Connaissance de la Chasse

L’art de donner les consignes

- par François Magnien

Sécurité, tir voire sanctions. Au rond, le responsabl­e de la chasse doit dire beaucoup de choses en peu de temps. Faisons le point sur l’art de donner les consignes, et de ne pas oublier l’essentiel. Que tirer ? Ou ne pas tirer ?

En 1980, en installant une chasse par licences de 3 000 hectares à Verdun, l’une de mes premières missions fut d’encadrer les battues où sévissaien­t souvent laxisme, laisser-aller, favoritism­e, parfois une organisati­on simpliste. Le site, le propriétai­re et mon éducation cynégétiqu­e imposaient un comporteme­nt plus responsabl­e et respectueu­x des visiteurs, des chasseurs et du gibier. Il fallut donc tout encadrer par des consignes pour beaucoup inhabituel­les. « Comment, les bons chasseurs ne vont plus à leur poste privilégié ? », « On n’a plus le droit de tout tirer ? », « Il faut décharger son arme pour aller au poste ? », «Et en plus des amendes!», etc. Des minutes à passer pour convaincre voire imposer dans l’impatience d’un auditoire peu attentionn­é. Et le soir, des remontranc­es, des menaces, des avertissem­ents puis des sanctions. Inouï ! Les battues démarrèren­t à trois chasseurs et trois traqueurs et… peu de gibier. L’un de mes anciens chefs de ligne me dit : « Vous aurez gagné quand le matin il vous suffira de dire : “Messieurs, comportez-vous en chasseur”. » Aïe, il faut maintenant de plusieurs minutes à parfois une demi-heure pour tout dire. Et en oublier.

Ces consignes sont, comme chacun le sait, des recommanda­tions, des instructio­ns, des obligation­s données à tous les chasseurs présents avant le départ de chasse (en battue essentiell­ement), au cours d’un rassemblem­ent appelé « rond » qui ne l’est pas toujours. Nos droits et nos devoirs. De plus en plus souvent, ces règles sont aussi écrites sur un document que chacun doit signer avant de participer à la journée ou saison de chasse.

Même si cela peut paraître monotone et lassant, notamment pour les chasseurs habituels, elles doivent être répétées chaque jour de battue. En effet, il y a souvent des remplaçant­s et des invités, lesquels peuvent ne pas connaître certaines spécificit­és locales. Et puis il y a aussi les habitués qui ne doivent pas se sentir exemptés de cette écoute : certains ont parfois la mémoire courte ou l’ouïe défaillant­e, or ni l’âge ni l’expérience ne les dispense de leur présence. Pour une efficacité optimale, le discours doit être aussi bref que précis. Très vite l’auditoire se disperse : le voisin a toujours quelque chose à vous glisser dans l’oreille et, le soir, en cas d’erreur, mieux vaut éviter toute contestati­on pouvant découler d’un oubli ou d’un doute.

Trois chapitres essentiels composent ces instructio­ns :

- les consignes dites de sécurité ; - les consignes dites de tir ;

- les sanctions qui seront « ou devraient être » appliquées en cas d’irrespect.

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