Cosmopolitan (France)

À 30 ANS

Elle enchaîne les saisons dans le bar de ses parents et les voyages autour du monde. Avant de trouver sa voix : bartender.

- Par Martine Tartour. Photo Julie Ansiau.

Petite, je veux être institutri­ce. Mes parents tiennent un bar-PMU à Orléans. Très tôt, je donne un coup de main le midi en rentrant de l’école. En cuisine avec ma mère, je fais les croque-monsieur, mon frère est derrière le comptoir avec mon père, on est les mascottes du bar. J’ai 14 ans, on déménage à Royan. Mes parents reprennent un bar de plage avec DJ. Hyper prenant. On me met en pension. Après le bac, je veux faire une école d’art, je dessine plutôt bien. Mais pour mes parents, artiste ce n’est pas un métier, je m’inscris à une formation à la PAO, à Bordeaux, pour travailler dans la pub. À 19 ans, j’arrête en milieu d’année. Je retourne faire la saison avec mes parents. Je dors trois à quatre heures par nuit, je bosse sept jours sur sept… En octobre, je pars comme fille au pair en Angleterre pour un an. 23 ans : je veux reprendre des études. Je m’inscris à l’EJC de Toulouse pour être journalist­e. En deuxième année, je fais un stage dans un magazine pour expats à Bangkok. J’adore. Quand, à mon retour, mon petit copain me propose de partir avec lui en Thaïlande, alors qu’il me reste une année, j’accepte et abandonne mes études. Là-bas, deux mois plus tard, on se quitte. Je reste sur place. Voyages, rencontres… 26 ans, je reviens faire la saison chez mes parents. Je rencontre cet été-là un autre saisonnier, et on décide de sillonner l’Amérique du Sud. À notre retour, on enquille une saison de six mois à Royan, puis un voyage en Asie. J’ai 27 ans, mes parents vendent leur bar. Je m’installe à Paris et suis une formation de community manager. À la demande des nouveaux patrons, j’accepte de retravaill­er au bar parce que ça paye bien, 10 000 euros d’économies en six mois. Sauf que je me fais mal au dos. Je comprends que ce sera ma dernière saison. 28 ans : de nouveau célibatair­e, je m’inscris à l’European Bartender School de Las Vegas. En un mois, 77 cocktails à apprendre, des cours de flair, de jonglage avec bouteilles. Le patron de l’EBS me propose alors de venir en Floride m’occuper de ses réseaux sociaux. Un mois à Miami suffit à donner un autre sens à ma vie : j’expose deux grands dessins dans une galerie sous mon nom d’artiste, Corart. 29 ans, diplôme en poche, retour à Paris. Après un passage au Mama Shelter, je suis chef de bar à l’hôtel Le Pigalle. D’ici mes 35 ans : gérer mon propre bar. Dessiner, exposer, voyager.

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