Cosmopolitan (France)

S’il dit ça, pas de doute...

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laisser l’autre prendre sur nous un pouvoir exorbitant. Aussi, on peut tenir l’autre à distance pour conserver l’illusion d’être infaillibl­e, comme si on n’avait besoin de personne – hormis, peut-être, pour trouver une satisfacti­on sexuelle. » Et les issues de secours, ce n’est pas ce qui manque.

Un problème de génération ?

On vit dans un monde où la plupart des relations sont régies par Tinder, Happn, on nous a offert des outils qui écrasent le romantisme. Aujourd’hui, on craque sur un physique en HD qu’on swipe à droite ou à gauche plus vite qu’on repousse du pied une canette sur notre chemin, on consomme et on jette. On sait qu’on peut trouver mieux, vite, facilement. Pour Stéphanie Frémont, c’est un cercle vicieux : « La peur de s’être trompé de partenaire pousse parfois les individus à rechercher inlassable­ment un idéal complément­aire avec qui l’intensité obtenue sera encore plus forte. » Ces applis feraient des coupables parfaites du refus de l’engagement. Ces instrument­s nous ont-ils inculqué la phobie de l’erreur sur la personne ? Je retourne voir Victor, très actif sur Tinder, pour savoir. « J’ai passé environ un an à multiplier les dates sur cette appli, mais ça m’a saoulé, m’avoue-t-il. Au début, c’est top, on a l’impression d’avoir un choix dingue, on voit plein de filles, mais c’est fatigant. Je n’en ai jamais trouvé une qui me correspond­ait vraiment. » Alors c’est quoi ton problème, à toi ? Victor se marre : « Chacun a ses raisons. Moi, je pense que je ne suis juste pas prêt à me mettre en couple, alors je fais en sorte que la relation soit floue. C’est peut-être lâche, mais c’est honnête. » Certes.

Les derniers doutes

Après quelques jours de creusement de méninges et de stress, je décide de confronter Damien. À partir du moment où l’on commence à se poser des questions, c’est que la situation ne nous fait plus de bien, et c’est là qu’il faut agir. Comme me l’a dit Stéphanie Frémont : « Il ne faut jamais renoncer à ce qu’on veut vraiment, et ne pas subir ce type de relation par peur de perdre l’autre, ou parce qu’on pense ne pas valoir mieux. » J’avoue que j’aurais pu encore repousser cette discussion pour prolonger mes moments avec Damien – après tout, on s’entend bien, on s’amuse. Mais je sens que j’ai envie de plus, et pour faire marcher une relation, il faut être deux. Quand je le retrouve, il m’embrasse et me propose d’aller dîner. Attends, j’ai une question, d’abord. Celle que je n’ai jamais osé poser pour ne pas passer pour une fille chiante, je pense. Mais au bout de deux mois, ça suffit : on fait quoi, là ? Damien se fige. « Ben… On s’amuse, non ? » Je repense à ce que m’a dit Victor. Je n’en veux pas à Damien – peur de l’engagement, manque d’envie, désir de continuer à chercher… Finalement, les raisons sont nombreuses pour qu’une histoire ne décolle pas. Mais je réalise que je ne veux pas d’une relation brouillonn­e et poireauter dans la salle d’attente de l’amour le temps qu’on décide si l’un ou l’autre vaut le coup. Ce que je veux, c’est une relation simple, mais dans laquelle je ressens que l’autre a envie de construire quelque chose. Une histoire peut très bien débuter par un flou artistique qui s’éclaircit ensuite. Mais quand on reste trop longtemps entre les deux, c’est qu’on stagnera probableme­nt encore longtemps… Et on mérite de vivre la relation qu’on désire. Adios, Damien.

Merci à Stéphanie Frémont, psychologu­e à Paris, pour sa collaborat­ion.

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