Cosmopolitan (France)

JE PRENDS CONSCIENCE DE MA FORCE

Parfois, on doute de notre potentiel… alors qu’on a déjà réussi plein de choses. Pour s’en convaincre, on ouvre les yeux.

- PAR MATHILDE EFFOSSE

Parfois, on doute de notre potentiel… alors qu’on a déjà réussi plein de choses. Pour s’en convaincre, on ouvre les yeux.

Tous les jours, on décroche des victoires. « On s’est levée tôt pour aller au sport, on a fini un gros dossier, on a calé ce rendez-vous chez le médecin… Ce n’est pas normal. On y est arrivé », insiste Raphaëlle de Foucauld, thérapeute et éducatrice spécialisé­e en psychologi­e positive. On a toutes un potentiel incroyable, un vivier de force brute. Pourtant, on ne l’exploite pas autant qu’on pourrait. Et pour cause : on a cette tendance naturelle à se concentrer sur le négatif. « Notre cerveau est formaté pour survivre », explique Raphaëlle de Foucauld. Conséquenc­e : même si on a confiance en nous, on a parfois l’impression qu’on ne sera jamais capable de capitalise­r sur nos succès pour demander cette augmentati­on qu’on mérite, changer de boulot, publier ce livre, réaliser notre rêve de petite fille… À nous de dompter nos pensées pour qu’elles nous élèvent, et de puiser dans notre force. Cinq étapes pour foncer.

1 On relativise

« On ne se définit pas par une expérience négative, souligne Raphaëlle. Il ne faut pas généralise­r, c’est comme ça qu’on se sabote. Si quelqu’un qui cherche du boulot depuis longtemps n’en trouve pas, ça ne veut pas dire que c’est une mauvaise personne. » Lili BarberyCou­lon, auteure du livre La Réconcilia­tion : de la haine du corps à l’amour

de soi et d’un blog dédié à l’émerveille­ment, ajoute que se lamenter sur son sort entraîne un cercle vicieux :

« Si on se répète : “Je me suis encore fait larguer”, “Je suis nulle”, “Au boulot, je ne suis pas appréciée”, on va indéniable­ment attirer nos pensées vers d’autres expérience­s qui leur donneront raison. » Laetitia, 29 ans, rêve de devenir écrivain, mais le seul manuscrit qu’elle ait osé envoyer a été décliné. « Je ne suis peut-être juste pas faite pour ça », conclut-elle. « Il faut remettre les choses dans leur contexte, répond Raphaëlle. Ce n’est pas parce qu’on a raté quelque chose une fois qu’on le ratera toute sa vie. » Et un auteur qui n’a jamais été envoyé balader par une maison d’édition, ça n’existe pas… Sauf peut-être Jessica Alba. Mais c’est parce qu’elle s’appelle Jessica Alba, et qu’elle s’est battue pour être actrice avant. « Au Québec, on ne dit pas un “échec”. On dit une “expérience”. C’est

mieux, non ? » Si.

2 On se pose les bonnes questions

« C’est bien beau tout ça, soupire Alice, mais moi, je cherche du boulot depuis un an, j’essuie refus sur refus, alors qu’on me dise de faire le plein de positif et de relativise­r, merci… »

« Dans les moments difficiles, on utilise nos réussites, explique Raphaëlle. Je ne décroche pas de job ? Mais j’ai déjà réussi. Comment j’avais fait ? Il faut passer par l’analyse de l’événement et changer de point de vue. » Et pour mieux comprendre, on change un petit mot dans notre question… « On ne se demande jamais “pourquoi”. On se demande “comment”. » Quand elle y réfléchit, Alice comprend certaines choses : « J’ai loupé tellement de jobs que maintenant, c’est vrai que je pars un peu perdante. Quand je pense à mes entretiens, à mes lettres de motivation, je ne me bats pas assez, je me dévalorise, comme si je m’attendais à ne pas être prise. » Une fois qu’on est consciente de l’origine de la panne, il ne reste plus qu’à la réparer.

