On s’attend pour le prochain épisode, promis ?
T’es là, trahie, aussi dégoûtée que la femme de Walter White quand elle découvre que son mec deale de la méth. Tu viens de pécho ton mec devant un épisode inédit de « Stranger Things », sans toi. « Je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt. » C’est ça son excuse ? « Non mais attends, t’as vu comment se terminait le dernier épisode ? Impossible de tenir ! Et puis je serai chez Matthieu demain, tu pourras rattraper ton retard. » C’est tout ? Partager une série, ça ne veut rien dire de plus ? Il est prêt à ruiner tout ce que vous avez construit pour un petit coup d’un soir ? «T’en fais pas un peu trop là ? » Il oublie vite… Les heures d’enquête pour trouver VOTRE série : « AnneLise a adoré “Revenge” », « en même temps, AnneLise adore “les Feux de l’amour”… », « Matthieu et Julie sont unanimes sur “Game of Thrones” », « ouais mais je me suis fait spoiler tous les morts sur Facebook… » Il oublie ce jour où, devant le premier épisode de « Stranger Things », main dans la main, vous vous êtes dits oui pour trois saisons minimum. Ce jour où vous vous êtes engagés tacitement à avancer ensemble, même dans l’adversité : par exemple quand à minuit passé, ton perso préféré se fait bouffer par un monstre, que tu sauras seulement dans l’épisode suivant s’il s’en sort, mais que ton mec a les paupières aussi lourdes que les blagues de Barney Stinson. Et voilà comment il récompense tes sacrifices ! « Oh, ça va… », il tempère avec la compassion d’un Dr House. Il ne comprend pas : une série de couple, c’est sacré. Y renoncer, c’est revenir à l’ère pré-Netflix, quand on partageait moins de rires et de larmes en une semaine qu’en un épisode de cinquante minutes. « OK, OK, je suis désolé », il capitule. « Ça t’est jamais arrivé de fauter, toi ? » Jamais. S’il n’a pas tilté que tu avais déjà vu « Star Wars 7 » quand t’y es retournée avec lui, ça compte pas, non ?