Cosmopolitan (France)

LE CHOUCHOU : RAPHAËL

Romantique, rock, intimiste, le nouvel album du chanteur à fleur de peau s’écoute en « HauteFidél­ité ». Histoire de faire le plein de chansons d’amour et de sensualité.

- PAR FLORENCE TRÉDEZ

Son nouvel album, le neuvième, s’appelle Haute-Fidélité, et fidèle, le chanteur et écrivain Raphaël Haroche l’est resté. Fidèle à sa recette de gâteau au chocolat, qu’il prépare pour le goûter. « Je suis tellement mauvais en pâtisserie que je suis la recette au gramme près, sinon c’est la catastroph­e », dit-il, la cuillère à la main. Fidèle à une certaine part de mystère en lui. « C’est une des rares choses que j’ai apprises. Le bonheur, c’est celui qu’on se donne à soi-même. Il faut se garder une forme de solitude sanctuaris­ée. » Fidèle enfin à la femme de sa vie, l’actrice Mélanie Thierry, mère de ses deux garçons de 12 et 7 ans, pour qui il a composé ces douze magnifique­s chansons d’amour à l’émotion à fleur de peau. « J’ai écrit une centaine de chansons pour elle, sans qu’elle ne m’ait rien demandé. Peut-être que ça lui pompe l’air, rigole-t-il. En tout cas, pour moi, il n’y a rien de plus intéressan­t que l’amour.

Si des copains me parlent d’argent ou de politique, je m’endors. S’ils me parlent d’amour, je peux rester éveillé toute la nuit. »

Il en convient sans détour, cet album, qui s’ouvre sur la phrase « Les années 20 seront folles », est le fruit d’une période troublée. Celle du confinemen­t, bien sûr, mais aussi de la douloureus­e prise de conscience de son âge, 45 ans, et de la sensation d’être secoué par la vie comme dans le tambour d’une machine à laver. « Je subissais une forme d’effondreme­nt, avoue-t-il. J’avais la sensation qu’il fallait que je me réinvente, en amour comme dans mon métier. Et la seule chose que j’arrivais à faire, c’était chanter et composer. » Pour lui venir en aide, ses copains musiciens, nombreux, se sont montrés fidèles à leur tour. Il y a d’abord Benjamin Lebeau, de The Shoes – producteur de l’album avec Alexis Delong, du groupe Inuit –, qui lui a trouvé son atmosphère si particuliè­re, entre chien et loup, sonorités orientales et rock élégant, samples de voix d’enfants et pop bousculée. Et puis Arthur Teboul, de Feu! Chatterton, avec qui il a coécrit plusieurs morceaux. « On s’était rencontrés à un concert de Christophe. On a passé une semaine en Bretagne à fumer des cigares, boire du vin et faire de la musique. On envoyait des photos de nos vieilles têtes barbues à Christophe, qui était malade. » L’ombre du chanteur dandy disparu, un ami, un mentor, plane d’ailleurs sur deux chansons. Il s’est aussi entouré de Pomme et de Clara Luciani, deux chanteuses qu’il admire, pour deux duos enchanteur­s. Comme un phénix, ces collaborat­ions l’ont fait renaître de ses cendres. « En tout cas, je préfère ça au chant du cygne », plaisante-t-il.

Depuis, libéré, le chanteur sensible respire à nouveau. Et envisage déjà la suite de ses projets : un nouveau recueil de nouvelles en septembre, un roman l’année prochaine, un premier film en chantier. « J’aime bien la phrase de Barbara, qui disait : “Je fais le plus beau métier du monde, il ne faudrait pas en plus que ce soit facile.” » En guise de mantra, il se répète cette phrase si belle d’un poème du poète russe Ossip Mandelstam, qu’il a mis en musique sur son album : « Je suis revenu dans ma ville familière jusqu’aux sanglots. »

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