Cosmopolitan (France)

...LES COCKTAILS

C’est beau, c’est bon et c’est traître.

- Par Manon Pibouleau

JJ’avoue, j’adore les cocktails. Avec leurs couleurs d’été, ils me rendent joyeuse au premier regard. Et quand j’ai de la chance, je peux boire et manger en même temps. Bonbons, olives, cerises confites : grignoter la présentati­on me donne l’impression de réaliser une affaire. Les mecs qui pensent que c’est un « truc de filles » ? Ça me fait doucement rire. Je suis persuadée que si les cocktails portaient des noms de footballeu­rs, ils s’aligneraie­nt au comptoir en bêlant : « Patron, mets-moi deux zizous. Oui, oui, avec du sucre rose tout autour du verre, j’adore ça. » Attention, donner mon avis ne fait pas de moi une spécialist­e. La preuve : dès qu’il y a trop de choix à la carte, je demande toujours « un-mojito-s’il-vous-plaît ». Sauf les jours où mon horoscope m’explique qu’il faut prendre des risques. Là, je propose au barman de me « surprendre ». Il laisse alors parler son sens artistique en remuant du shaker. Résultat : c’est impression­nant à regarder et bon en bouche. Parce que réaliser un cocktail, c’est un art à part entière. Le seul à devoir être consommé avec modération, et c’est bien dommage : j’ai plutôt tendance à assister aux happy hours qu’aux vernissage­s. Récemment, j’ai même découvert qu’il existait des écoles pour apprendre à mélangerjo­ngler-rien-casser. Moi, comme je n’ai ni formation ni talent inné, quand je veux jouer à la barmaid, ça pique un peu la gorge. Partant d’un principe très bête selon lequel « mieux vaut trop que pas assez », je verse deux louches d’alcool pour un doigt de jus de fruit. Je veux faire plaisir à mes invités. Sauf qu’à la première gorgée, tout le monde s’étouffe. La « mixologie », c’est une vraie science et des dosages à respecter. Les profession­nels, eux, trouvent toujours les associatio­ns parfaites, y compris avec des ingrédient­s audacieux, voire improbable­s : poivre, Tabasco, gingembre, blanc d’oeuf, caviar… Comme quoi, même à l’heure de l’apéro, les personnes passées du côté vegan de la force doivent surveiller leur verre de près.

Le seul problème avec les barmen, c’est qu’ils seraient capables de me faire gober n’importe quoi. Lorsque je sirote un cocktail, je fais toujours la même réflexion à la copine : « C’est dingue, on ne sent quasiment pas l’alcool. » Du coup, ça m’inquiète « T’es sûre qu’il a mis de l’alcool ? » À dix euros grand minimum la conso, pas question de me faire embrouille­r sur la marchandis­e. J’ai la réponse une heure plus tard, quand j’organise une queue leu leu avec la table voisine. Le lendemain, pendant que je pratique la brasse coulée dans ma cafetière, j’en arrive à la même conclusion : « C’est bon mais c’est traître. Je vais mourir aujourd’hui, ça ira mieux demain. » Alors je freine ma descente jusqu’au vendredi suivant, histoire de profiter pleinement de cette merveille que je n’avais jamais eu l’idée de goûter : « Garçon ? Un cosmopolit­an s’ilvous-plaît ! »*

Et glou et glou et glou… Et aïe, aïe, aïe !

*QU’EST-CE QU’IL Y A DANS UN COSMO ? QUE DU BON !

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