Corne contre croc

Un lion mâle est l’unique fauve capable à lui seul de terrasser un buffle caffer adulte. Mais si courage et ténacité sont le propre de ces grands chats, l’expérience, l’âge et la force priment aussi en la matière.

PÀ coeur vaillant, rien d’impossible dit-on. Certes, mais parfois les forces en présence sont plus que disproportionnées.

hotographe amateur de talent, Jérôme Latrive est avant tout un guide et un organisateur de safaris via la société qu’il dirige depuis de nombreuses années : GP Voyages/ Latrive Safaris. Une compagnie spécialisée dans les voyages de chasse aux quatre coins du globe mais également dans les séjours de pêche et ceux de vision de la grande faune sauvage, départements dont Eurydice Humbert a la charge.

Particulièrement passionné et ce depuis toujours par les grands fauves et les lions en particulier, Jérôme a pu les approcher et les observer tout au long de sa carrière de guide que ce soit en Tanzanie, dans le Selous, à Rungwa ou dans le Pays Masaï, au Botswana, en Zambie, au Zimbabwe, et en bien d’autres endroits encore.

Il a parfois été le témoin de scènes peu banales, comme celle de ce lion mâle adulte qui affûtait seul au bord d’un point

d’eau avant de s’élancer à l’attaque d’une bufflonne distante de 150 m et qui, après une charge fulgurante, sauta sur le dos de sa victime, la retourna et lui infligea un coup du lapin mortel. Ou, dans le même ordre d’idée, en un autre lieu, à Rungwa en Tanzanie, où le guide eut la chance d’assister à la chasse d’une girafe poursuivie cette fois-ci par des lionnes. Les photos que Jérôme vous offre ce mois-ci montrent une tout autre situation…

Sous l’oeil attentif de la matriarche, le jeune téméraire lance sa fulgurante attaque.

09h13’15’’. Une minute s’est écoulée. Le buffle qui sans nul doute après une nuit d’agapes était en phase de rumination a bougé. Il s’est positionné différemment, est semble-t-il on ne peut plus serein, sûr de sa force et de sa puissance. Les pique-boeufs reprennent leur activité de déparasitage. Ce même si les pailles avoisinantes peuvent receler bien des dangers.

Tanzanie, Serengeti, 9h12’22’’. Un grand caffer est couché de tout son long sur le flanc dans la plaine. Sa tête repose sur sa corne, ses oreilles sont tombantes, ses yeux clos. Rien ne bouge. C’est un animal en pleine force de l’âge, déjà bien marqué, au poil épars. On pourrait le croire mort mais il n’y a pas un charognard, pas un vautour. Surprenant !

9h15’33’’. Deux minutes ont passé. Sortant des pailles, un petit groupe de lions composé d’une mère et de ses deux rejetons, une jeune femelle et un jeune mâle, entre en scène et observe. Malgré ses 18 mois environ au regard de ses ocelles encore présentes, de sa stature et de sa rare crinière, le jeune mâle s’élance. Le buffle se met sur pied, tout comme les trois autres caffer mâles présents.

Nés pour tuer, les lions sont de redoutables chasseurs et ce, qu’ils soient mâles ou femelles, a contrario de ce qui est bien souvent dit, écrit ou entendu. Autre chose certaine : si la chasse est pour eux innée et dans leurs gènes, l’apprentissage des techniques, de la maîtrise de la chasse sont le fort le plus souvent des femelles, tantes et autres grandes soeurs du groupe si sa taille est conséquente.

09h15’34’’. 8 secondes séparent ces trois photos. C’est dire de la rapidité de l’attaque. Non loin, des gazelles ne perdent pas une miette de la scène. Dans un premier temps, comme c’est souvent le cas, les buffles s’éloignent au petit trot tout en se regroupant. 09h15’36’’. La fuite est comme bien souvent chez les espèces proies la première des défenses et les quatre buffles optent pour celle-ci tout en passant à la vitesse supérieure. Ils galopent désormais. 09h15’38’’. Le jeune lion se rapproche. Les pique-boeufs volent en tous sens. Les gazelles, elles, n’ont pas bougé. À noter que le buffle qui dans un premier temps était couché se trouve sur la droite.