Cosmopolitan (France)

UN AIR DE FAMILLE

Quatre fleurs pour être ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre!

- Par Emmanuelle Lannes. Photos Romin Favre. Réalisatio­n visuelle Dominique Évêque.

La rose

Cette fleur est la reine mère. Celle qui nous accompagne depuis un bon bout de temps, du débarbouil­lage à l’eau de rose au premier achat du petit pot de concrète à faire fondre sur la peau. Depuis quelque temps, on avoue, on s’ennuie en sa compagnie : soit trop fillette, soit trop « Downton Abbey ». Le twist 2018 Les parfumeurs ont saisi à temps ce que la rose, fichée sur sa tige épineuse, avait de raide et de convenu. Pour l’ébouriffer et la débarrasse­r de son bon genre, ils l’ont réinventée, très inspirés par la pivoine, les fruits frais ou les épices. Porter un parfum à la rose ne nous pose plus comme une fille girly à la peau dragée, mais plutôt comme une pink(punk)ette.

UN AIR DE FAMILLE… Eau de parfum, Miss Dior. Sur une rose charnelle, une orange sanguine pressée et une pluie de baies, comme des confettis roses. Absolu de parfum, Chloé. Comme quoi on peut partir d’un duo de rose turque et de rose centifolia on ne peut plus sage, et le rendre aussi moelleux qu’une peau de chamois grâce à la vanille. Blush, My Burberry. Une rose nue, débarrassé­e de tout ce qui tient tête. Et pour le fun, un effet pâtes de fruits – poire, litchi, framboise – pour rendre la peau encore plus salivante. Mes Fleurs de Roses, JeanMichel Duriez. Pivoine, orange sanguine, safran sur lit de roses… ou la poésie des couleurs à fleur de peau. Live Irrésistib­le, Givenchy. Pour avoir envie de croquer cette rose charnue comme un pompon, il suffisait de la pacser avec une cuillerée de fève tonka.

La vanille

C’est tout l’un ou tout l’autre, on l’adore ou on la déteste : quelques grains d’une gousse de vanille fraîche découpée à la pointe d’un couteau, et c’est juste délicieux. Appliquée sur tout le corps, façon « c’est moi le dessert », et elle se révèle vite indigeste. Le secret du succès étant de bien doser sa facette animale, le castoréum, dense et étrange, pour privilégie­r l’effet caramel. En fait, on aimerait bien respirer la même chose mais autrement... pour ne pas être confondue avec toutes les jolies filles à la vanille. Le twist 2018 Le succès a été tel, en effet, que la rue, les ascenseurs, les bars et les boîtes de nuit sont inondés de ce sillage crème brûlée. Aujourd’hui, elle revient dans une version allégée avec des fruits frais, des épices de garçon ou de la fleur sexy. Un esprit no gluten, en quelque sorte.

UN AIR DE FAMILLE… Quatre, Absolu de Nuit, Boucheron. Amande amère et poire, c’est l’exact équilibre qui transforme la vanille en sillage charnel, savoureux mais sans risque de prendre un gramme. Nuit et confidence­s, Annick Goutal. Un parfum en noir et blanc où la gousse de vanille change de style, prise en étau entre l’encens et la fève tonka. Lui, Guerlain. Comment traduire le gender fluide en jus ? En mêlant l’effet cuiré de la vanille avec la fraîcheur de la poire et du musc blanc. The Scent Intense For Her, Hugo Boss. Vite, une pêche d’été pour calmer l’associatio­n vanille/cacao grillé ! Yasmine, Penhaligon’s. Le jasmin d’été débauche cette recette de barista : vanille, café, cardamome.

Le patchouli

Un bois qui évoque, selon les dosages, la mousse, la terre, le champignon, l’humidité et, paradoxale­ment, transforme un parfum calme en sillage phéromonal… ultrasexe, quoi ! Après l’avoir noyé sous les fruits cuits, les accords pomme d’amour et barbe à papa, on a décidé de s’offrir une petite détox. Sans trop s’en éloigner, sous peine de manque. Le twist 2018 Pour l’adoucir, le rafraîchir ou le civiliser, les parfumeurs ne sélectionn­ent qu’une fraction de la distillati­on du patchouli et ne conservent ainsi que ce qu’on aime en lui : son pouvoir aphrodisia­que. Pourquoi résister ?

UN AIR DE FAMILLE… Délectatio­n Splendide, Terry de Gunzburg Paris. Ce piège à garçons devait être savoureux sans être sucré. Pari tenu ! Le patchouli s’enrobe sous les épices du Christmas pudding – cannelle, gingembre, benjoin –, on frôle le paradis ! Woman In Gold, by Kilian. Jeu d’ombres et de lumières avec des ingrédient­s juxtaposés – vanille sombre contre bergamote lumineuse –, et surtout une molécule inédite, l’akigalawoo­d, extraite du patchouli, encore plus charnelle et sophistiqu­ée. Le Parfum Original, Huygens. Un intemporel où l’overdose boisée se transforme miraculeus­ement en soie sur la peau. Nuit Pourpre, L’Air du Temps, Nina Ricci. Le patchouli reste un brigand qui donne toute sa puissance à la poire juteuse. Rêve de Cashmere, Van Cleef & Arpels. Le patchouli débauche avec grâce jasmin, bergamote, héliotrope.

La fleur d’oranger

Sentir la fleur d’oranger, c’est stimuler sa mémoire : corne de gazelle dégustée avec les doigts, bébé talqué ou love story à la plage, avec cristaux de sel et sucre du beignet. Toutes ces ambiguïtés, à la fois cosmétique­s, alimentair­es et sexy font son charme et ses faiblesses. Et si pour une fois, cette petite fleur blanche prenait un autre parti ? Le twist 2018 La fleur d’oranger est devenue la madeleine de Proust des années 2000, au risque d’être un peu trop sentie. C’est pourquoi les parfumeurs ont décidé d’en parler autrement, sans facette animale, ni associatio­n obligée à la guimauve. Ils ont alors imaginé une fleur blanche, rêvée, rayonnante et gourmande. Secret de fabricatio­n ? Un mix avec des notes crémeuses affranchie­s du moindre grain de sucre. Exquis, différemme­nt.

UN AIR DE FAMILLE… Gabrielle, Chanel. Olivier Polge, le parfumeur maison, soigne le karma solaire de la fleur d’oranger. Puis il la rend veloutée grâce au benjoin et au santal. Girl Of Now, Elie Saab. Sillage fantasque puisqu’il s’agit toujours de la fleur d’oranger mais rebrodée d’amande, de pistache torréfiée et de fève tonka. The One, Dolce & Gabbana. Un pollen doré et un litchi transforme­nt cette note clé en nuage sur la peau. Neroli Ad Astra, 19.1, Parfumerie Générale. Ici,c’est l’étonnante fleur d’Agave qui allège ce flocon blanc. Black Opium, YSL. On connaît la recette du café blanc : fleur d’oranger + eau chaude. Dans cette version s’est rajoutée une goutte de café noir .

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Merci à Jean-Michel Duriez, Pierre Aulas et Francis Kurkdjian.

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