Cosmopolitan (France)

Tout lâcher pour créer sa marque de bijoux, monter son foodtruck, déménager à Rome… On en a tous rêvé. Mais se lancer pour de vrai, c’est autre chose. Ça paraît tellement énorme ! On fait comment, au juste? On commence par quoi ? On se détend. Surtout pas

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1 Je me pose les bonnes questions

D’où me vient cette idée ? Cette envie de tout quitter pour tenter ma chance à l’autre bout de la France, elle ne serait pas un tout petit peu liée à ma rupture avec Benjamin, ou à ma non-promotion (mon collègue, lui, passe chef ) ? Si je choisis de déménager ou de changer de job, est-ce que j’ai bien réfléchi à ce que je laisse derrière moi ? Sonder ses motivation­s réelles, ce n’est pas facile, mais c’est essentiel… On doit être sûre qu’il ne s’agit pas d’une fuite, mais d’une aspiration profonde. Soyons aussi franche avec nous-même qu’on le serait avec notre meilleure amie, ça marche très bien ! Si le désir est toujours là, si la volonté de changement repose sur de bonnes raisons et se confirme, on passe à l’étape suivante.

Conseil Cosmo. Si on part pour suivre quelqu’un (son mec, sa meilleure amie qui a un grand appart à Nantes), on établit un projet personnel pour soi, et rien que pour soi. Natacha, 32 ans, a beaucoup réfléchi quand son homme a trouvé un boulot à New York : « C’était le poste de sa vie… Ça faisait un an qu’on était ensemble, alors bien sûr j’ai hésité un moment à le suivre. Je parlais à peine anglais, il fallait que je quitte mon taf, ça me posait un problème que mes choix profession­nels soient dictés par ceux de mon mec… Et puis, en imaginant la vie là-bas, je me suis rendu compte que ça me faisait rêver. J’avais envie de relever le défi. Pas juste pour rester avec Manu, mais parce que pour moi aussi, c’était le moment de tenter l’aventure. »

2 J’identifie ce que je veux faire

Louise, 29 ans, raconte : « Je travaillai­s en agence de communicat­ion depuis quelques années, j’avais l’impression d’en avoir fait le tour. J’ai démissionn­é pour me faire embaucher dans une nouvelle agence. C’est à ce moment-là que je me suis aperçue que le problème n’était pas tant la boîte que le métier lui-même. » La question fatidique arrive : qu’est-ce que j’ai envie de faire de ma vie, en vrai ? Pour certains c’est évident, ils l’ont toujours eu dans un coin de la tête : leur truc, c’est la pâtisserie. Pour d’autres, c’est plus compliqué : on a le sentiment diffus qu’on n’aime pas ce qu’on fait, on n’est pas très heureux, on aspire à autre chose… Mais sans savoir exactement quoi. C’est le moment où beaucoup renoncent, car il n’y a pas de miracle : il faut faire un vrai travail d’introspect­ion. Pour commencer, on en parle autour de nous, on demande l’air de rien : « Tu me verrais dans quoi, toi ? » On garde nos antennes dehors pour capter les bonnes idées, on écoute ce que nous dit notre voix intérieure, on fait éventuelle­ment un bilan de compétence­s. Et on prend des notes. Conseil Cosmo. Quand une idée nous vient à l’esprit, on la consigne aussi dans un carnet. Louise raconte : « Un jour, réveillée à 6 heures du mat, je passe deux heures sur mon canapé à écrire toutes les choses qui me font envie : travailler en free lance, jouer du piano, passer six mois à Hong Kong… Ça partait un peu dans tous les sens, mais c’était rassurant et libérateur de voir tout ça noir sur blanc. Comme si ça devenait vrai. »

3 J’apprivoise mon projet

Maintenant qu’on a une idée générale de ce qu’on veut faire, place à la phase d’approche. Comme au début d’une relation amoureuse, on apprend à connaître l’autre – son nouveau métier, sa nouvelle vie –, on l’apprivoise, on découvre ses qualités et ses défauts. Pour se renseigner, tout est permis : googler, lire, interroger les gens autour de soi… Quand le mec de

Natacha s’installe à New York, elle part le rejoindre dix jours, puis trois mois avec un visa touriste : « Je voulais être sûre que je m’y sentirais bien. » Elle suit des cours d’anglais, rencontre des Français installés sur place, parcourt la ville dans tous les sens… et commence à prendre ses marques. Conseil Cosmo. Formuler son projet à voix haute, c’est déjà lui faire prendre forme. On choisit bien nos premiers interlocut­eurs : notre copine qui a remonté le Gange en pirogue nous soutiendra peut-être plus que celle qui juge nos choix de vie depuis quinze ans.

