Belle contre le cancer
Rouge glam, perruque rousse, manucure… ces cinq femmes atteintes d’un cancer du sein ont choisi la beauté comme immense pied de nez à la maladie.
DES LÈVRES MAQUILLÉES « Mon grand allié, c’est le rouge à lèvres : il me donne super bonne mine. Très vite après mon diagnostic, une infirmière me parle des “soins de support” proposés par l’hôpital. En gros, tout ce qui nous aiderait à aller mieux. Je choisis les ateliers de maquillage et de soins de l’association Belle et Bien. Même si je n’ai pas encore perdu mes cils ni mes cheveux, je préfère prendre les devants. Tout pour ne pas avoir l’air malade. C’est une sorte d’atelier à l’hôpital, on est une dizaine autour de l’esthéticienne. On se croirait plutôt dans une parfumerie entre copines ! Sur la table, des miroirs et plein de produits de beauté à partager. Très vite, on passe à la pratique : trouver le bon fond de teint pour cacher la fatigue, redessiner les sourcils, camoufler l’absence de cils avec un crayon… Pour me motiver, je lance un défi à six copines : je leur offre une palette de makeup et leur demande de faire comme moi pour me soutenir. Elles jouent le jeu à fond et m’envoient régulièrement des selfies. Si, avant, je ne me maquillais que de temps en temps, je décide de ne plus jamais zapper l’étape, pour me sentir jolie, avoir confiance en moi, mieux affronter le regard des autres. Et ça marche : quand mes voisins, qui ne sont pas au courant de mon cancer, me complimentent sur ma bonne mine, c’est une victoire sur la maladie. »
Catherine, 36 ans
DES MASSAGES « Au début de mon traitement, quand une infirmière me conseille des soins du corps, je refuse : je n’ai pas envie qu’on me touche. Mais la vie continue, et entre deux chimios, je suis invitée à passer une journée au spa pour l’enterrement de vie de jeune fille d’une amie. Malgré mon appréhension, je me force : c’est important d’être là. Un massage californien est prévu et je ne suis pas très en confiance. Mais très vite, c’est comme si chaque centimètre de ma peau se relâchait. Je me laisse bercer par la musique zen et je ne pense plus à rien... la prochaine chimio, mon arrêt maladie, la peur. C’est comme une trêve. J’accepte alors la proposition de l’hôpital de me faire masser. L’esthéticienne a des gestes précis, parfois de simples effleurements. Pendant presque une heure, je n’ai plus de douleurs et toutes mes tensions se libèrent. Alors que je focalise souvent sur mon sein malade, grâce au toucher, je reprends conscience de mon corps dans sa globalité. Ça se voit même sur mon visage : j’ai meilleure mine, les traits détendus, les pommettes plus fraîches. D’ailleurs je me suis promis de continuer lorsque je serai guérie. »
Frédérique, 31 ans
UNE PERRUQUE PÊCHUE « Les cheveux. C’est ce que tout le monde sait à propos de cette foutue maladie : on les perd. Et ça, ça m’effrayait avant même le traitement, avant même de savoir si j’allais les perdre. Les perruques constituées de véritables cheveux coûtent au moins 500 €, alors que la Sécu ne rembourse que 125 €. J’annule mes vacances et j’achète une belle perruque, un carré court, proche de mon ancienne coupe. Un coiffeur m’apprend comment la laver et faire un brushing. Je suis d’abord intimidée, puis je découvre que c’est assez facile : c’est comme si je coiffais une copine. Je fais des boucles, des tresses… À l’hôpital, j’avais rencontré une fille qui préférait rester sans foulard ni perruque, pour montrer,