Willy Schraen
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la sortie de l’ouvrage du président de la Fnc ne passe pas inaperçue. Willy Schraen se livre à un singulier exercice qui ne peut laisser indifférent le chasseur, le non-chasseur et même l’opposant à la chasse.
Invité régulier des plateaux, le président de la Fnc, Willy Schraen, devait pouvoir compter sur un certain accueil médiatique lors de la sortie de son ouvrage. La tonique préface de maître Eric DupondMoretti (lire encadré p. 68), devenu entretemps ministre de la Justice, a largement amplifié le phénomène. Le buzz serait au rendez-vous. Même si depuis, l’interdiction de la chasse traditionnelle au gluau est annoncée, et trouble le jeu. C’est la première fois qu’un président de Fdc signe un livre dans lequel il présente son regard sur la chasse mais aussi la société. Et dans lequel il s’expose également. Car, à travers un autoportrait détaillé, Willy Schraen commence par se présenter longuement, évoquant de nombreux instants personnels, familiaux, intimes même, remontant à son enfance dans le Pas-de-Calais. C’est beaucoup plus tard, c’est dans le nord, mais cette jeunesse-ci a des accents de celles chantées par Pagnol, Vincenot ou Pergaud. Un grand-père agriculteur et chasseur étant la figure tutélaire de l’auteur. Ce monde paraît être
pour la chasse mais aussi pour la ruralité, son autre passion. D’ailleurs le sous-titre, Pour une défense de la ruralité, est explicite. Willy Schraen a-t-il un avenir en politique ? L’avenir le dira. Toujours est-il que ça dézingue au fil des colonnes, des vérités sont rétablies. L’écriture a été bouclée le 1er mai, avant la nomination de maître Éric Dupond-Moretti au Gouvernement.
Cet ouvrage n’est pas véritablement technique dans le sens où il s’agit davantage d’un essai, d’une réflexion, pour ne pas dire d’une chronique, terme non péjoratif. Ainsi le président de la Fnc se révèle un sacré chroniqueur, ressentant de façon sensible les choses, qu’elles soient cynégétiques ou non, et ayant un certain regard sur la société. Toutefois, des éléments techniques apparaissent en matière de chasse mais aussi d’organisation de la politique dans la sphère rurale. Toujours est-il que la chasse demeure le socle de cet ouvrage, et que le lecteur, chasseur ou non, découvrira au fil de pages un cri d’amour, un argumentaire aussi en faveur de notre passion. Mais encore, il s’agit de l’explication de la réforme de la chasse qu’a initiée Willy Schraen depuis son élection en août 2016 à la tête de la Fnc. Morceaux choisis.
Timbre grand gibier égale inégalité
« Le système du timbre grand gibier a toujours été à mes yeux une discrimination envers la chasse populaire. Que vous alliez une seule fois par an à la chasse au grand gibier ou cent fois, le coût du timbre est identique. »
Permis national à 200 euros : bloquer la hausse
« Les résultats parlent d’euxmêmes, en réduisant son coût, nous sommes passés de 100 000 permis nationaux à 450 000 ! Sans conteste, ce permis était attendu par les chasseurs, dont une grande partie n’est en réalité pas particulièrement aisée. Nous avons surtout mis un terme à la hausse constante du prix des permis de chasser, qui aurait fini par bloquer budgétairement nombre de chasseurs. »
Permis national unique et minime
« Très clairement, nous nous dirigeons dans les années à venir vers un permis unique pour tous les chasseurs, sensiblement au même prix que celui du permis départemental actuel. »
« Il est certain qu’après l’étape du permis unique, c’est le coût de celui-ci qui devrait évoluer. Contrairement à ce que certains pourraient penser, ce n’est pas vers une hausse qu’il faudra aller, mais bien vers une baisse.
En enclenchant le mécanisme vers une alimentation financière des structures venant des territoires, il est alors logique que le prix du permis de chasser tende vers une somme de plus en plus modeste, pour finir probablement par un coût de quelques euros. »
Territoire : payer c’est responsabiliser
« Faire payer celui qui est responsable des dégâts est la solution la plus juste et la plus durable, à condition que la justice financière soit bien appliquée. Et pour que ce soit
dossiers n’est pas digne de ceux qui se doivent d’avoir une neutralité idéologique totalement irréprochable. C’est sûrement la plus grande différence avec le système nord-américain, à savoir que là-bas, la neutralité scientifique existe bien, mais qu’ici elle s’inscrit dans une idéologie politique de façon systématique. On bute également sur l’obsession de la sanctuarisation des espèces protégées qui reste le système de fonctionnement des scientifiques français et qui empêche de pouvoir parler réellement de l’état de conservation de chaque espèce.
[…] Je nourris personnellement le