Derrière la chasse, la viande ?
Le 2 juillet, un trio de milliardaires et millionnaires lançait l’idée d’un référendum d’initiative partagée (Rip) pour le droit animal. La grâce avait touché les patrons de Free, de meetic.fr et de l’ex-venteprivee.com devenu veepee.fr. Ils seraient les hérauts de l’animalisme, nouveau dogme d’un millénaire naissant.
Le choix de leurs cibles a été guidé par le résultat des seuls sondages disent-ils. Ainsi MM. Niel, Simoncini et Granjon désignèrent du doigt ou de celui de leurs affidés leurs proies. Certains élevages et certaines chasses. La vènerie, le déterrage et six chasses traditionnelles.
Pourquoi ces pratiques-ci ? Parce qu’elles sont cruelles. Plus que d’autres ? Ne soyons pas naïfs, la chasse au vol, les chasses à l’aide d’appelants, mais encore les lâchers sont sur la liste des animalistes. Dans leur logique, toute poursuite d’un animal sauvage – notamment à l’aide de chiens – est coupable.
Étrangement, la corrida et la pêche sont épargnées. Il est vrai que la corrida est défendue par des people. En 2019, 40 intellectuels et artistes signaient une tribune en sa faveur. Parmi ceux-ci le maître-écuyer Bartabas, les acteurs Pierre Arditi, Charles Berling, Denis Podalydès, Jean Reno, l’éditrice et ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen, et le nouveau ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, par ailleurs chasseur au vol.
Que les aficionados ne se bercent pas d’illusions : M. Simoncini a annoncé que l’art de toréer pourrait faire l’objet d’un prochain référendum.
Quant à la pêche, elle s’est découvert un défenseur insolite : Nicolas Hulot. Pour quelle raison, la vie d’une bête à écaille pèse moins que celle d’une bête à poil ou à plume ? Combien de temps durera la lune de miel inattendue entre le pêcheur et l’allié des animalistes ? [lire p. 22]
Deux obstacles majeurs se dressent face un éventuel référendum. D’abord, le chemin qui mène à un Rip est techniquement complexe et long. Les initiateurs du projet pourraient avoir des difficultés à recueillir les nécessaires signatures de parlementaires, particulièrement de sénateurs. La tribune récente contre les chasses traditionnelles a été signée par 10 sénateurs sur un total de 62 parlementaires. [lire p. 28] Soit 1 sénateur pour 6 députés, soit 10 sénateurs sur un total de 348. Sur les 52 députés signataires de cette tribune, 42 sont membres du groupe d’étude condition animale de l’Assemblée nationale sur un total de 577 députés. Notons ici que lors de son intervention, le journaliste militant animaliste Hugo Clément a fait un clin d’oeil aux parlementaires de tous bords, et même à ceux des extrêmes : France insoumise et Rassemblement national.
Ensuite, dans un contexte économique et social qui devrait se tendre davantage encore dans les mois à venir, des considérations concrètes pèseront très lourdement. Les effets des licenciements, du chômage partiel, d’une augmentation du coût de la vie risquent fort de faire réfléchir nombre de grands responsables politiques.
Et si ce référendum cachait autre chose ? « Vous aurez sûrement aussi remarqué que certains soutiens financiers affichés ont des intérêts économiques importants dans des entreprises liées à la production de produits non carnés, destinés à un nouveau marché de consommation naissant », révèle le président de la Fnc, Willy Schraen [lire p. 24]
Ou le combat de la véritable viande contre la « viande » de synthèse.
La nomination de Jean Castex comme Premier ministre paraît « recadrer » les choses. Ce haut fonctionnaire, natif de Vic-Fezensac (Gers), ancien maire de Prades (PyrénéesOrientales), est le produit et un acteur de la ruralité. En outre, son discours laisse à penser qu’il ne sera pas partisan de la zizanie animaliste.
En attendant, savourez ce nouveau numéro, lequel contient notamment un guide d’achat exclusif spécial modérateurs de son, concocté avec maestria par Laurent Bedu.
Ces équipements vous seront des plus utiles pour vos approches et affûts de l’été au renard, au brocard et au sanglier. De beaux moments de chasse et d’immersion dans la nature en perspective.
Bonne lecture à toutes et à tous.