Quand l'ágriculteur deviant chasseur
La tendance est émergente. Plusieurs Fdc incitent les agriculteurs à devenir chasseurs. Une démarche vertueuse à plus d’un titre ! Explications en Bretagne.
Il y a 40 ans, plus d’un quart des chasseurs étaient agriculteurs. Aujourd’hui, ils représentent moins de 8 % des effectifs (lire encadré page ci-contre). Au-delà des chiffres, l’éloignement du monde agricole de l’univers cynégétique est une réalité croissante. La diminution du petit gibier de plaine (lapin, perdrix…) et l’évolution du métier expliqueraient cette lente désaffection.
Un phénomène qui n’est pas sans incidence sur le quotidien, comme sur l’avenir de la chasse. L’incompréhension comme l’intolérance gagnent entre deux communautés pour autant interdépendantes. Une réalité qui semble aujourd’hui prise en compte. Conscientes des enjeux à venir, des Fdc ont mis en place une politique visant à un meilleur rapprochement des agriculteurs vers le monde cynégétique, au premier rang desquelles celle du Morbihan.
Mais les exemples sont multiples. Ainsi, la Fdc de Savoie a mis en place des formations spécifiques, pour que les éleveurs victimes d’attaques de loups sur leurs cheptels puissent obtenir facilement le permis et ainsi pratiquer des tirs de défense. La Fdc de Lozère à mis en place des sessions extraordinaires de formation adaptées au monde agricole (après-midi et soirée). Dans le Morbihan, c’est une volonté de réappropriation de la chasse par une partie du monde agricole qui est affichée. Et les moyens qui ont été donnés affichent la couleur. Si les chasseurs et leurs Fdc trouvent un intérêt à voir augmenter la proportion d’agriculteurschasseurs, la réciproque est tout autant vraie. Selon la Fdsea du Morbihan, la gestion des « nuisibles », et en particulier celle du sanglier (lire encadré p. 66), est souvent compliquée sur le territoire. « Une partie de la communauté agricole souhaitait s’y impliquer davantage
et ne plus se limiter aux strictes demandes vis-à-vis des chasseurs », entend-on dans le Morbihan. Devenir chasseur lorsqu’on est agriculteur permet également d’avoir une meilleure compréhension de l’ensemble de la problématique, et aussi de rapprocher un peu ces deux communautés.
Des sessions réservées
L’idée a germé dans le Morbihan en 2018 à l’occasion d’une réunion de jeunes agriculteurs. Un an plus tard, la Fdc du Morbihan débute son partenariat de promotion de la chasse vis-à-vis du monde agricole sur le modèle de l’opération du « Permis à zéro euro », repris par beaucoup de Fdc. Pour Guenaël Le Luel, en charge du dossier au sein de la Fdsea 56, il était judicieux de profiter de cette gratuité pour inciter les agriculteurs à passer leur permis. Mais le partenariat fut par la suite renforcé. « Alors que l’opération “Permis à zéro euro” fut abandonnée, nous avons fait en sorte de la poursuivre pour les agriculteurs. » Depuis 2019, les agriculteurs morbihannais bénéficient même de sessions qui leur sont réservées. « Nous pensions qu’il n’était pas bon de mélanger ceux qui paient leur permis et ceux qui ont un accès gratuit. » Les agriculteurs qui ont franchi le pas nous ont confié avoir apprécié le fait de se retrouver entre eux. Cela permettait de se rencontrer et d’aborder les différentes problématiques qu’ils rencontrent sur le terrain. Le financement du permis de chasse des agriculteurs représente un investissement d’environ 500 euros par candidat chasseur. Puisque, outre la formation et la délivrance du permis qui sont gratuites, la première année de validation l’est également.
« Faire que chaque commune du Morbihan abrite au moins un agriculteur chasseur. »