Connaissance de la Chasse

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Charles Dugas de la Boissonny intervient au Cameroun depuis près de trois décennies. En savane en début d’année puis ensuite en forêt à la fin du printemps et au début de l’été et ce depuis toujours au sein de la même compagnie. Les élands de Derby, il connaît donc bien mais comme il l’avoue luimême : « En 27 saisons passées à les pister, je n’avais jamais vu ça ! » En effet la chose est peu banale… Mais revenons en ce mois de février, au moment de cette chasse alors que les élands portent leur grand fanon noir synonyme de la pleine période du rut. Une fois n’est pas coutume, le chasseur que guide Charles cherche avant tout, en cette sortie d’hiver, un vieil éland. Pas un animal porteur d’un imposant et long trophée souvent synonyme d’un mâle encore jeune bien qu’adulte ; non lui son truc c’est un vieux. Peu lui importe la longueur des cornes, même si l’une est cassée, il prend pourvu que l’animal soit âgé.

Charles, qui connaît bien sa zone et les animaux qui la fréquenten­t, opte tout de suite pour le sud du territoire, de l’autre côté du Faro où il sait qu’un vieux mâle particuliè­rement âgé à la corne cassée se trouve au sein d’un troupeau. Reste à localiser les antilopes et à les approcher. Plus facile à dire qu’à faire…

Par chance en cette fin d’aprèsmidi, Antoine son pisteur repère assez vite des élands au loin. Est-ce le troupeau recherché ? L’approche commence, discrète, à bon vent. Approcher un troupeau est en effet toujours beaucoup plus délicat que d’approcher un solitaire. Le nombre de naseaux, d’yeux et d’oreilles étant décuplé ! La chance étant une fois encore de la partie, les hommes ont le soleil dans le dos, ce qui leur facilite la tâche pour être moins visibles par les antilopes géantes. Arrivé à 150 m du troupeau, chasseurs et pisteurs observent, scrutent à travers la brousse. Il y a multitude de femelles et de jeunes, des subadultes, d’autres mâles mais pas le vieux à la corne cassée. Jusqu’à ce que soudain, masqué par la végétation et le reste du troupeau, il apparaisse, pleine face. Comme par miracle, les animaux qui le masquaient s’écartent peu à peu et le vieux mâle se retrouve dans un léger dégagé. Le moment est crucial. Le chasseur qui l’a lui aussi repéré l’a déjà dans sa lunette. Charles le connaît bien, tout comme ses capacités de tireur, et sait qu’il sera à même de le foudroyer de face, une balle pas toujours aisée. Il donne donc son feu vert.

À l’autorisati­on du guide, la .375 tonne. La balle se loge à la base du cou. L’éland s’effondre, ses congénères prennent la fuite. Le chasseur est aux anges. En approchant de l’animal, la surprise est de taille car même si les cornes sont maculées de terre, Charles remarque de suite que l’animal, s’il porte un trophée court et usé, chose qu’il savait, a les cornes à leur base qui se rejoignent, soudées ! Exceptionn­el, sans parler de leur patine incroyable que les hommes discernent et qui apparaîtra dans toute sa splendeur une fois l’animal passée par la taxidermie. Mais pour le moment, après les photos d’usage, il faut s’occuper de la dépouille. La nuit tombe vite sous ces latitudes… Qu’est ce qui a occasionné cette soudure, pourquoi ? Difficile de le dire ! Mais force est de constater que parfois un grand trophée voire un trophée d’exception n’est pas toujours synonyme de longueur, de taille ou d’envergure ! O. B.

pages réalisées par Olivier Buttin, avec Jean-Yves Quéau

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