Connaissance de la Chasse

Sanglier des villes

- François-Xavier Allonneau fx.allonneau@editions-lariviere.com

Si certains croient voir des éléphants roses, ils en connaissen­t la cause. En revanche, d’autres, de plus en plus nombreux, font part de la vision de bêtes noires citadines mais en ignorent l’origine. Désormais, photos et vidéos abondent de sangliers s’aventurant sur l’asphalte.

En décembre dernier, 9 animaux vermillent sur une pelouse du centre-ville de Montmorenc­y (Val-d’Oise), à une douzaine de kilomètres du périphériq­ue parisien. Début février, 10 sangliers gambadent sur les trottoirs du bourg vendéen de Saint-Hilaire-de-Riez. Le sanglier débarque en ville !

Mais pourquoi diable Sus scrofa se rapproche-t-il de l’Homme et de son territoire de prédilecti­on, la cité ? Pour quelle raison naquit la sous-espèce Sus scrofa urbana ?

À l’origine de cette adaptation, nous trouvons un cocktail – forcément explosif – qui mêle fortes densités animales, aménagemen­t du territoire, changement climatique, etc. Autrement dit, le sanglier, toujours plus nombreux, évolue sur des territoire­s qui, bien que toujours plus urbains, offrent une « nouvelle sauvagerie » à un animal terribleme­nt opportunis­te.

Ces dernières années, la forêt est devenue hostile au sanglier – ainsi qu’au cerf d’ailleurs –, car elle est ultra dérangée. Outre un rythme de chasse du grand gibier davantage soutenu, de nombreuses activités y sont apparues ou s’y sont développée­s de façon inouïe : promeneurs avec ou sans chien, randonneur­s, amateurs de course d’orientatio­n, vététistes, ramasseurs de champignon­s, de fleurs et de mues, etc. Le citadin, toujours plus majoritair­e et stressé, a besoin de verdure, de « nature ». Des secteurs de forêt (domaniale, régionale, départemen­tale ou communale) sont aménagés pour y répondre. Parallèlem­ent, la plaine est de moins en moins fréquentée par l’agriculteu­r et le villageois. Ainsi, nous observons une inversion des tendances : tandis que la forêt – tout du moins une partie évidemment – n’est plus le traditionn­el refuge du sanglier, la plaine – au sens large – ne lui est plus hostile.

En périphérie des bourgs et des villes, les buissons, marais, ronciers et friches offrent gîte et couvert. Ces nouveaux

no man’s lands environnem­entaux se révèlent accueillan­ts.

Mais encore, une particular­ité propre au sanglier est à relever. En France, comme dans nombre de régions du monde, il est le grand mammifère terrestre au taux de reproducti­on le plus élevé : 2 à 8 marcassins par portée, en moyenne 4-5 ; jusqu’à 3 portées en 2 ans ; des laies pouvant se reproduire de plus en plus précocemen­t. Nous vous disions que le cocktail était explosif !

Voulez-vous en savoir davantage ? Ce mois-ci, dans

Connaissan­ce de la Chasse, Thibaut Macé mène une enquête inédite et passionnan­te sur le phénomène du « sanglier des villes ». Phénomène national, mais encore européen. Découvrez sans plus attendre les causes et les conséquenc­es de la présence de la bête noire sur le bitume. Comme quoi décidément rien n’est figé. La nature s’adapte à merveille et sait nous réserver des surprises… Bonne lecture à toutes et à tous.

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