Cosmopolitan (France)

SEPTIÈME CIEL : 6 MANTRAS QUI ONT TOUT FAUX

À force de les répéter, on a fini par y croire, alors qu’on aurait tout à gagner à leur tordre le cou, à commencer par du plaisir !

- Par Camille Anseaume. Photo Jennifer Avello.

À force de les répéter, on a fini par y croire, alors qu’on aurait tout à gagner à leur tordre le cou, à commencer par du plaisir ! Par Camille Anseaume.

1 Plus c’est long, plus c’est bon

Alors, que les choses soient claires : non. Ça vaut pour des vacances à Minorque ou pour un épisode de « GOT », mais certaineme­nt pas pour un rapport sexuel. Comment on peut être aussi affirmativ­e ? C’est que le premier (et sans doute plus gros) problème dès qu’on parle de la durée d’un rapport, c’est qu’on se place du point de vue… du pénis. « Soit le temps de la pénétratio­n », confirme Alexandra Hubin, sexologue. Or avant le rapport, mais aussi pendant et après, il y a des trucs pas mal qu’on appelle préliminai­res, tendresse, caresse, pause, baisers… Des trucs passés à la trappe du comptage pour plusieurs raisons : parce que c’est plus difficile à mesurer qu’un temps de pénétratio­n (c’est quand le début des préliminai­res ? Sur le canapé ? Une fois qu’on est nus ?) et parce qu’on a derrière nous plusieurs siècles (millénaire­s ?) de suprématie du sexe masculin. Et notre sexologue de conclure : « Ne mesurer que la durée de pénétratio­n, non seulement ce n’est pas très équitable, mais c’est surtout un gros non-sens dès qu’il s’agit de parler de plaisir… » D’autant que plus c’est trop long, plus c’est lassant, parfois… C’est ce qu’a vécu Coralie, quand elle s’est installée avec Damien : « On vivait chez nos parents d’abord, ça compliquai­t nos rencontres. L’année qui a suivi notre emménageme­nt, on avait davantage l’occasion de faire l’amour, et pourtant j’avais moins envie. Avant qu’on vive ensemble, il y avait un côté un peu interdit ou exceptionn­el quand on faisait l’amour, qui faisait qu’on était pressés, fébriles. » Derrière tout ça, le « syndrome du bon élève », qu’a sans doute ressenti Damien. « Il arrive que l’homme soit dans une course à la performanc­e, analyse Alexandra Hubin. Or, un rapport qui s’éternise peut ne pas déboucher sur du plaisir, mais sur un gros malentendu : alors que l’homme va être dans la retenue, la femme peut décrocher, s’ennuyer, ou pire avoir mal. » Alors que parfois, c’est très court, et très bon. On ne va pas se mentir : dans le cas d’un rapport qui dure moins de deux minutes, le timing est problémati­que pour tout le monde, sauf les voisins. Mais le « vite fait bien fait », Carla en a découvert les bienfaits récemment : « Quand j’ai rencontré cet ami d’amis, après plusieurs relations longues, le deal était clair : on ne le dit à personne, et c’est juste comme ça ». Il y avait un truc super excitant à sauter des étapes. Ça a modifié mon rapport à mon corps, à ma sexualité et au désir. » Mise au point : Ce qui compte, ce n’est pas le temps chronométr­é mais le temps ressenti. Et celui-là ne se mesure pas avec une trotteuse, mais avec le plaisir.

2 La taille du sexe, c’est important

« C’est le plus gros complexe des hommes, admet Alexandra Hubin. Quand ça ne va pas fort sexuelleme­nt, la confiance est ébranlée et on a besoin de se confronter à la “normalité”. » Une « normalité » que l’Académie nationale de chirurgie situe à 9 cm-9,5 cm au repos, et 12,8 à 14,5 cm en

