Chéri, je t’ai manqué ?

T’es là, valises dans les mains, bouche sur la sienne, enfin. Tu viens de (sur)vivre huit jours sans ton amoureux. Tu as eu tout le temps de fantasmer vos fougueuses retrouvailles, mais… « J’ai super mal au crâne, y a des gnocchis dans le frigo, on se les poêle et au dodo ? » Tu avais tout imaginé, sauf ça. Roméo est au bout du rouleau et le bonheur de te serrer dans ses bras ne suffit pas à faire passer sa migraine. Tu ranges tes idées hot et tu sors la bouillote. « À nos retrouvailles », lance Roméo en levant son verre d’Efferalgan. « Je t’ai manqué quand même ? », tu t’enquiers après son cul sec. « Oui, un peu. » C’est le coup de grâce. Il a déjà vu un drogué « un peu » en manque ? C’est comme avoir « une petite » envie de baiser, ça n’est pas possible. Toi pendant huit jours, tu as sniffé son tee-shirt comme un doudou, relu tout l’historique de vos messages et passé votre playlist en boucle et en pleurant. « Mais pourquoi tu te mets dans des états pareils ? » Il est marrant. « Ben parce que je t’aime, MOI ! Voilà pourquoi ! » Et aussi parce que tu aimes jouer les tragédiennes en amour, mais ça, tu ne lui avoueras pas. « On peut aimer sans souffrir, tu sais. Si tu ne me manques pas, c’est parce que je suis serein sur nous deux… » Il pense que tu es acquise alors, c’est ça ? Il pense surtout que si tu continues à monter le volume, ça va pas aider pour la migraine… Monsieur veut le silence ? Tu attrapes ton téléphone et tu scrolles vénère sur ton fil d’actu Facebook sans lire un seul post. « Tes yeux qui se plissent quand tu fais la tête, ça, ça m’avait manqué. Et ton petit sourire qui se dessine malgré toi quand tu sais que j’ai un peu raison, ça m’avait manqué aussi. » Devant son regard malicieux, tu abdiques : « Bon, elle est bientôt finie cette migraine, que je te montre un peu ce qui m’a manqué, moi ? »