«Ancienne commerciale dans la tech, j’ai ouvert une boutique de fruits et légumes écoresponsable »
Entre son envie de toucher à tout et ses soucis avec la hiérarchie, Maria a toujours eu la bougeotte. C’est quand la question de l’écologie s’est glissée dans ses réflexions qu’elle a enfin trouvé sa place.
Ma vie avant
Petite, je veux être maîtresse, archéologue ou chanteuse. Je finis par me lancer dans des études de commerce international. Je commence à bosser dans une petite boîte de tech en Normandie, puis dans le transport international de marchandises – c’est top, mais éthiquement parlant, c’est bof. Je pars et retourne dans la tech en tant que commerciale. J’adore ce job mais ça ne se passe pas bien avec mon supérieur, qui finit par me virer. C’est hyperviolent, j’ai du mal à m’en remettre…
Je pars avec mon copain à Paris, je trouve un autre job dans la tech mais je démissionne au bout d’un an – je ne me sens pas à ma place.
Le déclic
Je commence à prendre conscience de l’écologie et de l’absurdité du monde de la tech : on enrichit des gens ultra-blindés alors qu’on pourrait faire des choses incroyables… Je réfléchis sur mon rapport au travail et à la société, sur la notion de hiérarchie… J’ai un copain maraîcher qui jette des tonnes de légumes parce qu’ils ne sont pas calibrés correctement.
C’est fou ! Et si j’ouvrais une boutique de fruits et légumes « déclassés », locaux et de saison, provenant directement de producteurs ? On est en 2017, quasiment personne n’est sur ce créneau à ce moment-là, le défi est plus que stimulant.
Action !
Je bosse en intérim quelques mois pour affiner mon projet et rouvrir mes droits au chômage. Je m’inscris à des formations de communication, de compta-gestion, il faut que je m’organise pour les transports – mais après avoir bossé deux ans dans le milieu, je sais négocier, qui appeler. Quand je rencontre les producteurs à une assemblée générale, la moitié de la salle se demande ce que je fous là. Heureusement, je suis fille de producteurs, ça aide. En mai 2019, je lance une campagne de financement participatif – je lève presque 8 000 euros ! Je crée les statuts, trouve un local… et Curiosités ouvre fin octobre. Enfin !
Et maintenant ?
Je bosse un an toute seule, puis j’embauche quelqu’un à mi-temps pour m’aider. C’est les montagnes russes en permanence : on ouvre juste avant le Covid, je vois des files d’attente d’une heure et demi devant la boutique, puis tout se casse la figure. On perd 30 % de fréquentation, c’est horrible… Je me dis que ça reprendra en septembre – non. Je déprime : si en juillet ça ne va pas mieux, je devrai fermer… En mars, les chiffres remontent. Il faut être patient et y croire ! Tout se passe bien, je suis heureuse. Je sens que je change le monde à mon échelle, et je n’ai personne audessus de moi – mais j’ai appris de mes expériences, et j’essaie d’être la boss que j’aurais voulu avoir.