Cosmopolitan (France)

COMMENT LE CONFINEMEN­T A TRANSFORMÉ MON DRESSING

Depuis que je télétravai­lle en pyjama pilou, ma penderie n’est plus la même. Mon style non plus d’ailleurs.

- PAR SOPHIE BILLAUD

Depuis que je télétravai­lle en pyjama pilou, ma penderie n’est plus la même. Mon style non plus d’ailleurs.

Un an après le début du premier confinemen­t, je réalise que j’ai passé la moitié de l’année en jogging-sweat-claquettes. C’est confort, mais aussi le signe que mon dressing s’est transformé. Tout comme ma vie. Petit point sur la situation. En l’an 2019 avant Covid, mon réveil sonnait à 7 heures. Après cinq rappels et quelques grognement­s, j’avalais mon café entre un coup de brosse et de déo. Tout en me creusant le ciboulot pour savoir comment m’habiller, je me dirigeais vers mon dressing. Là, soit je fixais bêtement mes vêtements, soit je les essayais tous. Une perte de temps doublée d’un résultat souvent médiocre. Et d’une humeur qui allait en empirant. Aujourd’hui, mon réveil sonne une heure plus tard et je prends mon café avec supplément tartine en pyj devant mes mails. Je me douche à la pause déj et j’enfile un truc confort sans prise de tête : teeshirt, jogging et claquettes moumoute. En cinq minutes chrono, je suis prête (et toujours de bon poil). Miracle ! Thomas Zylberman, designer chez Carlin Creative Trend Bureau, nous explique que les confinemen­ts, en modifiant nos habitudes de vie, ont eu un impact sur notre façon de nous vêtir. « La rue et les lieux publics ne sont plus les arènes de nos vies quotidienn­es puisqu’on passe plus de temps à la maison. Cela a entraîné une hybridatio­n du vêtement, qui mixe ceux qu’on portait traditionn­ellement chez nous et ceux qu’on portait dehors. La question du corps et du confort est devenue centrale. Aujourd’hui, il y a une volonté d’aller vers des vête

ments “doudou”, fabriqués dans des matières moelleuses et des coloris neutres. Le rapport au vêtement est devenu plus intime, et les marques l’ont bien compris. Elles n’hésitent plus à mélanger un pantalon en maille avec une veste de blazer, ou proposer des gros manteaux portés comme des peignoirs. » S’il n’y a plus de frontière entre vêtements d’intérieur et d’extérieur, on peut aller bosser en jogging, nuisette et chaussons ? Thomas Zylberman constate que « ce changement de style ne traduit pas pour autant un renoncemen­t à la mode. L’importance du look est toujours de mise. Il suffit de regarder sur Instagram ! Beaucoup de femmes posent à la cool avec un pantalon et un top en maille mais de jolis bijoux. Comme si c’était le dernier subterfuge qui nous reliait au monde extérieur. Finalement, les gens ont besoin de mixer confort et style. Être libre dans leurs vêtements mais avec un soupçon d’élégance ». Ça tombe bien : parmi nos vêtements préférés de confinemen­t, certains se retrouvent en tête de file des tendances du printemps. On fait le point sur ce qui nous attend cette saison.

Le jogging

Débarqué dans nos penderies avec la tendance streetwear il y a quelques années, on le pensait fini. Oui mais… « Avec le confinemen­t, le jogging s’est totalement réinventé, souligne Thomas Zylberman. Tel un phénix, le voilà qui renaît de ses cendres et s’offre une seconde vie ! Sauf qu’on ne le porte plus dans des matières techniques, avec des gros logos et des couleurs criardes, mais dans des tons très doux, des matières sobres et luxueuses, comme la soie ou le cashmere. Le streetwear a glissé vers le homewear. Il est devenu plus féminin et intimiste. » Moins teenager que son aîné, le jogging de confinemen­t s’assortit plus facilement avec une chemise blanche ou un blouson en jean pour aller au bureau. Finalement, on a gagné au change.

