Cosmopolitan (France)

… le décompte de minuit

Ma bonne résolution de l’année, c’est de réussir à fêter dignement la prochaine. Et d’avoir quelqu’un tout près de moi à qui souhaiter : « Bonne année ! »

- Par Manon Pibouleau

’an dernier, mon décompte a été long. Très long. À la place du traditionn­el « 4, 3, 2, 1 », j’ai joué une variante « 20 h 15, 20 h 16, (…) 21 h 30, 21 h 31. » Au point de découvrir 2015 à mon réveil, sans que mon mascara n’ait coulé. C’està-dire seule et sobre. Maintenant que 2016 approche, je peux bien le confesser : j’ai passé les douze coups de minuit en tête à tête avec le n° 1 de France. Oui, le Président. Je la jouais à domicile, entre quatre murs – expression qui prend tout son sens quand on loge dans un micro-studio. Durant son allocution, François s’est adressé à moi à travers le petit écran. Même qu’il a dit : « Je pense aux personnes seules. » Et ça m’a touchée, voire coulée, de constater que moi, 453 friends sur FB et une famille qui ne tient pas sur une table à rallonge, je sois rangée dans cette catégorie. Mais autant le dire franchemen­t : les réveillons foireux, je connais.

Les douze coups maudits

Réveillon 2011 : Dans un flash aussi flou qu’une aquarelle, je me souviens des potes et du single « Oh Macumba ». Mais l’euphorie et les coupes de champagne (plus quelques fonds de verre) m’ont sournoisem­ent amenée à n’embrasser personne d’autre que la banquette. Réveillon 2012 : 1 500 personnes pour 170 m2 en boîte de nuit. Je perds les copains au milieu du dance-floor. Impuissant­e, j’assiste à minuit aux franches accolades autour de moi, et je commence l’année avec trois coups de coudes généreux dans les côtes. Réveillon 2013 : J’ai les copains mais pas d’endroit où clubber. Ambiance à vous défriser les cotillons et errance interminab­le devant des bars bondés. Tellement bondés qu’on reste bloqués dans une file d’attente pendant qu’à l’intérieur, c’est l’explosion des watts. Réveillon 2014 : Mes potes ont décidé de passer le nouvel an à la montagne. Dix fois, ils m’ont demandé « Tu viens ? » et dix fois je leur ai répondu en traînant chaque syllabe « ché pas ». Je pensais encore pouvoir dégotter le plan du siècle à J-3. Résultat : affolement de dernière minute, trop tard pour rejoindre ma bande, zéro train pour retrouver ma famille… Soirée spéciale solitude.

SOS organisati­on

La faute à qui ? À ma procrastin­ation. Et aussi à cette petite phrase « On est large ! », prononcée lorsqu’on évoque les possibilit­és pour fêter le nouvel an, début octobre. Conversati­on refroidie aussi vite que le café parce que précisémen­t… on a le temps. Certains diront : « Mieux vaut tard que jamais. » Moi j’apprends à dire : « Mieux vaut tôt que rien du tout. » Parce que le 31 décembre, je n’ai jamais connu de retourneme­nt de situation à la dernière minute. Pas de texto bénédictio­n : « C’est Ryan. Ouvre, je suis derrière ta porte. » Non, le véritable décompte ne commence pas dix secondes avant les bises mouillées. C’est bien avant… À peine après avoir fêté le nouvel an précédent. 365 jours top chrono pour trouver le lieu parfait, la tenue magique et les personnes idéales avec qui basculer une nouvelle fois dans le temps. Je trouve ça un peu idiot – et injuste – d’échouer seule dans la dernière ligne droite alors que j’ai vécu 364 jours à la même enseigne que tout le monde.

Happy end !

Mais au final, personne n’est resté bloqué en 2014 parce qu’il s’était planté dans le décompte. Aujourd’hui, je savoure l’expression : « Impossible de tomber plus bas… » Traduction : ceux qui ont fêté le nouvel an avec magnum et loge VIP ont plus de pression que moi sur l’année à venir. Je débuterai 2016 avec les compteurs à zéro et année bissextile oblige, il me restera 366 jours pour en profiter.

l PS : Envoyez vos mots réconforta­nts et commentez ma photo « sous le gui » sur @manonpibou­leau.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France