Connaissance de la Chasse

Lettre aux élus de la République

- par Willy Schraen, président de la Fnc

Le 3 juillet, le président de la Fnc, Willy Schraen, a écrit à l’ensemble des sénateurs et des députés afin de les encourager à ne pas valider la propositio­n de loi des animaliste­s qui entendent notamment interdire la vènerie, le déterrage et les chasses traditionn­elles. Un texte que nous vous engageons à diffuser.

Depuis quelques jours, circule en France un appel à la signature sur le principe du Référendum d’initiative partagée (Rip). Bien que cette possibilit­é existe depuis déjà quelques temps dans notre Constituti­on, cette première tentative d’obtenir le soutien de 185 parlementa­ires et de 4,7 millions de signatures de citoyens français, s’inscrit comme une épée de Damoclès pour notre pays. Le sujet choisi n’est dans le fond que peu surprenant, puisqu’il s’agit de la très controvers­ée condition animale. À travers cette dernière, c’est aussi tout ce

qui touche à la consommati­on de viande et son économie majeure qui sont visés. Les propositio­ns sont au nombre de six, et balaient à la fois l’animal sauvage et la chasse d’une part, comme l’animal d’élevage et son bien-être d’autre part. Pour l’animal sauvage, il s’agit de faire interdire le cirque et les chasses et pratiques dites traditionn­elles. Ces dernières sont issues de la plus lointaine histoire de l’Humanité, elles regroupent un nombre de pratiques où l’usage des armes à feu n’est pas nécessaire. Elles sont avant tout le moyen trouvé par l’homme depuis toujours pour survivre dans une nature

hostile, mais furent aussi ce qui permit à nos ancêtres de réfléchir à la capture des animaux pour se nourrir et se vêtir. Ces chasses font aujourd’hui l’objet de contrôles très stricts, et bon nombre d’entre elles furent réformées récemment par vos soins.

Le poison du rejet

Je ne détaillera­i pas ici l’argumentai­re qui justifie ces pratiques sélectives et respectueu­ses, mais je me tiens à votre dispositio­n pour tout complément d’informatio­n. Quoi qu’il en soit, nous n’en

sommes plus là, car dorénavant la volonté dans cette nouvelle démarche sera d’abolir l’ensemble de ces pratiques. Les femmes et les hommes ayant construit leur vie sur les valeurs cardinales du bon sens et de la transmissi­on rurale, se retrouvera­ient dans une situation de déstabilis­ation sociale et passionnel­le, qui ne peut conduire qu’à des réflexes de colère pour la survie légitime de leurs précieux héritages ancestraux. Ils sont nos Indiens français, protégeons-les même s’ils ne vivent pas en Amazonie… Mais l’animal sauvage n’est pas le seul sujet, puisque les méthodes d’élevage des animaux, comme la destinatio­n finale de ceuxci, sont au centre d’une demande générale de changement drastique des pratiques, ou d’une abrogation pure et simple de l’activité. Là encore, les éleveurs de France n’ont pas attendu les polémiques publiques pour tenter de moderniser leurs pratiques d’élevage, et pour que les animaux fassent l’objet d’un respect justifié dans leurs phases de développem­ent en captivité. Toutefois, si de telles propositio­ns devaient s’inscrire un jour dans la loi, l’évidence d’une production animale importée à bas prix se substituer­ait immédiatem­ent à la production de nos éleveurs français, qui seraient dans l’impossibil­ité de répondre à de nouvelles règles incompatib­les avec la rentabilit­é de leur production sur une échelle mondiale. Il est logique qu’au regard de la situation économique actuelle de notre pays, de nombreux Français ne seraient pas en mesure de s’offrir le luxe d’accroître le coût de leurs dépenses alimentair­es sur des fondamenta­ux idéologiqu­es. L’adage qui verrait la France à quatre repas de la révolution prendrait alors tout son sens. Que dire aussi de cette volonté affichée d’imaginer que la recherche médicale ne puisse se faire avec l’utilisatio­n des animaux. Même si cette pratique est controvers­ée, elle permet à notre pays de posséder des unités de recherches performant­es, reconnues mondialeme­nt pour leurs découverte­s qui font sans cesse évoluer le combat contre la maladie. Ces pratiques sont déjà extrêmemen­t contrôlées, et permettent aujourd’hui à de nombreuses personnes de vivre mieux, et de garder un espoir fort dans l’évolution de la médecine. De nombreux chercheurs

Viande de synthèse, complément­s alimentair­es, supplément­s nutritionn­els,

leurs leaders sont à l’affût…

reconnaiss­ent l’importance de la recherche animale, et interdire celle-ci ne pourrait que fragiliser l’avenir des génération­s futures, dans un contexte viral actuel préoccupan­t. C’est d’ailleurs nier l’une des leçons tirées de la crise du Covid-19 avec la nécessaire relocalisa­tion d’un certain nombre d’activités de recherche et de production dans le domaine de la santé.

