Cosmopolitan (France)

MOI ET… LA FÊTE DE LA MUSIQUE

Si les hirondelle­s annoncent le retour du printemps, les concerts marquent le début de l’été. Oh yeah !

- Par Manon Pibouleau

Flashback. Jusqu’à mes 15 ans, j’envisage très sérieuseme­nt de m’engager dans une carrière de rock star – et je remercie mes parents qui ne m’ont jamais découragée, préférant « attendre que l’orage passe ». Il faut reconnaîtr­e que je n’ai pas les cordes vocales d’Aretha Franklin. Ni même celles de Carla Bruni. Alors faute de talent, je mets du coeur et beaucoup de bonne volonté à préparer mon spectacle de fin d’année. C’est le 21 juin, pour la Fête de la musique : un rendez-vous incontourn­able. J’y vois là une juste récompense de mon travail acharné. Le jour J : mal dormi et mal au ventre. Pour calmer mon stress avant de monter sur scène (deux palettes superposée­s en plein dans le passage des serveurs), j’essaye de penser positif : « Les stars ont bien commencé quelque part. » En l’occurrence, le début et la fin de ma carrière se déroulent le même jour, au même endroit. Le Café de Robert, en périphérie de Toulouse. Public : 15 personnes. Famille : 12.

Boire et danser

En grandissan­t, comme il n’y a pas de filière Beyoncé dans ma fac, j’arrête de pousser la chansonnet­te. À l’époque, je considère plutôt cette journée comme un super prétexte pour faire la bamboula. Elle signe la fin des nez qui coulent et des pulls qui grattent. On accueille l’été en fanfare, comme si on criait « Surpriiiis­e ! » à un ami qui rentre d’un long voyage, trop contente de le retrouver. Il n’y a même pas besoin d’avoir le sens du rythme pour l’apprécier. Surtout en ce qui me concerne : je pratique beaucoup plus la fête que la musique. Et là, les circonstan­ces sont idéales pour danser jusqu’à l’aube et rentrer sur la pointe des pieds, avec une excuse en béton à servir aux parents : « C’est la nuit la plus courte de l’année, alors techniquem­ent, j’ai pas trop abusé, t’sais. » À ma conscience qui me rebat les oreilles avec mon partiel de philo, j’explique que si j’y participe, c’est pour célébrer la culture justement – LOL. Évidemment, le lendemain matin, je lui demanderai pardon au nom de ma mauvaise foi, mais pas trop fort parce que « aïe » le crâne. « Aïe » aussi le 5/20.

Se balader et écouter

Aujourd’hui, je préfère flâner en ville avec des amis. L’ambiance est légère et les passants sont beaux avec leurs joues rosies par les premiers rayons de soleil – et trois spritz en terrasse. On marque l’arrêt dans un premier troquet, on écoute le groupe qui se produit et on reprend la route jusqu’à la prochaine scène improvisée. Mariah Carey ne se trouve pas à chaque coin de rue, et c’est tant mieux. Les musiciens amateurs (pour la plupart) mettent tellement d’enthousias­me que ça fait plaisir à voir – à entendre, ça dépend. En prenant la prochaine à droite, je tombe sur un concert de hip-hop quand, deux rues plus loin, résonnent les guitares électrique­s. Alors que je siffle un panaché, un air me titille les tympans et agit comme une madeleine de Proust. « Zombie » des Cranberrie­s ! Vite, je remonte jusqu’aux enceintes à l’origine du son. Au bout du micro, je trouve une fille au style et au talent approximat­ifs – une mèche rose dans les cheveux et de la friture sur les cordes vocales. Elle ferme les paupières, transporté­e par la chanson qu’elle interprète. Dans sa tête, je sais exactement où elle se trouve : à l’Olympia, devant un public chaud bouillant, deux minutes avant la standing ovation. Alors quand les dernières notes retentisse­nt, j’applaudis jusqu’à m’en brûler les mains.

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