3 QUESTIONS À LA PSY
Est-ce qu’on peut se tromper en pensant aimer quelqu’un ?
On ne fait que ça. la plupart du temps, nous confondons l’état amoureux et l’amour. l’état amoureux est chimique, hormonal. il nous embarque dans une folie mise en place par la nature pour nous inciter à nous accoupler. l’amour, lui, est un projet plus compliqué et durable. il est fait de lenteur et de persévérance. Nous avançons à deux parce que nous sommes plus forts, sans chercher un miroir narcissique.
Qu’est-ce qui est susceptible de changer notre vision de l’amour ?
la surprise! Dans cette société, nous avons une idée (trop) précise de ce
que nous voulons. Sur les applis de rencontres, nous dressons un portrait-robot du partenaire idéal. Mais l’amour est toujours différent, c’est une aventure dans laquelle on prend des risques. il y a toujours un événement que nous n’avions pas anticipé, hors de notre contrôle, qui bouleverse nos certitudes.
Les transformations de la société ont-elles un impact sur l’amour? Oui, l’amour s’est adapté aux mutations. il y a longtemps, le couple existait pour augmenter la fortune et les territoires d’une famille. les enfants n’étaient pas le fruit de l’amour, plutôt un investissement. Ensuite, avec le romantisme, on choisissait un homme (soi-disant celui de notre vie) pour faire des enfants. Pendant les dix premières années du xxie siècle, l’amour est devenu un produit de consommation. Aujourd’hui, nous essayons de retrouver du sens, de ralentir le rythme. l’écologie, le féminisme, la PMA… Toutes ces évolutions transforment l’idée du couple, et donc de l’amour. Nous nous rendons compte que la reproduction n’est plus liée à la pénétration. Nous avons de nouvelles façons de donner la vie, de nouvelles façons d’aimer. On s’affranchit des traditions pour trouver ce qui nous rend vraiment heureux. Fabienne Kraemer, psychanalyste et auteure de 21 clés pour l’amour slow, éd. PUF, 12 €.