MOI ET… LES LANGUES ÉTRANGÈRES
Because I am a very big quiche.
PJe vois le jour en France, à Toulouse plus précisément. Mes moyens de communication d’alors sont rudimentaires. Au choix, je peux grimacer, hurler ou pleurer. Parfois vomir pour signifier « arrêtez de me chatouiller, ça ne fait rire que vous ». Il faut ensuite prier pour que les grandes personnes associent mes humeurs à mes besoins. Problème : à la longue, ça fatigue mes cordes vocales et ça énerve les adultes. Pas le choix, j’apprends donc ma première langue : le français du midi. En effet, la phonétique diffère quelque peu à cause de l’accent – prononcer « acceng ». Le vocabulaire varie lui aussi. Mais rien qui ne m’empêche de me faire comprendre. À Paris, dites « Bong-jour, une chocolatine s’il vous plaît » et vous deviendrez le rayon de soleil qui transperce le ciel gris.
Le début des soucy
Pourtant, à l’ère de la mondialisation, se faire comprendre dans un seul pays ne suffit pas et l’école nous a imposé des cours d’anglais. J’étais d’accord jusqu’à ce qu’ils nous programment aussi l’apprentissage d’une seconde langue.
Par souci de facilité, j’ai préféré l’espagnol à l’allemand. Naïvement, je pensais qu’il suffisait de rajouter « os » ou « es » à chaque terminaison pour voyager au pays des castagnettes. Lors d’un contrôle sur le vocabulaire du corps humain, j’ai compris que je ne vivrai jamais à Barcelone. D’après mon professeur, « las dentes » et « los brasos », ça ne voulait rien dire… M’en fiche ! Comme tous les élèves sans aucune logique financière, je prévoyais de m’installer à New York. Et en anglais, j’étais hyper assidue. Il faut dire que toutes mes stars étaient anglophones et je me devais de déchiffrer les peines de coeur qu’elles chantaient dans leurs refrains.
J’ai perdu ma langue…
En quittant les bancs de l’école, j’ai réalisé que de la théorie à la pratique, il y avait un fossé. Bien sûr, dans mon CV, j’ai évalué mon niveau d’anglais à 5 sur 5 mais ce n’est qu’une imposture. Quand je voyage à l’étranger avec des amis, je laisse volontiers le meneur autoproclamé demander notre route aux locaux. Dans mon entourage, je compte beaucoup de bilingues. D’ailleurs, les pauvres chouchous sont trop à l’aise pour s’exprimer dans une seule langue. Ils se payent donc le luxe de les mélanger : « On se prend un drink sur le rooftop ? On admirera le sunset. » Ce à quoi je réponds « Yes, trop chouette » pour ne pas éveiller les soupçons. Mais tôt ou tard, la réalité me rattrape. Au boulot, si je dois dialoguer en anglais, mon interlocuteur a le temps de se faire couler un bain avant que je ne formule une phrase complète. Le problème ? Je comprends ce qu’il dit, je sais quoi répondre et pourtant, je le fixe avec des yeux ronds. Impossible de traduire mes pensées. J’ai la repartie muselée et ne pas réussir à parler devient un supplice.
Mais je fais de grands gestes
Malgré tout, je suis stupéfaite par la diversité des langues et je me demande si cette différence est propre à l’homme. Les animaux, eux, communiquent par des sons mais aussi par des gestes que leur dicte la nature. Peu importe leur origine, ils se comprennent. Les abeilles dansent, les chats hérissent les poils, les chiens remuent la queue… Pour pallier mes lacunes, je décide de renouer avec cet instinct primaire. Comment ? En pratiquant le mime. À l’étranger, pour demander les toilettes, je touche mon ventre en sautillant sur place. Quand je cherche un monument, je pointe l’édifice du doigt sur la carte. Enfin, pour signifier mon affection, je roule une pelle. Les personnes qui ont cinq minutes à perdre s’amusent beaucoup en participant à mes devinettes et à cet instant, il n’existe plus de frontières. Nous n’avons toujours pas trouvé la réponse à la question « Peuton rire de tout ? », mais une chose est sûre : on peut rire partout.