Balles : l’adieu au plomb
De quelle façon la fin du plomb modifiera-t-elle les habitudes du chasseur de grand gibier ? Vice-président de l’Adcgg d’Eureet-Loir et directeur général de l’armurerie-cartoucherie Vouzelaud à Brou (Eure-et-Loir), Vincent Vouzelaud répond sans détour.
La disparition totale du plomb de chasse est-elle réellement programmée ?
Tout à fait. Toute la question est de savoir quand l’emploi de plomb dans les munitions de chasse sera interdit en France. Nous avons déjà connu un tel changement en 2006 qui concernait les zones humides. En Allemagne, certaines régions l’ont déjà totalement interdit. En France, l’ensemble des fabricants est déjà investi depuis plusieurs années dans des matériaux de substitution. Mais reconnaissons que les tireurs français sont assez conservateurs et que ce changement a un peu de mal à prendre.
Quels seront les substituts au plomb ?
Actuellement, et cela ne devrait pas évoluer dans un avenir proche, le principal substitut du plomb est l’acier. Ceci pour des raisons économiques, le prix de ces deux métaux étant proche. 2 euros pour le kilo de plomb et 1,80 à 2 euros pour celui de l’acier. Le cuivre induit un coût multiplié par 5 à 6 fois, le bismuth, davantage encore. Quant au tungstène, on est sur un ratio de 25 à 30 fois plus cher que le plomb.
Compte tenu de la part que représente le coût de ces matériaux dans le prix final d’une munition, mais aussi de leur consommation, il est donc quasi certain que la grenaille sera essentiellement proposée en acier, contrairement aux balles rayées qui sont moins consommées.
La grenaille d’acier est-elle moins efficace que celle de plomb ?
C’est vrai, disons-le franchement. Mais si vous êtes conscients des nouvelles limites posées par l’acier, l’adaptation est tout à fait à portée du chasseur. Le tout étant de rester dans
« La disparition du plomb entraînera des changements marqués sur la grenaille. En revanche, je pense que l’adaptation des balles rayées se fera sans trop de problèmes.
Les chasseurs de grand gibier seront donc moins affectés par cette évolution réglementaire. »
les bonnes distances de tir. L’acier est moins dense que le plomb. C’est la grande différence. La vitesse de la gerbe est donc, passée une certaine distance, moins performante que celle du plomb en raison d’une moindre inertie du grain. Pour pallier cet écueil, on emploie des grains plus gros et on augmente le chargement de poudre permettant de projeter plus vite la gerbe. Malgré tout, la perte de vitesse est plus importante. Ceci a pour effet de limiter la performance des coups de longueurs
puisque l’acier perd plus d’énergie que le plomb à longue distance, disons au-delà des 30 à 35 mètres.
N’y a-t-il que la distance de tir qui influe entre ces métaux ? On prétend que la grenaille d’acier produit des gerbes plus serrées. En théorie c’est vrai puisque les grains sont plus durs et se déforment moins au départ du coup. Mais les canons ont été déchokés pour tolérer ce matériau. Un canon éprouvé billes