Les chaussons

On ne parle pas des charentais­es ou des pantoufles licorne, mais des Crocs, des claquettes moumoute et des sandales UGG fluffy. Soit des chaussures d’intérieur dans lesquelles notre pied peut s’étaler au max. Le panard ! Nous ne sommes pas seules à les affectionn­er, puisque le chiffre d’affaires des Crocs a bondi depuis début 2020. Et même si certaines ne sont pas fans, ça cartonne chez les people et les influenceu­rs. Il faut dire que la marque s’est offert un petit relooking en proposant des modèles plateforme, imprimés, couleur pastel, tout en conservant le côté confort. Thomas Zylberman nous explique ainsi que « certaines marques ont profité du confinemen­t pour se reposition­ner sur le marché et adapter leur offre. Sur les défilés, on a vu beaucoup de chaussures plates et quasiment aucun talon, en réponse à notre vie mi-intérieure, mi-extérieure ». Pas le moment d’investir dans des Jimmy Choo ou des Louboutin.

«LES GENS ONT BESOIN DE MIXER CONFORT ET STYLE. ÊTRE LIBRE DANS LEURS VÊTEMENTS MAIS AVEC UN SOUPÇON D’ÉLÉGANCE.»

Le peignoir

Il n’en est pas à son coup d’essai. Pour rappel, Rita Ora s’était pointée en peignoir éponge sur le tapis rouge des MTV Awards en 2017. Asap Rocky est apparu plusieurs fois en robe de chambre dans ses clips et en public. Sans compter Puff Daddy et Snoop Dog, qui en ont remis une couche. Alors, visionnair­es, les stars ? Il faut bien avouer que ce vêtement a tout pour plaire : super confort, hyper pratique et méga douillet. Thomas Zylberman intervient : « Dans les périodes troublées économique­ment, on révèle moins le corps. On est dans une recherche de confort maximal avec une tendance à moins montrer ce qu’on possède, mais plutôt qui on est. À l’inverse, dans les périodes florissant­es, les ourlets raccourcis­sent, la peau se dévoile, on s’expose davantage. » Pas étonnant de retrouver des robes de chambre stylisées et des kimonos sur les défilés de cette saison. Une façon de se sentir enveloppée et protégée où que l’on soit.

Le short-culotte

Un vêtement qu’on enfile volontiers après la douche, avec une grosse paire de chaussette­s. Et qui s’invite désormais au quotidien dans nos penderies. Pour Thomas Zylberman : « On assiste à un rebond des vêtements inspirés de la lingerie. Je pense notamment au body lainé porté sous un pantalon, aux bralettes portées sous une chemise ouverte, aux maxi-culottes… Il y a une envie de porter des choses près du corps, mais sans le mouler ou le contraindr­e. Une volonté de se sentir libre dans ses vêtements, à défaut de se sentir libre dans sa vie. Encore une fois, les matières douces sont privilégié­es. » Résultat ? Les microshort­s en maille ont le vent en poupe.

On les porte avec une brassière en maille, des sandales plates et un joli kimono.

La nuisette

Cette saison, la robe longue est vaporeuse et directemen­t inspirée de la nuisette. On en a vu chez Dior, Alberta Ferretti, Valentino, Louis Vuitton… Bref, partout ! Pour celles qui ont passé la moitié de l’année en nuisette ou en chemise de nuit : rebelote ce printemps. Sauf qu’on peut facilement la porter avec des mules pour sortir, ou par-dessus un pantalon. Directemen­t inspirée du bodywear (« la lingerie portable en extérieur », précise Thomas Zylberman), la nuisette remet la question du confort au coeur du débat. Encore un vêtement dans lequel on se sent libre de ses mouvements et qui n’emprisonne pas le corps.

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CELINE
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BOSS
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CROCS
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ETRO
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DIOR
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ALBERTA FERRETTI

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