Fanny Herrero
scénariste, créatrice de la série Dix pour cent
La nuit tombe dans le petit bureau que Fanny occupe dans un espace de coworking : avec ses deux coauteurs, ils ont passé la journée à brainstormer sur son nouveau projet de série pour Netflix – tableau blanc au mur, paquet de M&M’s sur la table. Cela fait un mois qu’ils ont commencé à réfléchir. Réfléchir à quoi ? C’est encore confidentiel. De toute façon, ils sont en phase d’exploration, ce qui veut dire : faire, couper, refaire… Un travail qui peut mettre plusieurs mois, plusieurs années à aboutir. C’est le premier projet sur lequel Fanny travaille depuis Dix pour cent, cette série France 2 qui raconte le quotidien d’une agence artistique. Elle en a conçu l’architecture, les personnages… en mettant dans chacun un peu de ses névroses : une forme de bonhomie chez Gabriel, une part de cruauté chez Mathias. Andréa a, quant à elle, joué le rôle de défouloir pour la scénariste : cette fougue, ce côté très cash – il y a des moments où Fanny voudrait lui ressembler davantage. Elle semble de fait s’être un peu inspirée de son personnage… Au cours des six années passées sur la série, la scénariste a ainsi appris à dire clairement ce qu’elle veut ou non, à prendre confiance en elle. Elle évoque la conquête de l’autorité, de la légitimité, plus difficile pour les femmes. Elle parle aussi de sa culpades bilité quand elle a dû reprendre le travail trois semaines après avoir accouché : pour un père, la durée légale, pour elle, le dilemme permanent, l’impression de ne rien faire bien. Des réalités qui n’ont pas empêché Fanny de s’affirmer, de prendre de l’ampleur sur la série, jusqu’à en devenir à terme responsable de A à Z, de la création au tournage.
Un bel accomplissement pour celle qui a zigzagué plusieurs années entre les carrières (journaliste, comédienne), avant de découvrir sa vocation en travaillant comme lectrice de scénarios. Fanny a alors 30 ans. Elle prend sa plume et son courage à deux mains et écrit, avec son frère, sa première fiction télé pour Arte. « Un scénario plein de maladresses », sourit-elle. Mais avant de savoir écrire, il faut écrire beaucoup… C’est comme cela qu’on franchit les étapes, qu’on mûrit – et qu’on finit par trouver sa place. Votre livre de chevet ? « En ce moment, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, de Mona Chollet. » Votre sport ? « J’étais dans l’équipe de France junior de volley-ball quand j’étais jeune, ça me donne l’illusion d’être toujours sportive… En vrai, je fais 10 à 15 minutes d’exercices à la maison le matin. »
Avant une réunion importante…
« Je dédramatise ! »