Cosmopolitan (France)

FIÈRE DE MOI

C’est si bon de faire les choses de ses propres mains !

- Par Chloé Szulzinger. Photo Meredith Jenks.

C’est si bon de faire les choses de ses propres mains. Par Chloé Szulzinger.

Parce qu’il n’y a rien de plus valorisant que de créer soimême sa déco, ses bijoux, ses vêtements, ses cadeaux, ses petits plats, le DIY – do it yourself – a envahi le Web et nos vies. Tutos, modes d’emploi, recettes et explicatio­ns, on se lance comme on veut. Le bon vieux « fait maison, fait main » n’a jamais été aussi tendance. La preuve par sept.

Je tricote pour les autres

Petite, ce qui me rendait heureuse, c’était d’apprendre à tricoter avec ma grand-mère et de farfouille­r dans sa boîte à pelotes. Ado, pour éviter l’étiquette « ringarde », je ne m’en vante pas trop, mais ça reste mon moment chéri avec mamie. Alors aujourd’hui, ça me fait bien rire que mon talent « caché » soit hyper « liké ». Fini l’image de mémère, on peut tricoter de la maille sexy en écoutant de l’électro. Quand je m’y mets, mes soucis sont balayés et ça me redonne de l’énergie. C’est gratifiant de produire quelque chose… Et lorsque j’offre mes petites créations, les gens sont vraiment touchés, parce que j’ai pris le temps de le faire juste pour eux. Tout l’hiver, je

tricote des écharpes, et tout l’été, des petits pulls légers. Nina, 29 ans Pourquoi ça fait tant de bien ? Propulsé au rang d’activité bobo-chic par excellence, le tricot a droit à ses propres blogs ou comptes Instagram. En plus d’être tendance, le tricot aurait aussi des bienfaits pour la santé. Répéter les mêmes gestes accroît la présence de sérotonine dans le système nerveux, qui joue sur la régulation de l’humeur. De quoi booster l’estime de soi.

Je fais d’une simple robe une pièce unique

Ado, comme toutes mes copines, je rêve du sac à dos Eastpak à la mode. Alors quand une cousine me donne le sien, tout noir, je file dans la mercerie de ma mère, je découpe des fleurs dans un tissu coloré pour les coudre sur le sac, avec des rubans pour recouvrir la poche arrière. Quand j’arrive à l’école au milieu de tous les sacs unis, je fais un effet dingue. Tout le monde trouve mon patchwork « trop beau ». Je me sens unique et je sors du lot. Rétrospect­ivement, je réalise que j’ai cousu ça naïvement. Maintenant j’ai la technique, grâce à ma mère, avec qui c’est devenu un vrai sujet d’échange. Depuis, je couds, je colle, je découpe, je dessine, je customise tout ce qui me passe sous la main. Juliette, 30 ans Pourquoi ça fait tant de bien ? Ajouter des éléments perso, c’est se démarquer pour mieux s’approprier un objet. Et ça laisse une signature.

Je sais réparer un lave-linge

« Mais qu’est-ce que tu fabriques ?! » C’est ce que mes parents m’ont dit toute mon enfance, lorsqu’ils me trouvaient dans ma chambre assise par terre au milieu de morceaux de carton, de colle, de ciseaux, les cheveux pleins de scotch et de bouts de ficelle. Je passais mon temps à réparer. Et je continue, pour le challenge, mais aussi car ça me rend dingue de racheter un lave-linge au bout de trois ans parce qu’il est programmé pour tomber en panne. Alors qu’avec un peu de connaissan­ces ou des tutos, on s’en sort ! Et puis c’est valorisant de faire du neuf avec du vieux, de recycler, de transforme­r la palette de livraison du frigo en table basse. Quatre roulettes et le tour est joué ! Mounia, 32 ans Pourquoi ça fait tant de bien? Rénover un appart, fabriquer un meuble, réparer une guitare ou une machine à laver, c’est un peu laisser une trace de soi dans le futur. On est fière d’acquérir des compétence­s et de faire face à la résistance d’un objet ou d’un outil… On peut ainsi se concentrer sur l’objet de notre choix et se couper des artifices de la société de consommati­on et de ses sollicitat­ions incessante­s.

On porte mes bijoux !

Comme beaucoup de petites filles, j’ai vendu des bracelets brésiliens au marché pendant les grandes vacances. Avec mes copines, on passait des nuits entières à discuter en les fabriquant. À la fin de l’été, ça faisait pas mal d’argent de poche, et surtout beaucoup de fierté d’être connues dans tout le village. Ça ne m’a jamais quittée, et je suis passée à la vitesse supérieure. Comme je connais le prix des matières premières, ça m’énerve de payer des marques pour un bijou que je peux faire moi-même. Alors je repère les bons plans pour acheter le matériel, je rêve dans les salons de pierres, et je me retrouve à négocier le sachet de tourmaline­s comme une pro. Petit à petit je porte mes bijoux, on me demande d’où ils viennent et hop, une nouvelle cliente. Je n’en attendais pas tant de mon hobby ! Sandra, 29 ans Pourquoi ça fait tant de bien ? Il peut y avoir une telle différence entre la valeur des matériaux utilisés et le prix de vente du bijou final, que ça peut être tentant de le faire soi-même. Avec les milliers de blogs et tutos pour tous les niveaux, on peut créer un bijou unique, et la porte de l’inventivit­é s’ouvre grand.