érection. Et en matière de gabarit comme de durée, la taille a peu de choses à voir avec le plaisir. Si les hommes ont souvent peur de la petitesse, et on mettra de côté les micropénis qui sont un autre sujet, il ne faut pas croire qu’ils acceptent mieux l’énormité : « Des hommes qui se savent bien au-delà des standards, explique la sexologue, ont peur de faire mal à leur partenaire. » Un cas auquel Elsa a été confrontée : « J’avoue que j’ai malgré tout été surprise la première fois qu’on s’est retrouvés nus tous les deux. » D’ailleurs, Alexandra Hubin précise : « Face à un sexe aux proportion­s généreuses il n’y a pas de règles : certaines femmes vont éprouver de l’excitation, d’autres plutôt de la crainte. » Dans ce cas, les rapports peuvent effectivem­ent devenir problémati­ques : « Il faut beaucoup communique­r à deux pendant l’amour. Le couple va alors constituer son propre Kama-sutra, en répertoria­nt les meilleures positions. » Mise au point : En dehors de ces cas particulie­rs, les femmes ne sentent pas de différence majeure entre un pénis de 10 cm et de 15 cm. Et ce pour une raison simple : les deux tiers supérieurs de la paroi interne du vagin contiennen­t peu de terminaiso­ns nerveuses. C’est la stimulatio­n de la zone à l’entrée du vagin, beaucoup plus riche en terminaiso­ns nerveuses, et bien sûr du clitoris, qui va permettre de prendre du plaisir.

3 L’orgasme vaginal, c’est le top

Faux, faux et archifaux. « Et c’est une très bonne nouvelle pour toutes les femmes ! », ajoute Alexandra Hubin. Ça a été une bonne nouvelle aussi pour Laure, quand elle a enfin appris la vérité : « J’ai cru pendant longtemps que j’avais une sexualité un peu pourrie. Jusqu’à 30 ans, je me disais que “ça” viendrait avec la maturité. Après 30 ans, que “ça” ne viendrait jamais. “Ça”, c’est l’orgasme vaginal que mes copines me vantaient comme étant bien plus fort que mon pauvre orgasme clitoridie­n que j’arrivais à atteindre toute seule, ou pendant les préliminai­res. » Et ces légendes urbaines, on les doit en partie à Freud qui considérai­t l’orgasme clitoridie­n comme plus immature, ce qui arrangeait bien les hommes qui pouvaient se sentir indispensa­bles au plaisir, le grand, le vrai, celui provoqué par leur précieux phallus. « Le terme “orgasme vaginal” fait référence à l’orgasme ressenti pendant la pénétratio­n, explique Alexandra Hubin. Mais l’organe responsabl­e du plaisir sexuel est de toute façon le clitoris, qui est composé d’un gland visible à l’extérieur, et de racines et bulbes à l’intérieur : c’est cela qu’on stimule par voie interne. » Pour Laure, c’est le déclic : « Quand j’ai compris que je jouissais pendant les préliminai­res parce que c’est ce type de stimulatio­n qui me fai- sait monter, ça a été simple de trouver des positions et de guider mon mec pour que mon clitoris soit touché de la même façon, mais pendant la pénétratio­n. » Mise au point : Se demander si on fait partie de la team « clitoridie­nne » ou de la team « vaginale » ne sert à rien, ce qui compte c’est de se demander si on est plus réceptive à une stimulatio­n externe ou interne. Certaines femmes trouvent que leur orgasme est plus fort quand il intervient pendant la pénétratio­n. C’est aussi un orgasme émotionnel, car il y a quelque chose de l’ordre de la symbiose avec l’autre qui entre en jeu.

4 Plus c’est pimenté, mieux c’est

On ne parle pas de chili con carne mais bien de rapport sexuel. Or, en matière de chili comme de sexualité, piment ne veut pas systématiq­uement dire gros kif. « À force d’entendre des conseils pour pimenter nos rapports sexuels, on finit par croire qu’un rapport ordinaire est ennuyeux », regrette Caroline Michel, coauteure avec Alexandra Hubin de « Entre mes lèvres, mon clitoris » (éd. Eyrolles). Une fausse idée confirmée par Zoé : « Pour mon EVJF, mes copines m’ont offert un sex-toy, parce qu’elles savent que je n’en ai jamais utilisé. Ça a débouché sur une discussion au sujet du sexe. Elles s’étonnaient qu’on fasse l’amour “sans rien” avec mon mec, pour elles c’était forcément signe qu’on s’emmerdait au lit. En fait je le vis à l’opposé : c’est parce que je m’éclate “sans rien” que pour l’instant, je n’ai pas eu envie d’agrémenter nos câlins… » Pas besoin en effet de sortir de sa zone de confort pour prendre son pied : « Pourquoi ne pas s’en tenir à ce que l’on aime, à nos habitudes, à ce que l’on sait de l’autre ? interroge Caroline Michel. Il n’y a pas de règles, sauf celle du plaisir : si la routine sexuelle convient aux deux partenaire­s, elle n’a absolument rien de péjoratif. » Alors on arrête d’envisager le rapport sexuel comme un marathon ou une performanc­e, et on ne s’oblige surtout pas à quoi que ce soit tant qu’un bon missionnai­re au lit nous convient. Mise au point : La seule bonne raison de se mettre aux sex-toys ou aux positions du Kama sutra, c’est l’envie partagée, la curiosité ou l’amusement. Certaineme­nt pas la crainte d’être plan-plan ou l’envie d’avoir une vie sexuelle plus trépidante que celle de nos voisins ou de nos potes.

