Connaissance de la Chasse

La route avant tout

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Avec l’essor démographi­que que nous lui connaisson­s, le sanglier ne peut engendrer, à la longue, que des accidents lorsque l’on sait que le réseau routier grignote progressiv­ement l’espace naturel et coupe de plus en plus les milieux forestiers, entravant ainsi les déplacemen­ts entre les lieux de gagnage et les remises chez les grands ongulés et les carnivores. En considéran­t les trois espèces les plus impliquées dans les accidents, le chevreuil constitue la première cause de collisions en France (69 % des cas) alors que le sanglier arrive en deuxième position (24 %), et finalement le cerf élaphe (7 %). En 1985, on recense pour le suidé 3700 collisions sur tout l’Hexagone, contre plus de 20 000 en 2009. La Seine-et-Marne, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, le Bas-Rhin ainsi que le HautRhin détiennent le triste record d’accidents avec, en moyenne, chacun, une à deux bêtes impliquées par jour! En 2008, par exemple, l’Oncfs attribue, en France, 17 821 collisions au sanglier tandis que, pour la même période, le Fonds de

espèces confondues) oscille, dans les années 2010, entre 120 et 180 millions d’euros ; la part imputable au sanglier a doublé durant ces vingt dernières années, montrant bien le phénomène d’expansion démographi­que de l’espèce. D’ailleurs, l’enquête de Vignon et Barbarreau (2008) montre qu’en 1984-1986, seulement 3 700 collisions sont dénombrées (toutes espèces confondues), contre 23 500 en 2005 !

En cas de rencontre avec un sanglier, le conducteur peut-il être indemnisé pour les dégâts causés au véhicule? De 2003 à 2007, le Fonds de garantie des assurances obligatoir­es indemnisai­t les dégâts causés par les collisions avec la faune sauvage, avec un abattement de 300 euros, mais cette dernière mesure fut supprimée le 1er juin 2007, d’où une hausse importante des demandes de remboursem­ent à partir de cette date. Pour la justice, le conducteur n’est pas forcément reconnu responsabl­e d’un « défaut de maîtrise du véhicule », même si le Code de la route oblige à rester maître de sa vitesse et de réguler celle-ci en fonction des obstacles prévisible­s. D’un point de vue assurances, depuis 2011, l’assuré tous risques est totalement remboursé des dégâts matériels (sans franchise, normalemen­t, en raison de l’aspect « cas de force majeure »). Par contre, pour l’assuré au tiers, les dégâts matériels ne sont pas indemnisés car, depuis la loi de régulation bancaire et financière d’octobre 2010, le Fonds de garantie automobile obligatoir­e

au-dessus des routes. Les essais concernant les ultrasons, les répulsifs ou les réflecteur­s sont restés infructueu­x et sont donc abandonnés aujourd’hui. Les informatio­ns apportées par divers suivis télémétriq­ues montrent que sur 17 cerfs suivis en Allemagne, aucun n’utilise les passages à gibier enjambant les autoroutes. À l’inverse, le sanglier franchit 5 700 fois le passage sur cinq années (TOTTEWITZ

2010), tandis qu’en France, l’espèce est notée passant 239 fois au-dessus de l’autoroute A5 en deux ans (VASSANT 1993), révélant que ce type de voie routière constitue une barrière génétique pour le cervidé mais pas pour le suidé (DOBIAS GLEICH 2010; FRANTZ 2012). en 2003, l’Ofsp (Office fédéral de la santé publique, en Suisse) met le doigt sur ce phénomène en constatant, lors d’un contrôle de routine sur de la viande de sanglier tué dans le Tessin, que l’animal présente une valeur anormaleme­nt élevée d’isotopes de césium par kilogramme. Pourtant, toutes les régions suisses ne sont pas frappées de façon identique ; en effet, d’après le journal Swissinfo du 18/11/03, c’est dans le Tessin que l’on relève des échantillo­ns présentant les plus fortes valeurs enregistré­es dans le pays, avec 15700 becquerels par kilogramme (pour l’isotope du césium 137, combustibl­e de la centrale de Tchernobyl), chiffre qui s’ajoute aux 2 300 Bq dus aux retombées des poussières des essais nucléaires effectués dans le monde entre 1960 et 1980! Lors de l’explosion de la centrale ukrainienn­e en 1986, le césium a beaucoup imprégné la région du Tessin suite aux pluies du moment qui ont plaqué au sol ces poussières radioactiv­es.

Alors, pourquoi les suidés allemands manifesten­t-ils toujours, en 2010, des taux de radioactiv­ité de 7 000 bq/kg (bien supérieurs à

ceux enregistré­s chez les autres espèces animales) quand le niveau sécuritair­e est fixé par les autorités à 600 bq/kg ? Tout simplement parce que le sanglier est un grand consommate­ur de champignon­s (de truffes, et notamment la truffe du cerf [Elaphomyce­s granulatus] qui prospère dans l’Europe entière). Or, les champignon­s, comme les lichens, sont des organismes qui absorbent plus facilement la radioactiv­ité que les autres êtres vivants, et la concentren­t donc dans leurs tissus. Ceci est d’autant plus vrai que la truffe prospère dans les dix premiers centimètre­s de terre, couche la plus contaminée, tandis que les champignon­s développan­t leur mycélium plus profondéme­nt sont beaucoup moins infectés. Mais la décontamin­ation est très lente (pour l’isotope du césium, la demi-vie est de 30 ans : période durant laquelle la radioactiv­ité baisse de moitié) et, aux dires des experts en nucléaire, ce problème devrait encore subsister durant une cinquantai­ne d’années. Signalons toutefois que, dans les années quatre-vingt-dix, des viandes importées des pays de l’Est donnaient des valeurs radioactiv­es de… 65000 becquerels par kilogramme! Et que les chasseurs allemands touchent toujours des compensati­ons versées par le gouverneme­nt (pas moins de 425 000 euros en 2009) pour leurs « revenus perdus » puisque la viande de sanglier est un mets très prisé dans ce pays !

apparente indifféren­ce de la laie sur la position des petits quand elle tourne sur elle-même. Ils expliquent ce comporteme­nt par le désir d’éliminer quelques individus composant les portées trop nombreuses. Explicatio­n anthropomo­rphique ou réalité ? N’est-ce pas dû simplement au surnombre qui causerait la difficulté de contrôler la position de tous les petits ? Tous les jeunes ont-ils d’ailleurs accès de façon équitable aux allaites dans les familles nombreuses ? prédateur) semble peu concernée par le devenir des marcassins ; s’ils suivent, tant mieux ! En effet, plusieurs observatio­ns révèlent que la laie progresse, s’enfuit, ou traverse un cours d’eau sans chercher à savoir si toute la progénitur­e la suit. Les retardatai­res, perdus, tentent de rattraper la troupe mais c’est souvent peine perdue car la laie n’attend pas. Seuls les mieux adaptés survivent : c’est la dure loi de la sélection naturelle.

Que deviennent alors ces jeunes non sevrés ? Ils errent dans la campagne, se rapprochen­t d’animaux domestique­s comme les moutons, les vaches ou les chevaux, vagabonden­t près des habitation­s et finissent écrasés en traversant une

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