Mormal, pépite nordiste
Le Nord affiche 9 % de surface boisée, l’une des plus faibles de France. Avec ses 9 163 ha et ses chevreuils, sangliers et cerfs (les seuls du département), la forêt de Mormal fait figure d’exception. Direction le lot n° 7.
Le talkie-walkie précède la pibole. D’un clic, le directeur de chasse passe l’ordre à la ligne : « Début de traque, je répète, début de traque. » Puis, il empoigne sa pibole et en extirpe une longue plainte. La ligne, bien organisée, s’avance doucement dans une parcelle étonnamment claire. Dans ce sous-bois de haute futaie, au sol ras, comment imaginer lever chevreuils et sangliers ?
Long de 250 km, bordurier de la Belgique, le Nord est une terre du petit gibier sédentaire avant tout, ne comptant que 9 % de surface boisée. Le déclin des effectifs de petit gibier – perdrix grise en tête – a incité une partie de ses 24 000 chasseurs à se tourner vers la chasse du grand gibier, en forêt. Les 65 000 bracelets de lièvre attribués annuellement n’ont pas freiné cette tendance. Ajoutez à cela l’appétit des chasseurs limitrophes belges, qui trouvent ici un loisir bien plus accessible que chez eux, et l’on comprend aisément que les trois massifs forestiers du département fassent l’objet d’une vive convoitise de la part des chasseurs. Parmi les forêts nordistes, domine celle de Mormal. Forte de 9 163 ha, elle demeure la seule à abriter une population de grands cervidés.
Les chasses qui se déroulent dans les six lots amodiés (sur les sept que compte la forêt) font l’objet d’une vive concurrence, tant de la part des chasseurs que des amodiataires. Chaque territoire affiche un visage différent façonné par la typologie de l’assolement mais aussi par l’esprit de l’équipe dirigeante. « Avec 967 ha, notre lot est l’un des plus petits, quand certains cumulent 1500 voire 3 000 ha », explique Marcel Binoit, président de l’Association des chasseurs du lot n° 7.
« Les nombreuses coupes réalisées depuis cinq ans sur notre partie nord ont largement ouvert la forêt.
Nous avons donc aujourd’hui un biotope très propice aux chevreuils quand le sud, peuplé de gaulis et perchis, se révèle bien plus accueillant pour le sanglier », poursuit le président qui, arc recurve en main, colle à la ligne 50 mètres en retrait, dans l’espoir de flécher un animal qui forcerait la traque. « Je préfère lâcher une paire de flèches dans ma saison plutôt que de rester au poste. C’est ma nature », livre-t-il.
Ouvert et lumineux
« Beaucoup de chasseurs n’ont pas la même conception des choses. Ils misent sur les seuls quantitatif et sanglier. Voilà deux objectifs que nous ne pouvons, ni ne voulons, leur promettre sur notre lot. Parfois, les journées sont abondantes.
Lors de la dernière chasse, 10 sangliers étaient présentés au tableau du soir, parmi les 22 extirpés d’un seul roncier. Mais aujourd’hui, nos parcelles traquées seront peut-être vides de bêtes noires. C’est ainsi… »
Dans ce carré de haute futaie peuplée de hêtres, de chênes et de charmes, les éclaircies menées dernièrement ont apporté la précieuse lumière, d’où s’épanouissent les tapis de ronces. Ces îlots de quelques dizaines de mètres carrés culminent à moins d’un mètre de haut et sont largement suffisants pour abriter chevreuils et sangliers. Sur la ligne, la présence de trois porteurs de fusils peut surprendre. Il convient de pouvoir intervenir rapidement en cas de ferme. De plus, le tir de la bécasse étant autorisé, quelques cartouches sont tirées durant la battue. Autre spécificité, l’emploi des chiens. Sur le lot n° 7, et à Mormal en général, ceuxci sont rares. Seuls quatre drahthaars accompagnent les traqueurs. Certains lots en sont même dépourvus. Il ne s’agirait pas d’envoyer les animaux chez le voisin. Et puis, le lot est très facile à battre : ouvert,