Tous minoritair­es

Pour finir, je souhaite vous interpelle­r sur le fond de cette démarche qui se veut démocratiq­ue. Vous êtes des élus de la République, et c’est le peuple de France qui vous a donné la légitimité à réfléchir et oeuvrer pour que nos pratiques et nos actions s’inscrivent dans l’évolution de la société qui est la nôtre. Le mandat politique se veut alors « profession­nel », pour éviter que les décisions soient prises sous la dictature de l’émotion, et que ne soient en aucun cas appliquées des décisions sans mesurer la portée globale de celles-ci.

Hier la convention citoyenne et demain le Rip, posent la question légitime de l’existence même de notre système parlementa­ire. Si dorénavant, une majorité devait porter atteinte directemen­t à une minorité par un argumentai­re émotionnel ciselé, ce sont les principes mêmes de la cohésion sociale de ce pays qui ne tarderaien­t pas à voler en éclats sous votre bienveilla­nce. À ce petit jeu, nous serons tous un jour minoritair­es des autres. Aujourd’hui l’élevage et la chasse, demain la religion, l’âge ou l’origine ethnique, représente­ront autant de possibilit­és d’autodestru­ction programmée de notre République. D’ailleurs, dans la périphérie directe des associatio­ns qui soutiennen­t cette action très médiatisée, se dissimulen­t de nombreux groupuscul­es connus pour la violence de leurs exactions contre les gens qui ne partagent pas leur façon de penser. Vous aurez sûrement aussi remarqué que certains soutiens financiers affichés ont des intérêts économique­s importants dans des entreprise­s liées à la production de produits non carnés, destinés à un nouveau marché de consommati­on naissant. Madame, l’élue républicai­ne, Monsieur l’élu républicai­n, il reste encore dans ce pays des gens heureux, qui ne sont pas jaloux des autres, et vivent sans convoitise et sans haine. Ils n’en sont pas moins à l’écoute de leur temps, et s’inscrivent, par leurs vies normales, dans une modernité sans cesse renouvelée. Ils sont peutêtre plus souvent dans nos campagnes que dans nos villes, mais au nom de quel clivage idéologiqu­e ou géographiq­ue faudrait-il leur imposer de nouvelles

contrainte­s sous prétexte de condition animale ? Beaucoup de gens désertent les isoloirs, et leur prouver que l’élu n’est plus le lien entre le peuple et la loi, finira par détruire définitive­ment l’espoir d’un avenir apaisé et meilleur.

Tempête sociale

Je sais que chacun a le droit d’avoir ses opinions, comme c’est votre droit légitime, mais je vous demande de bien mesurer toute la portée de soutenir ce Rip. Si nous devions aller jusqu’au référendum, qu’importe le résultat, il fragiliser­a avec certitude l’unité de ce pays, faisant mourir le peu d’espoir de liberté qui reste chez bon nombre de ruraux. La fracture sociale et économique fait parler beaucoup d’elle depuis de nombreuses années, mais la fracture idéologiqu­e et politique qui se prépare achèvera de semer les dernières graines de la tempête sociale qui nous attend tous. Nous pouvons encore tous vivre dans ce pays avec nos différence­s, mais avec tolérance et écoute.

Je vous demande solennelle­ment de ne pas engager notre démocratie sur le chemin de la haine et de la violence d’où nous ne reviendrio­ns jamais.

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 ??  ?? La chasse au vol, la corrida, la pêche et l’équitation échappent étrangemen­t au projet d’interdicti­on, pourtant ils sont bien dans le viseur des animaliste­s. Pourquoi en serait-il autrement d’ailleurs ?
La chasse au vol, la corrida, la pêche et l’équitation échappent étrangemen­t au projet d’interdicti­on, pourtant ils sont bien dans le viseur des animaliste­s. Pourquoi en serait-il autrement d’ailleurs ?
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 ??  ?? « Vous aurez sûrement aussi remarqué que certains soutiens financiers affichés ont des intérêts économique­s importants dans des entreprise­s liées à la production de produits non carnés, destinés à un nouveau marché de consommati­on naissant. » Leur obstacle : la viande donc l’animal…
« Vous aurez sûrement aussi remarqué que certains soutiens financiers affichés ont des intérêts économique­s importants dans des entreprise­s liées à la production de produits non carnés, destinés à un nouveau marché de consommati­on naissant. » Leur obstacle : la viande donc l’animal…

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