« Spectra », une gamme GPO : lunettes de battue et d’approche à prix très serrés
1-8×24I ET 3-15×56I, POUR LA BATTUE ET L’APPROCHE
German Precision Optics (GPO) est une marque allemande d’optiques qui arrive ces jours-ci sur le marché français avec des lunettes et des jumelles de chasse dotées d’un très bon rapport qualité-prix.
German Precision Optics (GPO) est une marque allemande d’optiques créée en 2015, qui arrive ces jours-ci sur le marché français avec des lunettes et des jumelles de chasse. Son but : créer et vendre des optiques de loisir, et aussi de chasse, dotées d’un très bon rapport qualité-prix.
GPO est une firme implantée au sud de Munich, en Bavière, où elle conçoit des optiques qui sont ensuite fabriquées au Japon et en Chine, selon un strict cahier des charges et avec certaines pièces allemandes, comme le réticule ou l’électronique. D’autres marques, Kite Optics ou encore Hawke, procèdent déjà de la sorte. GPO débarque en France cette année avec son distributeur Cor Caroli et deux gammes : des jumelles, les Passion, et des lunettes de tir, les Spectra. Six modèles composent cette dernière gamme ; on trouve une 1-8×24i, une 1-6×24i, une 1,5-9×44i, une 2-12×50i et enfin deux grosses lunettes, une 3-15×56i et une 3-18×56i. Un échelonnement de gamme intéressant car les deux premières sont destinées à la battue, la troisième à l’approche tout en possédant assez de polyvalence pour pouvoir être utilisée en battue, la quatrième à l’approche et l’affût, tandis que les dernières sont de pures lunettes d’affût ou de tirs lointains avec un grossissement maximal de 15x et 18x. Autre particularité de ces optiques, elles ne possèdent pas toutes la même plage de grossissements, même si toutes sont des superzoom. La première est une 8x, la cinquième une 5x, les autres des 6x. Ces six optiques possèdent un corps de 30 mm et des lignes assez traditionnelles.
Il y en a pour tous les goûts et nous avons décidé de tester deux lunettes Spectra, quasiment aux extrémités de la gamme, les 1-8×24i et 3-15×56i. Comme l’indique le « i » à la fin de leur désignation, ces deux lunettes, comme les quatre autres de la gamme Spectra d’ailleurs, disposent d’un réticule illuminé. Pour nos deux optiques il s’agit du même, un classique numéro 4 ou German 4, une croix traditionnelle avec trois barres épaisses sur les côtés et en bas, qui laisse au centre et en haut des barres fines. Le centre de la croix s’orne d’un point rouge. Ce réticule est invariant, au plus faible comme au plus fort grossissement les barres conservent la même épaisseur et ne masqueront pas la cible à longue distance.
Sur les deux lunettes, l’illumination est pilotée par la tourelle de gauche qui est indexée de 0 à 8. Mais contrairement à ce que les marques et chiffres semblent vouloir nous faire croire, il n’y a pas de palier ou de cran ici. La molette tourne librement, sans « marche » de 0 à 8, et accroît l’intensité lumineuse de manière continue. La plage de réglage est donc totale, sans niveaux prédéfinis, cela vous assure de trouver l’intensité lumineuse qui convient exactement à vos besoins, par contre cela signifie aussi qu’il vous faudra contrôler de manière visuelle si l’intensité est la bonne, à moins qu’avec l’habitude vous ne fassiez confiance aux chiffres indi
qués et ne jetiez finalement qu’un coup d’oeil de contrôle, comme on le fait avec une lunette à crans marqués. L’absence de palier est synonyme d’absence de demi-paliers d’extinction du réticule, du coup pour éteindre ce dernier vous devrez ramener la molette sur « 0 » systématiquement.
Pour être tout à fait complet avec le réticule, sachez qu’il ne dispose pas de système de coupure automatique après un certain laps de temps ou lorsque la lunette est placée sur le côté ou quasi à la verticale. Derniers points communs à ces optiques avant que nous les passions en revue séparément, elles sont étanches et garanties dix ans.
