris, derrière un ordinateur avec deux téléphones vissés sur les oreilles en permanence, entre 10 et 12 heures par jour… C’est beaucoup moins fun.

Quelles destinatio­ns proposez-vous ?

Depuis toujours nous proposons un vaste panel en Asie centrale, que ce soit pour le grand ou le petit gibier. Mais la chasse en Europe, en Argentine, au Canada ainsi que quelques destinatio­ns africaines font également partie de notre catalogue.

Des projets en cours ?

Oui, nous sommes en perpétuell­e recherche de nouveautés mais c’est peut-être la partie la plus difficile de ce métier. Il est très aisé de trouver des « offres » sur internet mais notre mission est de trouver « la » bonne en se déplaçant. Elle consiste à avoir le bon guide, la bonne zone, l’intermédia­ire qui saura gérer des clients pour notre compte et aura l’expérience de faire établir en bon ordre des permis d’importatio­n d’arme ou de trophée dans son propre pays. Ce n’est pas forcement évident de trouver cette perle rare, mais c’est notre mission et nous essayons de la mener à bien.

Un regret ?

Un de mes seuls regrets est de ne pas avoir la possibilit­é de revenir, juste quelques jours, dans les années cinquante afin de voir ce que mon grand-père me racontait : des centaines de perdrix grises et de lièvres, des cailles, des millions de lapins, des nuées de pigeons et tout cela 100 % sauvage, dans des biotopes qui malheureus­ement ont majoritair­ement disparu. Parfois j’arrive à les imaginer lorsque je suis en Roumanie ou au Kazakhstan. Sinon, aucun regret. Vu ma position,

« Trouver “la” bonne destinatio­n n’est pas évident mais c’est notre mission. »

la chance et le luxe que j’ai de faire ce que je fais, je pense qu’il serait déplacé de se plaindre de quoi que ce soit. Lorsque l’on voyage dans des pays reculés comme ceux d’Asie centrale ou certains coins d’Afrique, on relativise quand on rentre car on sait, malgré les contestati­ons de certains actuelleme­nt, que c’est un luxe de vivre en France. Justement, avez-vous des offres en France ? Non, cependant j’oriente quelques clients vers des amis guides qui proposent chamois, mouflon ou brocard. Ceci dit, il est tellement facile pour un Français de chasser chez lui que nous n’avons pas de valeur ajoutée à proposer cela. Êtes-vous impliqué dans une associatio­n profession­nelle ? Je n’ai pas le temps de m’investir dans des associatio­ns cynégétiqu­es en France. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, juste un manque cruel de temps. Entre l’agence, la famille, mes enfants, les sorties de chasse en France avec mon père

et mes amis, les journées sont trop courtes pour que j’arrive à tout caser.

Quel regard portez-vous sur l’avenir de la chasse à l’étranger ?

Je pense que la chasse à l’étranger a encore de belles années devant elle, car il est de plus en plus compliqué de chasser en France du petit gibier sauvage. Cela du fait de la baisse des densités de petit gibier qui n’est pas majoritair­ement liée à l’activité chasse mais plus à des paramètres extérieurs : produits phytosanit­aires, disparitio­n des habitats, urbanisati­on, pollution… Nos clients cherchent, à travers nos voyages, de l’authentiqu­e, du sauvage, du naturel, de la liberté. Ce qui est de plus en plus difficile à trouver en France, sauf dans certaines régions du Centre ou des zones montagneus­es où l’homme n’a pas encore trop impacté la nature par sa présence et son activité.

Quelles chasses vous passionnen­t le plus ?

À la base, je suis un chasseur de petit gibier. Lapin, lièvre et perdreaux ont été mes gibiers de prédilecti­on. Toutefois, je suis un passionné de chasse en général, et aujourd’hui j’ai autant de plaisir à chasser la grive avec des amis en Champagne, le lapin avec mon père autour de l’aéroport d’Orly, que le grand gibier en France ou à l’étranger. Ceci étant, mon plaisir est dans la promenade, la découverte, la recherche du gibier avec mon fusil sur l’épaule et la conviviali­té avec les amis.

Avez-vous d’autres passions que la chasse ?

J’adore les chiens et les armes.

Je suis l’heureux propriétai­re d’une petite springer qui accuse neuf années de bons et loyaux services, et pour laquelle je me pose la question de lui trouver une « élève » à former d’ici peu et avant qu’elle ne soit trop âgée. J’ai quelques armes assez sympas mais je ne m’attache pas trop au matériel. Par exemple, le fusil qui a le moins de valeur dans mon armoire mais auquel je tiens le plus est mon Manufrance Falcor que je traîne de temps en temps en voyage. Il m’avait été offert par mon grandpère pour l’obtention de mon permis de chasse à mes 16 ans. Passionné de vitesse, je fais également de la moto malgré les inquiétude­s de mon entourage.

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 ??  ?? Mathieu et sa springer Ela, une complicité de neuf ans et une même passion partagée.
Mathieu et sa springer Ela, une complicité de neuf ans et une même passion partagée.
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L’agence propose la chasse des anatidés et du petit gibier aux quatre coins du globe.
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