Hommage à Roger Tessier
Son humour, sa gouaille, ses taquineries nous manqueront. La chasse, virus de toute une vie, tel était le titre de son ouvrage relatant une partie de sa carrière de chasseur. Il est certain que ses origines géographiques de Briéron et ses ascendances familiales ne pouvaient faire de lui qu’un disciple de St-Hubert, un chasseur de petit gibier et de sauvagine d’abord, dans son pays de Loire et au bord du lac de Grand-Lieu. Son coup de 12 était légendaire mais toujours aussi mesuré à ce qu’il pouvait consommer et partager avec ses amis. En 1975, lorsque ses affaires le lui permettent, il découvre la chasse du grand gibier en Afrique, au Nord-Cameroun, au bord du Faro avec Jean Vannier…
Il aurait pu faire un plus mauvais choix ! Ce fut une révélation et à partir de là son virus mutait. Roger enchaînait les safaris africains avec le souci de varier les destinations, et donc les espèces à prélever. C’est ainsi qu’en une trentaine d’années Roger collecta la quasi-totalité des espèces africaines chassables de grand gibier.
Il m’a souvent parlé avec émotion de ses guides de chasse et souvent amis, Pierre Caravati, Jean-Michel Latrive et d’autres. Il effectua en 2005 son dernier grand safari africain avec Françoise, sa compagne, et Alain Le Fol au Tchad jusqu’au massif saharien de l’Ennedi à la recherche du mouflon à manchette, puis des gazelles Dorca, Dama et à front roux et aussi du grand koudou de l’Ouest.
Excusez du peu ! C’est vers la fin de sa période africaine que j’ai connu Roger, lors d’une expédition au Pamir (Tadjikistan) organisée par Renaud Desgrées du Loû, ceci à l’aune de la fin de l’Urss et de l’ouverture de ses territoires d’Asie centrale et aussi de ceux de la Chine. Ce séisme géopolitique fut une aubaine pour les passionnés de faune et de chasse de montagne. Entre-temps Roger avait complété son parcours cynégétique en découvrant l’Amérique du Sud et ses jaguars, l’Amérique du Nord, ses mouflons, sa chèvre des Rocheuses, ses grizzlis, ses ours polaires, ses élans, puis la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Iran etc. J’aurai eu le plaisir de chasser avec Roger, outre le marco polo au Pamir, le bouquetin des Alpes au Tyrol, les mouflons au Kamchatka puis dans l’Altaï mongol. Je suis sûr que Roger se trouve bien où il est, mais je suis sûr aussi qu’il aurait apprécié une petite rallonge d’existence, malgré ses 86 ans. Il y a peu de temps il me parlait avec envie de la montería à laquelle nous devions participer en Espagne avec quelques amis en ce début d’année. J.-Y. Q.