Cosmopolitan (France)

SURNOMS AMOUREUX : MODE D’EMPLOI

DARLING, MAMOUR, BIBICHE… OK POUR LES PETITS NOMS, MAIS IL VA FALLOIR S’ENTENDRE.

- Par Manon Pibouleau

Darling, Mamour, Bibiche… OK pour les petits noms, mais il va falloir s’entendre. Par Manon Pibouleau.

On a tort de penser qu’une relation a comme point de départ une demande solennelle : « Veux-tu devenir mon/ ma petit(e) ami(e) ? » En vérité, un duo se transforme en couple à l’instant où l’on cesse de s’appeler par nos prénoms. Car notre amour vaut beaucoup mieux que ça. Notre amour est unique, et le surnom est là pour ça. Si certains le préfèrent traditionn­el, d’autres privilégie­nt l’originalit­é : de « mon coeur » à « mon grand fennec », il faut trouver celui qui sublime sans rabaisser. Celui qui ne gêne aucun invité à table. Parce qu’un surnom, c’est comme un fond de teint : il s’agit de trouver la bonne couleur et de savoir doser, sinon ça fait toc.

Quand donner le surnom ?

Kevin est installé sur notre canapé, en jogging, en train d’étudier les prévisions météo. Dieu, qu’il est beau. Dieu, qu’il a l’air intelligen­t. On l’adore et on aimerait bien lui faire savoir à quel point. Lui susurrer « Je t’aime » ? Trop tôt pour une histoire qui a commencé il y a quelques semaines. En revanche, on a bien envie d’installer une nouvelle forme

d’intimité : lui donner un surnom. Ce qui signifie que tous les deux, ça peut devenir du solide. Le principal risque, c’est de l’effrayer. Ah, comme on aimerait dévisser son crâne et vérifier s’il se pose les mêmes questions… Selon la psy… Donner un surnom ne s’anticipe pas. C’est une preuve d’engagement qui se prononce quand on se sent prêt. D’ailleurs, on réfléchit rarement aux surnoms que nous donnons, parce qu’il ne s’agit pas de trouver un nouveau prénom, mais plutôt d’accorder à l’autre la place qu’il mérite dans notre vie. Quand le bon moment, le surnom glisse de la bouche sans trop y faire attention, et rejoint l’oreille de notre partenaire qui se trouve flatté d’être si particulie­r. Un petit nom peut renforcer la complicité.

Le surnom nécessite-t-il un consenteme­nt ?

En principe, si c’est dit avec amour, il a peu de chance de ne pas être apprécié, pas vrai ? D’ailleurs, la première fois qu’il nous a appelée « ma grosse poule », on a bien rigolé. Après tout, l’amour passe aussi par l’humour. La seconde fois, pareil. Décidément, ce garçon maîtrise à merveille le comique de répétition. Mais la troisième fois, on trouve que la bonne blague se transforme en mauvaise habitude. Surtout que de notre côté, on lui attribue des surnoms beaucoup plus flatteurs. Hier soir, par exemple, on l’a appelé « mon étalon » et il a adoré. Selon la psy… Le choix du surnom provient rarement d’une mauvaise intention, mais il peut être mal interprété. Si ça nous dérange de nous faire appeler « mon bébé » du lever au couarrive

cher, on lui rappelle sans le vexer qu’on a connu l’époque du walkman, des VHS et même du Minitel, donc aime-moi mais pas sous tutelle. Et si ça le gêne qu’on l’appelle « mon doudou », on respecte son avis et on teste de nouveaux surnoms, plus virils : « Et Zorro, tu préfères ? »

Le surnom doit-il être unique ?

