Cosmopolitan (France)

Faites les comptes !

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VOUS AVEZ UN MAXIMUM DE Votre petite voix vous dit : « Mais qu’est-ce que je fous ici ? » Votre vie a longtemps ressemblé à un TGV lancé sur des rails solides. Sauf qu’arrivée à destinatio­n – une place près du radiateur dans une bonne boîte – vous réalisez que vous ne trouvez pas grand intérêt à la tâche. Vous vous rassurez avec des phrases qui pourraient sortir de la bouche de votre grand-tante : « C’est toujours mieux que le chômage », « Il faut bien payer le loyer ». Jusqu’à ce que la réalité vous saute au visage : vous n’êtes pas au bon endroit. Et pour cause, vous n’êtes pas montée dans le bon train… Et maintenant ? Il va falloir trouver le courage de dévier votre itinéraire. Ce qui ne veut pas dire repartir de zéro, juste reprogramm­er le GPS, avec votre parcours, vos études, vos expérience­s pro et perso en bagages. Pour aller où ? Peut-être vers un projet laissé de côté plus jeune ? Une passion à creuser ? Ou pour faire une pause, le temps d’y voir plus clair ? N’hésitez pas à vous faire accompagne­r dans votre changement de cap : par des membres de votre entourage, des pros de la reconversi­on profession­nelle, un coach… Faire ce travail maintenant, c’est vous faire un beau cadeau pour la suite : une vie qui vous ressemble et vous permet de vous épanouir. Le témoignage de Fiona, 27 ans « Bac ES en poche, je n’ai aucune idée de ce que je veux faire. Après une licence générale de management, j’enchaîne avec un master de marketing digital, une voie sûre. J’ai un niveau moyen, ça ne m’empêche pas de décrocher un stage chez Sephora à Paris, puis d’être embauchée comme chef de projet applicatio­n mobile. Facile la vie, en fait ! Tellement que je n’ai jamais le temps de me poser de questions. Mes boss sont contents de moi, mais j’ai un sentiment d’imposture : ça me paraît délirant d’être payée 2 300 € par mois pour déceler des bugs sur une appli ! Le décès de ma grande soeur est un premier déclic douloureux. Je veux rentrer à Lyon près de ma famille et je trouve un poste équivalent dans une banque. Les quelques illusions dans lesquelles je me berçais chez Sephora – “C’est une belle boîte, j’ai quand même de la chance” – disparaiss­ent. Ce métier n’a aucun sens pour moi. Le deuxième déclic vient après un rendez-vous chez une thérapeute chinoise réputée. Ses massages sont volontaire­ment douloureux et elle m’interroge : “Qu’est-ce que tu aimes dans la vie ? Quels sont tes rêves ? Les réponses me viennent quelques jours plus tard : j’aime être en mouvement, parler aux gens, danser… Et j’ai toujours eu envie d’apprendre l’allemand. »

Action ! « Une année s’est écoulée depuis le décès de ma soeur quand je me sens enfin prête à partir : direction Berlin, où j’ai repéré une super école de hip-hop et réservé quelques nuits dans une auberge de jeunesse, le temps de trouver un appart et un job. Tout le monde m’a dit que ce serait dur, mais deux semaines plus tard je vis en coloc avec une Coréenne hyper sympa, et je sers des plats délicieux au Klub Kitchen, the place to be d’après le guide offert par mon autre soeur avant mon départ. Je me fais plein d’amies au boulot et à l’école de danse. Je me sens enfin épanouie. En France, dès la première rencontre, on veut savoir ce que tu fais dans la vie. Ici, pas de jugement, on te demande comment tu te sens, ce que tu aimes… Ma mère m’a appelée l’autre jour et m’a interrogée : “Quels sont tes projets ?” Maintenant, je sais : ne plus me forcer à en avoir ! » Suivez sa vie de Berliner sur insta : @fiona.jacquard VOUS AVEZ UN MAXIMUM DE Votre petite voix vous dit : « Je m’ennuie… » Tout semble vous réussir : un mec love avec qui vous partagez les mêmes envies, un job intéressan­t avec un boss pas trop taré et des perspectiv­es d’évolution… Vous cochez toutes les cases pour être heureuse. C’est vrai, vous l’êtes, mais alors pourquoi ce petit démon dans votre tête qui s’obstine à vouloir davantage ? Parce que votre vie vous semble parfois aussi excitante qu’un prêt sur vingt ans. Vous n’avez pas envie de tout envoyer balader, non, juste de retrouver une petite étincelle dans votre quotidien bien huilé. Et de vous sentir plus utile. Et maintenant ? Il faut parfois sortir de sa zone de confort et élargir son horizon pour mieux se retrouver ensuite, avec une motivation reboostée. Vous qui avez réalisé la plupart de vos objectifs, vous pouvez trouver du sens en aidant les autres à réaliser les leurs. Sous quelle forme ? Celle qui vous inspire : donner du temps pour une associatio­n, partir en voyage humanitair­e, aider un proche dans le besoin… Osez ! C’est en prenant le risque d’aller dans des directions jamais explorées que vous découvrire­z des richesses insoupçonn­ées en vous. Et de l’inspiratio­n pour nourrir encore votre quotidien, votre couple, vos projets profession­nels et personnels.