Je bois mon café dans mes tasses

La poterie, depuis « Ghost », j’avais envie. Mais sans Patrick Swayze, comment faire ? En m’inscrivant à un cours, je ne m’attends pas à ce que chaque session dure quatre heures. Dans quoi je me lance ?! Je découvre le monde de l’argile : modelage, tournage, sculpture… je suis fascinée, mais larguée. Ma dernière expérience manuelle remonte à la pâte à sel ! Et le tour de

potier, c’est une vraie leçon d’humilité. Si on s’énerve, tout fout le camp. Ça force la zénitude. Et le lâcherpris­e. « Il faut laisser tomber le souci de bien faire, parce que ce sont justement les petites imperfecti­ons qui témoignent de l’authentici­té », selon la prof. Cela dit, tout est relatif, je me sens au stade du collier de nouilles en maternelle. Mais à force de persévéran­ce, discipline et assiduité, un jour, on arrive à faire une chose qui ressemble à un mug. Et puis on en fait plein. C’est dingue ce qu’on peut obtenir avec de la terre et nos dix doigts. Le café dans notre mug a une tout autre saveur. Cassandre, 31 ans Pourquoi ça fait tant de bien ? Malaxer l’argile, la transforme­r, la frapper, l’aplatir, ça défoule, ça libère une grande énergie, et ça détend. Pour réaliser un produit fini, beaucoup d’étapes enseignent la patience. Et on prend toujours davantage soin des choses que l’on a fabriquées. C’est ça la valeur émotionnel­le : elle renforce le sentiment d’efficacité personnell­e.

Je fais pousser mes tomates

Moi, la main verte ? J’ai plutôt l’habitude de regarder avec crainte la moindre plante qu’on me donne en attendant de récupérer le pot et y servir des chips. Quand on m’offre un kit de plantation de tomates cerises avec les graines, le pot et l’engrais, je mets dans un coin la boîte pendant des mois en me demandant à qui la refiler. Jusqu’au jour où je me lance. Après tout, ça ne regarde que moi si ça rate. Tant pis pour ma manucure et les projection­s de terreau, y compris sur mon téléphone en googlisant « planter graines tomates ». J’ai découvert un monde en ligne. Je suis loin d’être la seule à me poser des questions de jardinage pour les nuls. Arrosage, rempotage, baisse de températur­e… J’ai eu des tomates tout l’été. C’est incroyable­ment jouisj’adore. sif. Depuis, j’ai acheté deux grands bacs dans lesquels poussent du basilic, du persil, de la ciboulette, mon potager maison. Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? Delphine, 28 ans Pourquoi ça fait tant de bien ? Produire quelque chose, ça nourrit l’esprit, et si en plus ça nourrit l’estomac, quel pied ! Le jardinage stimule le physique, le mental, les sensations… Prendre soin des plantes, c’est un peu s’occuper de soi. On se concentre, on découvre un univers, les noms de plantes… On apprend la patience, et l’émerveille­ment quand ça marche. En prime, cultiver ses propres fruits et légumes garantit des produits frais et sans pesticides. On les protège des intempérie­s et des maladies, ça devient un projet à maintenir en vie !

Je fais mieux que les tutos

Les tutos, c’est vraiment génial pour faire des expérience­s et apprendre, Ça m’est venu après qu’on m’a offert un « atelier macarons » où j’étais allée à reculons. Mais à ma grande surprise, ça m’a plu. Je les ai rapportés chez moi, et tout le monde a eu l’air étonné que je sois capable de faire si bien. Depuis j’ai envie de nouveaux challenges, et je me retrouve à tester des choses auxquelles je n’aurais même pas pensé : teindre un foulard, construire une table basse, peindre une salle de bains… ça booste la créativité et l’envie de bien faire. Et sur les réseaux sociaux, je suis hyper fière de poster le résultat ! Justine, 30 ans Pourquoi ça fait tant de bien ? Guidée par des tutos, on sent comme une main derrière ou un prof à nos côtés… On est soutenue, c’est plus facile que d’aller faire de la peinture seule. À chacune de trouver le tuto qui lui convient. Aujourd’hui, c’est à portée de clic.

Merci à Camille Voisin, psychologu­e clinicienn­e, camillevoi­sin.com, et à Guy Missoum, psychologu­e clinicien, auteur de « La fierté d’être soi », éd. Leduc.s.

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