D’abord, on se dit que c’est une évidence puisque notre amoureux est unique. Ensuite, on se souvient qu’on pensait exactement la même chose de notre ex. Si aujourd’hui, il n’est rien de plus qu’un Thomas parmi d’autres, il y a deux ans, on l’appelait encore « mon ange ». Tout naturellem­ent, on utilise le même surnom pour désigner celui qui l’a remplacé dans notre coeur. Pas de quoi en faire un flan. Sauf qu’en y réfléchiss­ant bien, si le nouvel amoureux, recycle l’adjectif de sa précédente relation… il se pourrait qu’on le prenne mal. Selon la psy… Il vaut mieux commencer une histoire d’amour avec un champ lexical tout neuf et taillé sur mesure. Mais si on manque de créativité et qu’on préfère les grands classiques de la littératur­e amoureuse : « mon coeur », « mon chéri » ou « amour »… ce n’est pas bien méchant. Après tout, le surnom n’a pas de visage et un « chéri » ne résonne jamais de la même façon. Cette nouvelle personne qui s’est fait une place dans notre vie, on l’aime pour tout un tas de raisons – et l’essentiel reste de le lui prouver. Quant à nous, évidemment, on n’est pas la première femme qu’il désire, mais on est celle à qui il raconte ses journées, ses meilleures blagues et cuisine sa spécialité avec amour à défaut de talent : la saucisse purée. Alors faisons-lui confiance.

Peut-on prononcer le surnom en public ?

Si ça ne tenait qu’à nous, on ne se gênerait pas. On est fière de notre couple, alors pourquoi ne pas l’afficher ? D’un autre côté, on n’a pas du tout envie de se faire appeler « mon

LES SURNOMS PRÉFÉRÉS DES EUROPÉENS

France : Mon coeur Royaume-Uni : Darling (Chéri-e) Suisse : Schatzi (Trésor) Finlande : Kulta (Or) Espagne : Cielo (Ciel) Irlande : Baby (Bébé) Hongrie : Cica (Chaton) Suède : Alskling (Miel)

Étude eDarling (2016).

poussin » par les copains jusqu’à ce que la mort nous sépare. Donc en société, on l’appelle Kevin. Pas « Kevin de mon coeur », juste Kevin. Le problème, c’est que le naturel reprend vite le dessus. Et on ne voit pas le danger se profiler lorsqu’on prononce en pleine soirée : « Bichon, je te commande une autre bière ? » Un écart qui pourrait passer inaperçu si Kevin ne répondait avec un naturel déconcerta­nt : « Volontiers mon chaton. » Selon la psy… Les surnoms s’appliquent partout ! Et depuis le temps qu’on le répète, ce serait bien de le mettre en pratique : on s’en tape royalement du regard des autres. Ceux qui ricanent sont certaineme­nt envieux, voire blessés de ne pas susciter le même intérêt. En plus, dissimuler nos marques d’affection aux yeux du monde peut créer un malaise dans le couple et déboucher sur cette question : « Tu as honte de moi ou quoi ? » En revanche, rien ne nous empêche de faire preuve de bon sens. Pendant le repas dominical chez la bellefamil­le, on n’interpelle pas l’être aimé depuis la cuisine en hurlant : « Mon gros engin, le sel est bien sur la table ?! » La tendresse et la familiarit­é n’ont rien à voir avec l’exhibition, encore moins avec la vulgarité.

Et si on n’aime pas les surnoms ?

On était d’accord dès le départ : entre nous, pas de petits noms. Quand on se parle, on s’appelle par nos prénoms. Et ça nous suffit. Il y a deux raisons possibles à cette attitude. La première : les surnoms, on trouve ça gnangnan, hors de question de ressembler à l’une de ces filles avec une meringue à la place du cerveau. La seconde : il se peut que l’on ait usé et abusé des surnoms à l’occasion d’une précédente relation, jusqu’à s’en dégoûter. Selon la psy… Ne pas utiliser de surnom dans un couple, c’est se dispenser d’une forme de tendresse. Même si les petits mots d’amour ne sont pas vitaux pour une relation, les mettre de côté révèle un signe de froideur, voire de réticence vis-à-vis de l’engagement. Si on frôle l’urticaire à l’idée d’utiliser un surnom, alors on n’oublie pas de signifier son amour autrement. La tendresse qui manque dans nos mots, on la déplace dans nos gestes : bisous, caresses, main dans les cheveux, dans sa main, sur sa joue… Et on lui demande d’en faire autant.

64 % DES HOMMES ET 55 % DES FEMMES APPELLENT LEUR AMOUREUSE/AMOUREUX PAR UN SURNOM.

Sondage TNS Sofres 2009.

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