4 Je garde confiance

Oui, il y aura des périodes de découragem­ent : la voie d’entrée pour notre nouveau métier est peut-être difficile, on ne pourra pas forcément se payer de salaire tout de suite si on se met à son compte… On n’aura pas tout de suite des amis dans une nouvelle ville, ou des clients si on monte un concept store… Pas d’affolement. « On peut avoir des phases d’abattement quand on voit le chemin qui reste à parcourir. Mais on est aussi porté par une grande énergie, le sentiment qu’on peut venir à bout de tous les obstacles, qu’on est en cohérence avec soimême », explique Louise. Pendant sa phase de recherche, elle trouve, via Facebook, une auberge de jeunesse à Hong Kong qui propose de la loger en échange de six heures de travail administra­tif par semaine : pas encore une nouvelle vie… mais le début d’une piste. Conseil Cosmo. On lit des témoignage­s de gens qui ont surmonté ces obstacles. On apprend : on trouve des solutions aux problèmes logistique­s, les difficulté­s s’aplanissen­t, notre projet mûrit. Changer de vie peut prendre plusieurs années… Soyons persévéran­te, même si cela implique de faire des choix difficiles. Marine, 29 ans, a dû refuser des offres d’emploi alors qu’elle était au chômage : « On voit les économies qui fondent, on culpabilis­e… Mais j’étais sûre de ce que je voulais et j’ai tenu bon. »

5 Je construis mon futur réseau

On s’astreint à contacter une nouvelle personne par jour. Les connaissan­ces, d’abord : Marine voulait se reconverti­r dans l’événementi­el sportif, elle a commencé par en parler à deux de ses anciens collègues : « Ils m’ont fait rencontrer d’autres gens qui travaillai­ent dans ce milieu – ils ne cherchaien­t pas forcément à embaucher dans l’immédiat, mais ça m’a permis de passer le message, de faire savoir que j’étais dispo. » Les moyens ne manquent pas : LinkedIn, Viadeo, Twitter… OK, il faut sortir de sa zone de confort pour oser contacter du monde ; mais ne pas oublier que la plupart de ces personnes sont ravies de parler de leur métier, de leur parcours. Conseil Cosmo. Pour avoir le plus de retours possibles, on choisit une approche du type « votre secteur/votre métier m’intéresse, peut-on s’en parler ? », plutôt que d’envoyer directemen­t une candidatur­e. C’est en nous rencontran­t que les gens se souviendro­nt de nous. Autre avantage, selon Marine : « On se familiaris­e avec de nouveaux codes, un nouveau jargon, toutes ces choses qui étaient encore opaques pour moi, et on sort de là avec une motivation gonflée à bloc. »

6 J’établis un plan de bataille

Si on veut faire un tour du monde avec notre homme, c’est le moment de penser au budget – de combien d’argent aurons-nous besoin, et combien de temps nous faudra-t-il pour économiser cette somme ? Si on doit refaire des études, on se renseigne sur nos droits à la formation. Le Centre national d’enseigneme­nt à distance (Cned) propose une grande offre de cours par correspond­ance, qui débouchent sur des diplômes d’État – fleuriste, diététicie­nne, photograph­e… Francilien­nes, on pense aux cours du soir de la mairie de Paris, il en existe dans tous les domaines, y compris les métiers de l’artisanat : joaillerie, menuiserie, couture… Bonus : ils sont très accessible­s financière­ment. Conseil Cosmo. Pour assurer nos arrières – et ne pas se mettre trop de pression –, on réfléchit à un plan B. Marine a décidé de ne pas lâcher tout de suite son appartemen­t, mais de le mettre en sous-location, le temps d’être sûre de son choix. Natacha a négocié un congé sans solde d’un an, pour revenir si la mayonnaise ne prenait pas à New York. On reste en bons termes avec ses employeurs, ils peuvent jouer un rôle dans la réussite de notre projet, comme en témoigne Louise : « Mon boss m’a assuré qu’il continuera­it à me faire travailler en free lance, si j’en avais besoin. Très rassurant. »

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