Toutes les balles ricochent à moins de 30°
Technicien supérieur au sein de la Fdc du Loir-et-Cher, Denis Peltier a signé une rare étude sur l’intérêt d’un tir fichant respectant un angle inférieur à 30°. En fait, le tir dans la traque au sol ou depuis un mirador ne permet pas tout.
DConnaissance de la Chasse,
ans le n° 469 de mai 2015 de
nous publiions un reportage consacré aux ricochets ainsi que les suggestions pour améliorer la sécurité en battue. Dans le cadre de ce dossier, nous ne pouvions omettre de vous parler à nouveau de ce travail exemplaire.
Pour mesurer la propension à ricocher qu’auraient des balles de carabine comme de fusil lisse, l’auteur de l’étude a réalisé des séries de trente tirs pour deux type d’arme : carabine cal. 7 x 64 et fusil cal. 12. En plaçant derrière le point d’impact (sol sablonneux recouvert de pelouse) trois plaques d’aggloméré de 10 mm d’épaisseur, l’étude permettait également de mieux appréhender l’angle des ricochets et leur puissance. Enfin, pour chaque arme l’auteur s’est attelé à tirer des séries à deux distances différentes pour tenter de voir si la modification de l’angle de tir avait une incidence. Précisons que les tirs étaient réalisés depuis un mirador haut (1,60 m) mais aussi au sol à des distances que beaucoup jugeront courtes : 15 m et 30 m. Les résultats sont éloquents : sur 240 balles tirées, 84 % des balles de fusil lisse ont ricoché, et 78% pour celles provenant des carabines. En revanche, 68 % des balles de fusil ayant ricoché traversent les trois plaques, contre 17% des éclats de balles de carabine. « Nous voyons très bien que la balle de carabine qui provoque
La chasse aux chiffres Distances de tir :
à 15 mètres, le mirador a un effet : moins de ricochets
à 30 mètres, le mirador n’a plus effet : ricochets comme au sol chets), mais qu’à 30 mètres il ne diminue pas significativement le nombre de ricochets. À 30 mètres, il n’y a donc pas de différence entre un tir du sol et celui à partir d’un mirador. En revanche, elles perdent plus d’énergie à l’impact. Il y a quatre fois moins d’impacts traversant les trois plaques à partir d’un mirador qu’un même tir à partir du sol.
Ce qu’il faut retenir, c’est que quels que soient l’arme et le type de munitions, elles ricochent à chaque fois. Le mirador n’empêche pas les ricochets et ne doit donc pas être positionné pour tirer en direction interdite (routes, chemins, maisons, etc.). Le plus important est indiscutablement de respecter l’angle de 30°. Dans cette étude sur 438 ricochets, seulement 2 % sont dus à un angle de plus de 30°.
Selon Denis Peltier, « une chasse en battue se prépare ». Lorsque nous l’avions rencontré, le technicien suggérait la création de « moustaches de tir », c’est-à-dire des ouvertures végétales permettant aux chasseurs postés d’y réaliser un tir en sécurité sur le gibier apparaissant. Comme cela pratique sur certains territoires d’Europe de l’Est. Si, comme le montre Denis Peltier, l’influence d’un mirador de battue est limitée sur les ricochets, il concède à ces aménagements d’autres intérêts :
- surélevé, le posté voit mieux son environnement. Il peut mieux se préparer, moins agir dans la précipitation qui, nous le savons, est un facteur à risque ; - le rôle le plus utile du mirador de battue est de cantonner un posté à un emplacement très précis. « Sur un mirador, le posté reste à sa place et se balade moins sur la ligne. » Enfin, « il y a des zones, des secteurs même, où il faut se résigner à ne pas tirer, voire oublier les battues. Mais une battue à blanc est toujours possible en préliminaire. » La sécurité c’est savoir ne pas tirer, alors que la dangerosité c’est ne pas savoir tirer.