Cosmopolitan (France)

Tu voudrais bien me laisser un peu de couette ?

- Par Chloé Plancoulai­ne. Illustrati­on Marie Perron.

T’es là, profitant de son aller-retour aux toilettes pour réagencer discrèteme­nt le lit. Tu décales ton oreiller vers le sien, le sien vers le bord du lit, puis tu tires la couette à toi et tu allonges ta jambe dans une légère diagonale. Mais depuis sept ans qu’il partage ton 140 par 200, ton mec n’est pas dupe. Tu as beau faire semblant de dormir quand il revient, il te réveille d’un coup d’appli torche, sans pitié. Comme tu fais la morte, il te pousse carrément des deux mains pour te faire rouler. Cette fois tu grognes : « Je suis pas un gigot ! » Il soupire : « C’est toujours pareil, tu prends toute la place, je suis au bord du gouffre. » Et toi, tu es au bord de la pneumonie quand tu te réveilles une nuit sur deux avec une moitié du corps exposée à tous les vents, parce que Monsieur s’est fait un sac de couchage de votre couette COMMUNE. Finalement, vous vous réconcilie­z autour de calculs savants pour définir une position optimale. Voilà, vous allez pouvoir dormir maintenant. « J’ai chaud » se plaint soudaineme­nt ton amoureux en soulevant un coin de couette. Tu ne sais pas s’il y a une explicatio­n scientifiq­ue mais à températur­e égale, ton mec peut transpirer des pieds quand tu as l’impression de gravir un glacier sans chaussette­s. Pour le lui rappeler, tu plaques tes orteils HäagenDazs sur ses mollets. Il sursaute, se souvient, s’excuse et remet tout en place. Vous lâchez en choeur : « Bonne nuit. » Vous ne vous l’étiez pas souhaité avant, parce que vous le savez : tous les soirs, c’est la même corrida avant de fermer les yeux. Et puis un jour, à l’hôtel, vous découvrez l’existence de la couette individuel­le. Le lendemain, vous vous réveillez… sous la même demi-couette, collés-serrés. Depuis, à la maison, rien n’a changé, et c’est tant mieux.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France