Brocard coiffé : à en perdre la tête
1, 2, 3… Après avoir surpris des animaux entièrement blancs (albinos), entièrement noirs (mélaniques), Gérald Soligny a traqué un brocard entièrement… coiffé. En effet, ce très bel animal porte pas moins de 11 cors. Très jolie rareté.
En ce début de printemps, comme tous les ans à cette époque, il est dans mes habitudes de faire le tour des territoires afin d’y découvrir les têtes qu’offrent les brocards qui ont traversé la saison de chasse, les collisions routières, les poursuites des chiens errants, les maladies, etc. Alors que l’on dit volontiers de la période du rut qu’elle est la plus propice pour rencontrer les vieux brocards fantômes, les mois de mars et avril demeurent, selon moi, la période la plus intéressante afin d’établir le recensement des chevreuils coiffés. Les velours sont tombés, les bois sont teintés, l’activité diurne augmente progressivement…
1 - Tout commence par une banale sortie, un soir…
En cette fin de journée du 22 avril, installé au pied d’un arbre, j’affûte une vaste plaine. Quelques chevreuils sont au gagnage, aussi je contrôle chaque individu aux jumelles : rien ne sort de l’ordinaire. Le soleil a disparu derrière les grands bois, la luminosité se fait rare quand, soudain, deux chevreuils sortent très loin sur une zone enherbée.
3 - Une heureuse confirmation
Le lendemain, je m’installe au même poste. Le vent est trop défavorable pour espérer me rapprocher. Le couple ressort au même endroit, un peu plus tôt. Après une demi-heure passée à viander, la chevrette galope dans ma direction. Le brocard hésite, puis se lance à sa poursuite et monte un chemin qui mène à mon poste d’observation. Ainsi, je peux me rendre compte de l’énormité du trophée qu’arbore l’animal.
4 - Il regarde sans voir
Voilà dix jours que je cherche mon « terrible », mais sans succès. Ce 3 mai, je m’installe en lisière du bois d’où il a débuché la dernière fois. 19 h 18, soyons précis : une chevrette sort à 40 mètres et vient droit sur moi. Le vent est parfait, elle se décale légèrement sur ma gauche et s’alimente tranquillement.
19 h 22, la précision est notre fort : le voilà enfin. Ce soir tout y est : lumière, vent, proximité. Le brocard jette un oeil dans ma direction, sans me voir car je suis tapi dans la végétation et recouvert d’un filet de camouflage. Il reprend sa marche vers la chevrette, se met à viander à une vingtaine de mètres de moi. 5 - Jamais plus
J’ai tout le loisir de tirer le portrait de ce brocard. Il porte des bois véritablement exceptionnels. En revanche, son comportement est classique en cette époque : il est occupé à suivre sa chevrette ainsi qu’à marquer son territoire.
Après cette soirée mémorable et cette troisième rencontre – toujours le soir –, plus jamais je n’aurai l’occasion de revoir cet animal, ni au printemps, ni pendant le rut. Ce brocard exceptionnel a disparu comme il était apparu. On n’entendra plus parler de lui dans ce secteur où seule la battue est pratiquée.