1-8×24i : pour la battue et plus encore
Nous commençons par la 1-8×24i, la lunette de battue superzoom. La plage de grossissements est de 8x, c’est la plus grosse plage utilisée à l’heure actuelle par les fabricants. En dépit de ce fort grossissement, cette lunette n’est pas obèse ou surdimensionnée comme c’est parfois le cas avec pareille offre. Pas de corps optique de 34 ou 36 mm, ici un classique 30 mm, pas d’objectif plus large, là encore du classique avec 24 mm, pas de masse excédentaire (504 g), une longueur inférieure à 25 cm, finalement seule la bague de grossissements indexée de 1 à 8x atteste de ses capacités, on ne va pas s’en plaindre.
Les trois tourelles de notre optique mesurent 30 mm de diamètre, ces dimensions permettent une meilleure prise en main lors des réglages. Celle de gauche est dédiée au réglage de l’illumination, les deux autres à celui du réticule. Les clics, sonores et marqués, permettent de repérer nettement le déplacement du réticule, c’est pratique. Chaque clic vaut 1 cm à 100 m, là encore cela vous aidera dans vos calculs si vous n’êtes pas (encore) à l’aise avec les Moa. Point fort de ces tourelles de réglage, leur coiffe est amovible. Il suffit de la dévisser pour que la tourelle indexée puisse être retirée. En procédant de la sorte, une fois la carabine réglée, vous replacerez la tourelle sur zéro afin de repérer votre réglage et ainsi pouvoir sur le terrain compenser la chute du projectile sur un tir lointain et ensuite revenir au réglage initial sans risque de confusion. Ce genre de modifications n’est pas utile en battue bien sûr, mais avec le zoom 8x vous pourrez avoir envie d’emmener cette lunette à la montagne ou à l’approche – ces molettes équipant la 3-15×56i, cela vaut aussi et surtout pour cette dernière.
La bague de réglage des grossissements permet de passer du plus petit au plus fort grossissement en à peine plus d’un demi-tour. Notez que les petits grossissements sont à droite, à l’inverse des lunettes européennes. La bague mesure 25 mm de large dont 15 mm sont cannelés afin de vous offrir une bonne prise en main. Cette bague est usinée dans la masse avec de l’alliage de magnésium, le même matériau que celui utilisé pour la réalisation de la lunette, revêtu de la même finition noir satiné antirayures. C’est bien car il n’y a pas ici de bague de caoutchouc qui finit parfois par se décoller et qui vieillit souvent plus vite que le reste de l’optique. Un doigt de réglage rapide de presque 20 mm de haut se visse sur un ergot situé à grossissement 3x afin de faciliter la recherche du meilleur rapport. C’est pratique. D’ailleurs si l’on doit mettre en avant une des qualités essentielles de ces optiques, c’est bien le dimensionnement judicieux des dispositifs de commande. Souvent trop petits sur les optiques classiques, tout est ici surdimensionné, sans être non plus trop imposant, mais juste ce qu’il faut pour que sur le terrain, sous la pluie ou avec des gants, cela reste aisément et rapidement préhensible.
Sur le plan optique, l’image restituée est claire et nette sans grain ou perte en périphérie. En revanche on remarque une légère distorsion en barillet qui s’accentue avec les plus forts grossissements. En clair, les lignes horizontales et verticales s’arrondissent vers l’extérieur en bord d’image. C’est sensible à partir de x3 ou x4 mais ce sera sans doute imperceptible pour vous à la chasse. Par contre le zoom 8x possède un inconvénient, qui n’est pas propre à la GPO mais à toutes les optiques de cette catégorie : il faut être particulièrement bien aligné avec le centre du réticule pour que l’image ne comporte pas de zones d’ombres et ne s’accompagne pas non plus d’un effet tunnel. Votre armurier devra veiller à bien installer cette optique sur votre arme. Le dégagement oculaire est de 90 mm, c’est bien mais 95 mm auraient été préférables. En revanche, le gros point fort de cette optique est son champ de vision de 40,4 m à x1. C’est dans la très bonne norme actuelle.