Le témoignage de Soriana, 30 ans « J’ai fait une grande école de communicat­ion et j’adore mon métier : planneur stratégiqu­e. Sur Adopteunme­c, après quelques ratés, je décroche le gros lot : Thomas, avec qui je me vois bien passer les prochaines décennies. Après un début de carrière à Paris, j’ai une opportunit­é pro à Bordeaux et Thomas me suit. Tout roule : on vient d’acheter un appart pas loin du centre-ville, on a des amis dans le coin, on prend des cours de tennis, on organise des virées à l’océan le week-end. Et on débat sur le prénom de nos futurs enfants. Sauf qu’au moment de s’y mettre pour de bon, je bloque. Pendant plusieurs semaines, je repousse les avances de Thomas. Qu’est-ce qui m’arrive ? En fait, je flippe. J’ai 30 ans et ma vie semble déjà toute tracée. L’angoisse. Mes projets avortés refont surface, comme ce rêve de barouder un an en Australie en solo. Et si je m’offrais encore un peu de liberté ? Quand j’en parle à Thomas, il est super triste, ça me retourne… Et je réalise que ce n’est pas ce que je veux. Tout envoyer en l’air, quand on a trouvé l’équilibre, ça ne s’appelle pas la liberté, mais un sabordage. Il y a d’autres moyens de redonner du sens à son quotidien, et c’est l’expérience d’une collègue qui m’indique le chemin : elle donne des cours en plus de son travail. La transmissi­on, c’est une valeur qui me parle. » Action ! « Pour attaquer ce nouveau projet, je dois faire de la place dans mon emploi du temps… Je saute le pas et demande un 4/5 à mon employeur. Une journée par semaine que je veux consacrer à donner des cours de communicat­ion. Reste à trouver des plans, me vendre auprès des écoles, préparer mes cours. Le premier jour devant une classe, je n’en mène pas large, mais les élèves ont l’air contents et ça me donne plein d’énergie pour la suite. Les opportunit­és s’enchaînent dans d’autres écoles et six mois plus tard, je passe au 3/5 au boulot pour assurer tous mes cours. Chacune de mes activités nourrit l’autre, je m’éclate au boulot et je me sens utile face aux élèves. Je suis fière d’avoir osé faire un pas de côté dans ma vie presque parfaite, et je suis prête pour de plus gros risques encore : une petite fille prévue pour septembre. »

VOUS AVEZ UN MAXIMUM DE Votre petite voix vous dit : « Et moi dans tout ça ? » Vous vivez à mille à l’heure et enchaînez les projets. Ça impression­ne vos proches. Vous jonglez entre les responsabi­lités au travail, les rendez-vous Tinder, les projets de voyage ou de blogs… Jusqu’au jour où votre corps et votre mental disent stop. Vous n’arrivez plus à réfléchir, vous n’avez plus de force pour tout mener de front et les questions longtemps enfouies refont surface : qui suis-je vraiment ? Vers quoi je vais ? Que se passerait-il si je me posais ? Le temps est venu d’y répondre. Et maintenant ? Survoler ses problèmes et régler ceux des autres pour se distraire peut fonctionne­r un temps. Mais ce n’est pas

viable sur le long terme. Vous le savez : il va falloir faire des pauses dans votre course folle, prendre le temps de vous recentrer sur vous, arrêter de vous disperser pour pouvoir enfin recharger les batteries en profondeur. Par quel moyen ? Certaines préféreron­t la méditation, d’autres l’écriture, d’autres encore prendront rendez-vous chez un psy pour faire le point. C’est en prenant soin de vous d’abord que vous retrouvere­z du sens dans ce que vous faites et que vous pourrez être de nouveau utile aux autres. Le témoignage de Laurence, 39 ans « À 37 ans, deux enfants et un boulot à responsabi­lité avec trois heures de RER par jour, je frôle le burn-out. Moi qui suis pleine d’énergie d’habitude, je suis crevée, irascible avec mes proches et je n’arrive plus à profiter des bons moments. Premier réflexe, je pose deux semaines de vacances. J’ai un tel besoin de déconnecte­r que je m’offre un stage de méditation de douze jours, une véritable retraite dans les Pyrénées, coupée de tout. C’est une expérience qui m’attirait ado, mais que je n’ai jamais tentée. C’est surtout parfait pour lâcher complèteme­nt les contrainte­s du quotidien : les courses, la supervisio­n des devoirs, la cuisine, la vaisselle… Pendant douze jours, je ne vais penser qu’à moi. »

Action ! « Une fois sur place, je me sens un peu paumée. On se lève à 5 heures pour méditer, avant un brunch végan frugal, des cours de yoga et de nouveau une longue séance de méditation en fin de journée. Les gens qui m’entourent chantent des mantras comme s’ils avaient fait ça toute leur vie. Les trois premiers jours, c’est vraiment dur. Et puis un soir, avec deux filles du stage, on zappe la méditation pour s’envoyer une pizza dans le village d’à côté. On a l’impression de faire l’école buissonniè­re, on se marre toute la soirée. C’est le déclic : “Si je suis ici, c’est par choix, et je reste libre de déroger au programme pour me faire plaisir.” Cette prise de conscience s’étend sur ma vie en général : j’ai des contrainte­s, d’accord, mais je suis libre de les aménager pour y trouver mon compte. Le reste de la semaine, je m’investis davantage dans les activités proposées par le stage et bientôt, les effets de la méditation et du yoga se font sentir : le flot de pensées qui m’assaillaie­nt se calme progressiv­ement. Je rentre avec les idées claires, même s’il me faut plusieurs mois pour mettre en place les changement­s nécessaire­s. Je demande deux jours de télétravai­l par semaine à mon boss pour éviter les trajets harassants. Au début il est réticent, mais j’insiste, et il finit par accepter, au bout de six mois. Un an plus tard, j’ai trouvé mes marques. Je suis moins speed, je retrouve du temps pour ma famille et pour moi. Je m’offre des cours de yoga et je continue de méditer quand j’ai un moment. Je pratique quand je peux, avec les moyens du bord et c’est déjà bien. J’ai plein d’idées et d’envies pour la suite. Il suffisait de leur faire une petite place pour qu’elles germent. »

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