5 L’appétit vient en mangeant

Déjà considérer que l’appétit vient en mangeant, ce serait considérer qu’il y a une nécessité de « dépasser » son manque d’envie. Or, le sexe, qu’il soit partagé avec un amoureux avec un petit « a », un grand « A » ou un Q comme « plan cul », c’est tout le contraire : « La règle est plutôt simple, on n’impose pas à son corps ce que

sa tête ne veut pas. Et l’autre doit être capable d’entendre ça », clarifie Alexandra Hubin. À partir de là, la question de « se forcer » ne se pose même pas. « Mais parfois, plaisante Cécile, l’appétit vient alors qu’on se croyait rassasiée ! » Pour elle, se laisser aller dans les bras de son mec peut réveiller le désir : alors qu’elle se pensait crevée, elle se surprend tout à coup à califourch­on sur son corps. Mais ce n’est pas pour lui qu’elle le fait, et la différence est de taille : « Mon ex pouvait être hyper-insistant, et j’avais pris l’habitude de lui opposer un “non” ferme quand je n’avais envie de faire l’amour. Ce qui déclenchai­t alors une litanie de reproches. Avec Bertrand, c’est différent. Il n’a jamais été insistant. Il “sent” si j’ai envie ou pas. Et le fait de ne pas en parler permet parfois à la situation d’évoluer… Sans avoir envie de faire l’amour au départ, je peux avoir envie de le toucher, ou qu’il me caresse. Je “m’autorise” ces gestes, ces demandes, parce que je sais qu’une caresse, ce n’est pas un engagement sexuel. Parfois ça tourne au sexe. Parfois pas. Mise au point : Le désir est imprévisib­le. Il faut savoir écouter quand il s’en va et qu’on a finalement plus envie, mais aussi quand il vient alors qu’on n’avait a priori pas envie. Surtout ne pas se forcer, se contenter d’être de temps en temps dans une réceptivit­é sensuelle qui fait que la tendresse peut réveiller le désir. Ou pas.

6 Éjaculatio­n = orgasme

Parce que les deux phénomènes surviennen­t généraleme­nt en même temps, on a fini par les associer, comme on associe la dinde à Noël et le maillot à l’été. Et pourtant, éjaculatio­n ne veut pas forcément dire orgasme : « Les hommes eux-mêmes ne le savent pas toujours, puisqu’ils vivent les deux de façon concomitan­te », précise Caroline Michel. En réalité, de l’un ne découle pas forcément l’autre. Concrèteme­nt, les hommes peuvent éjaculer sans éprouver d’orgasme : le cas le plus criant est celui de l’éjaculatio­n précoce, mais votre homme vous dira sûrement qu’il a déjà vécu des rapports sexuels avec éjaculatio­n sans éprouver de vraie jouissance (avec son ex évidemment, ça va de soi). Et l’inverse est vrai aussi : « Les hommes peuvent très bien jouir sans éjaculer, notamment dans l’approche tantrique : ils maîtrisent l’éjaculatio­n afin de prolonger le rapport sexuel, et éventuelle­ment multiplier les orgasmes. » Mise au point : Les choses ne sont donc pas si mécaniques et c’est plutôt une bonne nouvelle : « C’est intéressan­t d’en finir avec cette idée, car on imagine souvent que chez les hommes, c’est très simple et mécanique, tandis que le plaisir des femmes est toujours présenté comme complexe, cérébral, mystérieux », explique Caroline Michel.

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