De quoi justifier les 1200 euros demandés. Néanmoins, j’avoue qu’à ce stade, j’aurais aimé tester les 1-6×24i. Ces dernières font encore mieux que les précédentes avec 42 m de champ de vision et une distance oculaire de 97 mm, le tout avec 460 g embarqués, 28 cm de long et un prix de seulement 699 euros. Leur zoom 6x permet d’éviter le problème d’alignement inhérent aux 8x. Pour faire simple, même si j’avais retenu la 8x pour voir de quoi il retournait, et en dépit de ses qualités, c’est la 1-6×24i que je choisirais dans la gamme pour la battue. Notez aussi que la 2-12×50 coûte 849 euros et la 3-18×56 950 euros.
3-15x56i : crépuscule et tirs lointains
La 3-15×56i n’a pas la même vocation que la précédente. Et pour cause, ses grossissements forts, de 3 à 15x, son objectif large de 56 mm, son champ de vision réduit, 11 et 2,3 m, et son poids (830 g) la destinent aux chasses crépusculaires et aux tirs lointains. Il s’agit d’une lunette imposante (36 cm de long) mais aux lignes classiques. Elle est caractérisée par trois tourelles de large section (3 cm). La tourelle de gauche pilote l’illumination du réticule ainsi que le réglage de la parallaxe, indispensable pour des tirs éloignés. De 1 m à l’infini, avec une dernière valeur à 500 m, vous pouvez régler la parallaxe de la lunette, autrement dit, avoir un réticule et un gibier nets lors de la visée. La molette de réglage de la parallaxe est très bien conçue : assez large, de façon à vous offrir une bonne prise en main avec une bague crantée de 10 mm, et dure juste ce qu’il faut, afin de ne pas bouger lorsque vous changerez l’intensité lumineuse du réticule. Les deux autres tourelles sont celles des réglages des impacts, en hauteur et en dérive, il s’agit des mêmes que sur la 1-8×24i, je n’y reviendrai pas.
La bague de réglage des grossissements est la même aussi, avec le même doigt de commande amovible et la même rotation inversée par rapport à la « norme » européenne, avec les petits grossissements à droite.
Sur le plan optique cette lunette est assez étonnante, surtout en regard de son prix : 849 euros. À la différence de bien des lunettes de ce niveau de prix, les lignes verticales et horizontales ne sont pas arrondies sur les bords et il n’y a ni grain ni perte de netteté en périphérie. L’image restituée est claire et neutre, c’est-à-dire sans dominante colorée. Étonnant pour une lunette de ce prix. La distance oculaire est de 95 mm, c’est bien, cela vous évitera un contact, toujours mémorable, entre l’arcade et l’oculaire. Bien sûr, cette lunette a quelques défauts ou ne peut pas prétendre rivaliser avec des modèles vendus trois fois plus cher, on pourra notamment lui reprocher son poids et son encombrement mais à l’évidence, cette optique constitue une vraie belle opportunité pour celui qui recherche une lunette d’affût moderne et efficace pour moins de 850 euros avec un incroyable rapport qualité-prix.
Au terme de cet essai et même si j’avoue qu’il est toujours frustrant de ne tester qu’un tiers des modèles composant une gamme, en l’occurrence deux sur six, surtout lorsque la gamme est aussi large et composée de lunettes à zoom 8x, 6x et 5x, des leçons peuvent être tirées. Tout d’abord, la promesse faite par les fondateurs de GPO est tenue. Ces lunettes, sans révolutionner le monde de l’optique, constituent une offre sérieuse pour un prix très serré. Le sacro-saint bon rapport qualité-prix est ici respecté. Ces lunettes, certes fabriquées en Asie, mais pourrait-il en être autrement à ce niveau de prix, offrent de belles prestations, image restituée claire, lumineuse et nette, finition antirayures de qualité et commandes très bien conçues pour un budget mini. De plus les deux lunettes de battue possèdent un champ de vision large, notamment pour la 1-6×24i que je regrette de ne pas avoir testée, car de mon point de vue, elle doit faire mieux en termes d’image que notre 1-8×24i. Il n’en demeure pas moins que GPO se positionne comme un concurrent sérieux des Hawke et Kite et d’un certain nombre de lunettes proposées parfois à 300 ou 400 euros plus cher. Et si GPO signifiait finalement la garantie d’un prix optimal ?