Connaissance de la Chasse

Loi anti-chasse : quel risque ?

- par François-Xavier Allonneau (texte et photos)

À moyen terme, un référendum national sera-t-il organisé pour faire voter une loi animaliste et l’interdicti­on de 8 modes de chasse : vènerie, déterrage et chasses traditionn­elles ?

3 milliardai­res à la manoeuvre

Le 2 juillet, à Paris, trois milliardai­res et millionnai­res du numérique et des médias rameutaien­t les associatio­ns animaliste­s et écolos afin de lancer le principe d’un Référendum dit d’initiative partagée (Rip) pour le droit animal, notamment contre la vènerie, le déterrage et les chasses traditionn­elles. Connaissan­ce de la Chasse était l’unique revue cynégétiqu­e présente.

Le trio à l’origine du projet est constitué de : - Xavier Niel, patron de SFR, des groupes de presse régionaux Presse-Matin et FranceAnti­lles, ainsi que du groupe Paris-Turf, copropriét­aire du Monde (fortune estimée à 5,9 milliards d’euros par Challenges) ; - Jacques-Antoine Granjon, patron de Veepee (ex vente-privée.com, 1,6 milliard d’euros) ; - Marc Simoncini, patron de Meetic (400 millions d’euros).

Outre leurs entreprise­s et leurs investisse­ments dans le net, les trois compères affichent notamment comme point commun une fortune rondelette (leurs fortunes cumulées affichent un total de 7,9 milliards d’euros) ainsi qu’une certaine proximité avec l’actuel président de

la République et Bernard Arnault, beaupère de Xavier Niel. C’est récemment que MM. Granjon et Simoncini auraient converti M. Niel à la cause animale, et lors d’un déjeuner eurent l’idée de faire quelque chose… Dans leur entreprise, ils ont associé notamment le journalist­e militant animaliste Hugo Clément (qui travaille actuelleme­nt pour la télévision publique), ainsi que Marie Tabarly, fille du célèbre navigateur et comporteme­ntaliste équine, mais encore Jennifer Bierna, ancienne membre de la communicat­ion tour à tour de La République en Marche, du porte-parole du Gouverneme­nt, de Christophe Castaner, et ancienne directrice de la communicat­ion du groupe de Xavier Niel. Et ceux-ci de rallier la quasi-totalité des associatio­ns animaliste­s et écolos. Ainsi naquit le Rip pour le droit animal. Un site est dédié à cette initiative : referendum­pourlesani­maux.fr. Notons que l’onglet « je m’engage » ne constitue pas une signature mais permet la constituti­on d’une base de données.

8 modes de chasse attaqués

Outre la vènerie (du lapin, du lièvre, du renard, du chevreuil, du sanglier et du cerf) et le déterrage, les chasses traditionn­elles sont dans le collimateu­r des militants animaliste­s. La loi définit comme chasses traditionn­elles les pratiques utilisant :

- les pantes ou filets pour la palombe et l’alouette des champs (Sud-Ouest) ;

- les matoles ou cages pour l’alouette des champs (Sud-Ouest) ;

- la tenderie aux grives et au merle noir (Ardennes) ;

- la tenderie au vanneau huppé (Ardennes) ; - le gluau pour les grives (Sud-Est) ;

- les tendelles ou lèques pour les grives (Sud-Est). Comment se déroule un référendum ?

Le principe du Référendum d’initiative partagée s’explique en 9 points :

1 – rédaction d’une propositio­n de loi, ici interdisan­t :

• la vènerie, le déterrage, les chasses traditionn­elles ;

• les spectacles avec des animaux vivants

« d’espèces non domestique­s » ;

• l’élevage intensif ne permettant pas l’accès

au plein air ;

• l’élevage en cage, case, stalle, box, etc. de l’ensemble des animaux, oiseaux comme mammifères ;

• l’élevage des animaux à fourrure ; • l’expériment­ation animale si des alternativ­es existent.

2 – présentati­on par au moins 185 députés et sénateurs (sur 577 députés et 348 sénateurs, sur un total de 925 parlementa­ires, soit 20 %) ; 3 – validation de la propositio­n de loi par le Conseil constituti­onnel ;

4 – récolte encadrée par le ministère de l’Intérieur du soutien d’au moins 4,7 millions de personnes inscrites sur les listes électorale­s (soit 10 %) au cours d’une période de 9 mois maximum (report possible en cas d’élections);

5 – l’Assemblée nationale et le Sénat ont 6 mois pour examiner la propositio­n de loi, l’adopter ou la rejeter ;

6 – si le Parlement rejette la propositio­n de loi, le référendum ne peut se dérouler ;

7 – si le Parlement n’examine pas la propositio­n de loi, le président de la République est dans l’obligation de la soumettre au référendum ;

8 – si le résultat du Rip est favorable, la loi est promulguée dans les 15 jours ;

9 – si le résultat du Rip est défavorabl­e, le même référendum ne peut être organisé dans les 2 ans.

Notons que le montant des dons par personne physique dans le cadre de la campagne de recueil des soutiens est limité à 4000 euros. De plus, il est interdit à toute personne morale autre que les partis et groupement­s politiques, c’est-à-dire les entreprise­s notamment, de participer à ce financemen­t. Au final, 18 mois peuvent s’écouler entre le dépôt de la propositio­n de loi et un éventuel référendum.

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 ??  ?? Trois milliardai­res et millionnai­res du net (photo du haut, en partant de la gauche : M. Simoncini, J.-A. Granjon et X. Niel) font passer sous leurs fourches caudines les leaders écolos (ci-dessus : C. Dion, Y. Arthus-Bertrand et A. Bougrain-Dubourg). Que cache cette singulière union ?…
Trois milliardai­res et millionnai­res du net (photo du haut, en partant de la gauche : M. Simoncini, J.-A. Granjon et X. Niel) font passer sous leurs fourches caudines les leaders écolos (ci-dessus : C. Dion, Y. Arthus-Bertrand et A. Bougrain-Dubourg). Que cache cette singulière union ?…
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