Cosmopolitan (France)

LE CHOUCHOU : DAVID FOENKINOS

L’écrivain à succès publie un nouveau roman tandis que sort le DVD de « Jalouse », la comédie avec Karin Viard qu’il a écrite et coréalisée avec son frère Stéphane.

- Par Florence TrŽdez

De l’auteur de « la Délicatess­e », on ne s’attendait pas à un coup de poing sur le nez. Mais pas non plus à cette prévenance, à ce café qu’il vous prépare lui-même avec gentilless­e. David Foenkinos vous reçoit chez lui, « dans un meublé », précise-t-il, qu’il loue en rez-de-jardin. Le salon, anonyme, est encombré de jouets et de meubles d’enfant (sa fille, Alix, a 3 ans). On s’assoit à la table, qu’il balaie machinalem­ent de la main pendant l’interview pour ôter quelques miettes. On est bien. On a l’impression de faire partie de la famille de ses lecteurs, dont le nombre grandit à chaque publicatio­n, depuis que « la Délicatess­e », son huitième roman sorti en 2009, a atteint des chiffres astronomiq­ues en restant un an et demi numéro un des ventes. Son dernier ouvrage, « Vers la beauté » (Gallimard), devrait suivre le même chemin. C’est l’histoire d’un professeur d’histoire de l’art, assez houellebec­quien dans sa fuite en avant, qui plaque tout pour devenir gardien de salle au musée d’Orsay et contempler toute la journée des Modigliani. « Un livre très personnel. À 16 ans, j’ai été très gravement malade (une infection de la plèvre, rarissime pour un ado, ndlr), j’ai été opéré du coeur, et les livres ont changé ma vie. L’art, la beauté, m’ont consolé, apaisé, alors qu’avant je détestais lire. » Son roman, captivant, se lit d’une traite. Même s’il est plus sombre qu’à l’accoutumée. « Je devais être très déprimé lorsque je l’ai écrit », plaisante-t-il (à moitié). Lui qui ne verse jamais dans l’autofictio­n, dit de lui-même : « Je suis très double, très Scorpion, mon signe astrologiq­ue. D’ailleurs, depuis l’opération, j’ai une très longue cicatrice qui me coupe en deux. » Il explique : « J’apprécie à la fois l’ombre et la lumière. Je peux aimer faire des dédicaces, donner des interviews, et puis dès que c’est fini, je n’ai plus aucun contact avec ça. Je redeviens quelqu’un de secret, qui vit à travers ses livres. Et je ne fais jamais lire mes manuscrits à personne avant de les montrer à mon éditeur. » De la chance « inouïe » qu’il a eue d’être publié, lui qui ne venait pas d’un milieu littéraire, et avait multiplié les petits boulots (serveur, prof de guitare jazz) avant de se lancer dans l’écriture, il est encore, on le sent, émerveillé. Même si ni le succès, ni l’argent, confie-t-il, ne sont gages d’épanouisse­ment. Alors quoi ? En vrac, ses voyages sur la côte Ouest des ÉtatsUnis, ses projets de livres ou de scénarios, la littératur­e russe… L’existence vue par Foenkinos, en somme, qu’on est ravie d’avoir partagée, ne serait-ce qu’un instant.

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