L’art de donner les consignes
Sécurité, tir voire sanctions. Au rond, le responsable de la chasse doit dire beaucoup de choses en peu de temps. Faisons le point sur l’art de donner les consignes, et de ne pas oublier l’essentiel. Que tirer ? Ou ne pas tirer ?
En 1980, en installant une chasse par licences de 3 000 hectares à Verdun, l’une de mes premières missions fut d’encadrer les battues où sévissaient souvent laxisme, laisser-aller, favoritisme, parfois une organisation simpliste. Le site, le propriétaire et mon éducation cynégétique imposaient un comportement plus responsable et respectueux des visiteurs, des chasseurs et du gibier. Il fallut donc tout encadrer par des consignes pour beaucoup inhabituelles. « Comment, les bons chasseurs ne vont plus à leur poste privilégié ? », « On n’a plus le droit de tout tirer ? », « Il faut décharger son arme pour aller au poste ? », «Et en plus des amendes!», etc. Des minutes à passer pour convaincre voire imposer dans l’impatience d’un auditoire peu attentionné. Et le soir, des remontrances, des menaces, des avertissements puis des sanctions. Inouï ! Les battues démarrèrent à trois chasseurs et trois traqueurs et… peu de gibier. L’un de mes anciens chefs de ligne me dit : « Vous aurez gagné quand le matin il vous suffira de dire : “Messieurs, comportez-vous en chasseur”. » Aïe, il faut maintenant de plusieurs minutes à parfois une demi-heure pour tout dire. Et en oublier.
Ces consignes sont, comme chacun le sait, des recommandations, des instructions, des obligations données à tous les chasseurs présents avant le départ de chasse (en battue essentiellement), au cours d’un rassemblement appelé « rond » qui ne l’est pas toujours. Nos droits et nos devoirs. De plus en plus souvent, ces règles sont aussi écrites sur un document que chacun doit signer avant de participer à la journée ou saison de chasse.
Même si cela peut paraître monotone et lassant, notamment pour les chasseurs habituels, elles doivent être répétées chaque jour de battue. En effet, il y a souvent des remplaçants et des invités, lesquels peuvent ne pas connaître certaines spécificités locales. Et puis il y a aussi les habitués qui ne doivent pas se sentir exemptés de cette écoute : certains ont parfois la mémoire courte ou l’ouïe défaillante, or ni l’âge ni l’expérience ne les dispense de leur présence. Pour une efficacité optimale, le discours doit être aussi bref que précis. Très vite l’auditoire se disperse : le voisin a toujours quelque chose à vous glisser dans l’oreille et, le soir, en cas d’erreur, mieux vaut éviter toute contestation pouvant découler d’un oubli ou d’un doute.
Trois chapitres essentiels composent ces instructions :
- les consignes dites de sécurité ; - les consignes dites de tir ;
- les sanctions qui seront « ou devraient être » appliquées en cas d’irrespect.