Cosmopolitan (France)

Hélène Fischbach

directrice du festival Quais du Polar à Lyon

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Ce soir c’est pizza. Alors que le flot des 100 000 visiteurs s’est écoulé, que les 200 auteurs et les dix librairies présentes sur le salon ont remballé leurs tonnes de bouquins, Hélène Fischbach reste seule avec son équipe rapprochée – que des filles. Dans la salle monumental­e du Palais de la Bourse de Lyon, le brouhaha a cessé. Le plus grand festival de littératur­e policière d’Europe a fermé ses portes et Hélène va pouvoir souffler : « Quand on y réfléchit, c’est quand même surréalist­e de bosser pendant un an pour seulement trois jours de festival. » À l’origine, Quais du Polar n’exigeait pas autant de boulot, mais le petit salon est devenu une énorme machine, se jumelant aux séries télé ou s’exportant à l’étranger. Dès le début, Hélène sait qu’il faut voir grand : « Si une ville comme Lyon lançait un festival littéraire, ce n’était pas pour qu’il soit moyen. Ça devait marcher ou disparaîtr­e. » Ce sera axé sur le polar. Un pari risqué, car, à l’époque, ce genre n’est pas dans sa meilleure passe. Pour l’emporter, Hélène se fixe un cap : l’ouverture. « Toujours les mêmes visiteurs, dans les mêmes salons, ça n’a aucun intérêt. » Elle veut capter les lecteurs sur les marges : d’un côté sur les terres d’un thriller trop populaire donc vaguement méprisé et, de l’autre, dans le domaine de la littératur­e générale. Elle n’essuie pas que des encouragem­ents sur cette double voie, mais elle trace sa route en opiniâtre. Le public lui donnera raison. Il a compris qu’elle avait l’oeil, le bon. À 8 ans, cette lectrice hors norme veut devenir « chroniqueu­se littéraire ».

Ado, elle ambitionne plus largement de travailler dans les livres. Quand, étudiante, elle décroche un stage à la fameuse Série Noire de Patrick Raynal, elle découvre un milieu chaleureux, qu’elle ne veut plus abandonner. Quitte, déjà, à jouer avec les marges : « Quand l’attachée de presse est partie en congé maternité, j’ai avoué à Patrick que je n’avais pas de convention de stage… Il m’a signé un CDD. » Le pied dans la porte, les yeux sur l’avenir, la force gentille : l’esprit Hélène Fischbach était planté.

Votre appli ? « Je n’utilise pas spécialeme­nt d’appli mais mon agenda en ligne est relié à tout : planning, noms, téléphone, billets de train… Ce truc, c’est ma vie. »

La phrase que vous préférez ? « “Ça roule.” Je le dis tout le temps, les filles de l’équipe m’ont même acheté un badge. Votre sport ? « Je cours souvent sur un tapis qui est dans ma cave, alors que j’habite à cent mètres d’un bois. Tout le monde se fout de moi, mais c’est comme ça : je marche dehors, mais je cours dedans. »

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