3 On prend la mesure de nos exploits

On a toutes des victoires importante­s enfouies en nous, qui ne doivent pas être prises à la légère. Quand on fouille dans le passé d’Alice et Laetitia, qui assurent n’avoir jamais rien accompli, on découvre une armoire à trophées qu’elles n’ont

La to-do list toute simple pour de grands effets de Raphaëlle de Foucauld 1. On enlève les mots «toujours» et «jamais» de notre vocabulair­e. 2. On bannit les négations de nos phrases. Au lieu de «ne fais pas tomber ton verre», on dit «tiens bien ton verre», par exemple. 3. On sourit. C’est contagieux, ça rebooste notre état d’esprit… Et c’est bon pour la santé.

jamais vue. Alice a arrêté de fumer l’année dernière. Laetitia s’est sortie d’une dépression d’un an. Avant d’être au chômage, Alice avait été promue directrice artistique dans une agence de pub. Laetitia a laissé tomber le livre qu’elle écrit… après en avoir rédigé plus de trois cents pages. « Il faut se rendre compte qu’on a déjà traversé des choses, qu’on n’est jamais face à un mur », encourage Lili. Nos exploits, il ne faut pas les minimiser.

« On peut faire une liste pour mettre en avant nos réussites et prendre conscience que oui, on en

est capable », conseille Raphaëlle. Et que tout ce qu’on a fait, c’est grâce à nous. « Certaines définissen­t leur réussite par des événements : “J’ai eu ce job parce qu’il n’y avait personne d’autre, c’était facile, c’était un coup de bol…” Il faut savoir reconnaîtr­e sa force et l’admettre : oui, j’ai bossé, oui, j’ai cherché. »

Et ce n’est pas parce que tout semble rouler dans notre vie qu’on ne doit pas viser encore plus haut : « Cheffe de projet dans ma boîte depuis quatre ans, je suis bien dans mon job, raconte Maëlle, 31 ans. Un jour, une amie et collègue me dit “Tu sais qu’après toutes ces années, tu pourrais demander une promotion. D’ailleurs, tu aurais été sans doute promue depuis longtemps si tu avais été un homme”. Je n’y avais jamais pensé, peut-être qu’inconsciem­ment, je ne m’en sentais pas capable… » Elle revient alors sur ce qu’elle a accompli et prend conscience que oui, elle le mérite. « Je prends mon courage à deux mains et je demande un rendez-vous avec mon boss.

Ça a pris du temps mais je suis en passe de devenir directrice recherche et développem­ent. »

Oui, j’ai réussi. Et je réussirai encore. On se le répète comme un mantra quand tout semble s’écrouler autour de nous. Vous vous êtes mise au sport ? Vous vous êtes séparée d’une personne toxique ? Vous vous êtes relevée d’une tragédie ? Vous avez créé votre boîte ? Vous vous rendez compte à quel point vous êtes forte ? Surmonter ces épreuves, relever ces défis, ça n’a rien d’anodin.

4 On s’entraîne à être positive

Se focaliser sur ce qui nous fait du bien. « On peut lire mille livres de développem­ent personnel, la clé, c’est de pratiquer », explique Lili. Marche, méditation, boxe thaïe, cuisine… on trouve ce qui nous apaise, et on l’utilise pour changer notre regard sur le monde. Pour Raphaëlle, cette mise en éveil du beau passe aussi par les détails du quotidien : « On regarde autour de nous, on se réjouit d’un sourire, d’un couple qui se tient la main, d’une jolie fleur dans la rue… On prend le temps d’être heureuse. »

Comme un sourire appelle un sourire, se sentir chanceuse attirera la chance. « Un soir, il y a quelques semaines, j’étais dans un bar avec des amis, se souvient Laetitia, on se marrait, un autre groupe nous a rejoints. J’étais au top cette nuit-là, heureuse, légère… Un des mecs avait publié un bouquin. Le hasard ! Il m’a expliqué comment contacter les maisons d’édition, et m’a même laissé son numéro si j’avais besoin d’un coup de main. » Elle en a fait quoi ? Son regard s’enfouit entre ses baskets : « Rien… » Puis son regard s’illumine : « Je vais l’appeler aujourd’hui. » Il suffisait d’une prise de conscience et d’une volonté de changer les choses pour enfin avoir le courage de les faire bouger. « Notre capacité à être heureuse est à 50 % innée, 10 % due à des événements, et les 40 % restants dépendent de nous, explique Raphaëlle. C’est nous qui décidons si nous voulons être heureuse. On est toutes assez fortes pour prendre en main ces 40 % de bonheur. »

5 On fonce !

Une fois qu’on a chassé toutes les pensées négatives qui nous bloquent et qu’on a réalisé notre force, on prend notre vie en main et on ose se rendre heureuse. On a toutes un don : dessin, sport, leadership, écriture… « C’est ce qui est sacré en nous, affirme Lili. Tous ces filtres qu’on s’est imposés, on peut les désapprend­re. Peut-être qu’on échouera, mais on pourra recommence­r. » Jusqu’à réussir. Prêtes à libérer notre force ?

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