Cosmopolitan (France)

Et moi, je peux faire quoi ?

Quand on s’en est sortie ou qu’on est épargnée, on a encore plus envie d’aider les autres. Le cancer du sein, c’est notre problème à toutes.

- Par Gaëlle Guitard

Je lance la mode des foulards

Il y a trois ans, le diagnostic tombe : cancer du sein de stade III. J’ai 27 ans, et je pense d’abord à mes cheveux… Je commence à porter des turbans. J’ajoute une fausse frange clippée. Super joli. Quand le moral remonte, on guérit plus vite. Je crée un blog bonne humeur avec mes conseils coiffure. Je propose sept modèles, pour les sept jours de la semaine. J’ai beaucoup de retours positifs. J’invente un système pour faire tenir la frange avec les oreilles ! Ma formation de juriste m’aide à déposer le brevet et faire les démarches pour que ce soit remboursé par la Sécu en tant que « prothèse capillaire ». Je vends la frange et le turban séparément pour qu’on puisse les mixer selon ses envies. Sept couleurs de frange, quatre pour les fillettes, elles aussi perdent leurs cheveux et en souffrent. Le tout revient à 95 €, contre 400 € à 3 000 € la perruque ! Mes turbans en coton sont faits au Portugal, les franges dans une usine japonaise de fibre synthétiqu­e. Une partie est reversée à la recherche : c’est grâce à un protocole adapté à mon cancer que je suis en rémission, et en bonne santé. Je veux renvoyer l’ascenseur. Je propose aussi des ateliers dans les hôpitaux et associatio­ns. Julie, 30 ans. www.lesfranjyn­es.com

J’ai fait cadeau de mes cheveux longs

À cause des chimios, ma grand-mère a perdu ses cheveux. Pour elle qui est si coquette, c’est tellement douloureux… Un jour, alors que je pose ma tête contre son épaule, elle caresse les miens et dit en plaisantan­t que ce serait bien si je pouvais lui en prêter un peu. « J’adorerais ! » J’ai les cheveux très longs depuis quatre ans, mais après un été caniculair­e, j’avais justement l’idée de tout couper. Pourquoi ne pas faire une perruque pour ma grand-mère avec ? Je me renseigne auprès de ma coiffeuse qui me parle de Solidhair. Ah bon ? Ça existe ? En fait, cette associatio­n collecte des mèches de cheveux naturels (25 centimètre­s minimum) pour les revendre à des perruquier­s. Avec l’argent récupéré, Solidhair aide les femmes atteintes du cancer et en difficulté financière, et subvention­ne jusqu’à 300 € l’achat d’une « prothèse capillaire de qualité », car l’aide de la Sécu est minime (125 €). Mes cheveux n’iront pas à ma grand-mère, bien sûr, mais ça va aider d’autres femmes. Le coiffeur partenaire (1 000 membres à consulter sur le site) chez qui je suis allée m’a fait plusieurs petites mèches attachées avec un élastique, « comme ça, il n’y a

J’ai récolté des soutiens-gorge J’ai pris ma mère en photo

pas de perte de matière », m’a-t-il expliqué. La coupe est offerte, et le travail réalisé très conscienci­eusement. Surtout, je suis vraiment fière de mon geste… Fanny, 25 ans. www.associatio­n-solidhair.fr « J’aime mes seins et j’en prends soin », c’est le message que je découvre en rose, sur Pink Bra Bazaar. Je suis d’une lignée où les femmes ont été atteintes. J’ai 28 ans, et je vais très bien, mais je connais bien les épreuves endurées. Tous les mois d’octobre, depuis huit ans, cette associatio­n propose de collecter des soutiens-gorge usagés. Comment ça se passe ? On fait le tri dans son tiroir de lingerie, celui de sa soeur, de sa BFF et on dépose le tout dans des boîtes disséminée­s dans les mairies, des boutiques de lingerie, des hôpitaux… On peut aussi envoyer sa propre Pink Bra box à l’associatio­n (6, rue Jean-Moulin, 91690 Saclas). Dans la mienne, il y en avait plus de 20 l’an dernier ! Et je recommence cette année. Tous les soutiens-gorge sont ensuite utilisés lors d’ateliers créatifs organisés dans des lieux publics, des entreprise­s, ou chez soi… L’idée : apprendre à customiser un push-up tout en parlant dépistage, se raconter ou raconter l’histoire de sa mère ou de sa soeur… Mona, 28 ans. www.pinkbrabaz­aar.org (ateliers les 7 et 8 octobre). Quand sa mère se bat contre un cancer du sein, on voudrait soulever des montagnes, être capable de tout pour lui venir en aide. Je ne suis pas soignante, je suis photograph­e, et avec mon appareil je shoote plutôt des mariages. Je tombe par hasard sur l’affiche du concours photo Estée Lauder en faveur de la lutte contre le cancer du sein. Le thème : « S’aimer. » Je prends mon objectif, et je fais poser mes parents dans le salon, sans artifices. Mon père est d’un soutien sans pareil pour ma mère. Il la regarde toujours avec amour, même avec un sein mutilé. Lorsqu’un couple s’aime, il aime tout de l’autre, ses cicatrices, ses manques, ses peurs… Pour eux comme pour moi, c’était naturel d’exposer cette trace, sans faux-semblants. Elle fait partie de ma mère maintenant, pourquoi la cacher ? Ce cliché aura permis à toute la famille d’associer un souvenir positif à la maladie. De plus en plus de photograph­es, amateurs et profession­nels, braquent leur objectif sur le cancer du sein. La meilleure façon de montrer aux femmes que le combat les rend encore plus belles. Elsa, 31 ans, www.blossomand­co.com. www.pinkribbon­award.fr Pas besoin d’être touchée de près par le cancer pour avoir envie de retrousser ses manches. Quand je vois sur Facebook que l’Institut Curie propose de réaliser le ruban rose le plus long possible, je suis partante. Je ne fais pas partie d’un club de tricot et je ne suis pas particuliè­rement douée, mais je me suis lancée en juin. Chaque bout de ruban compte ! Il suffit de tricoter un petit carré de laine rose de 10 centimètre­s sur 10, et de l’envoyer avant le 10 septembre à l’Institut Curie. Tous les roses sont permis, tous les points aussi. La solidarité, parce que demain ça peut être moi, ça soigne parfois aussi bien que des traitement­s. En plus, cette oeuvre collaborat­ive a été imaginée par des patientes. Le ruban va être installé en octobre sur les bâtiments de l’Institut. Ce qu’on a fait de nos dix doigts sera visible par tous ! Ghislaine, 34 ans. www.curie.fr

Je tricote !

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Les foulards créés par Les Franjynes.

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