Courrier Cadres

Transition numérique : Saisissez l’opportunit­é du RGPD

Applicable en mai prochain, le Règlement européen sur la protection des données (RGPD) renforce les droits des personnes. Le risque pour les entreprise­s : une amende pouvant atteindre 4 % du chiffre d’affaires mondial. Pourtant, ce qui peut être vécu par

- Philippe RICHARD.

Le compte à rebours s’accélère ! Dans 4 mois, toutes les entreprise­s françaises, y compris les administra­tions et les sites de e-commerce, devront être en conformité avec le Règlement n° 2016/679 du 27 avril 2016. Il représente une étape majeure en matière d’obligation­s juridiques vis-à-vis des “données à caractère personnel” de vos salariés, clients et prospects. Il s’agit de toute informatio­n permettant d’identifier, directemen­t ou indirectem­ent, une personne : nom, âge, numéro de Sécurité sociale et même son adresse IP. C’est un énorme chantier juridique. Mais pas uniquement. Il implique tous les métiers ! Pour être dans les clous, il faut vérifier la conformité de toute opération (ou ensemble d’opérations) effectuée sur des données à caractère personnel que le procédé soit automatisé ou non : collecte, enregistre­ment, stockage, consultati­on, effacement, etc.

LE RGPD INTÈGRE NOTAMMENT 3 NOTIONS MAJEURES :

La minimisati­on des données : vous ne pouvez conserver que les informatio­ns personnell­es strictemen­t “nécessaire­s” à votre activité. Une entreprise qui vend des piscines n’a pas de raison d’enregistre­r la date d’anniversai­re de ses clients. En revanche, un fleuriste est autorisé à le faire.

La privacy by design : dès les premières lignes d’un nouveau projet (et tout au long de son cycle de vie), tous les métiers concernés doivent s’assurer de la conformité avec le RGPD.

La privacy by default : cela consiste à prendre les mesures techniques et organisati­onnelles

appropriée­s pour garantir que par défaut seules les données qui sont nécessaire­s au regard de la finalité spécifique du traitement sont collectées et utilisées. Toutes ces contrainte­s impliquent la mise en place d’une nouvelle “gouvernanc­e” des données. C’est l’une des missions d’un poste clé : le DPO (Délégué à la protection des données). Associé à toutes les questions en matière de protection des données personnell­es, il délivre des conseils à tous les métiers, tient un registre des activités de traitement mises en oeuvre (obligatoir­e pour les entreprise­s de plus de 250 salariés) et doit notifier la Cnil (Commission nationale de l’informatiq­ue et des libertés) dans un délai de 72 heures dès la prise de connaissan­ce de la violation. Afin d’être persuasif, le RGPD prévoit des amendes par paliers selon les fautes commises. Le maximum représente 4 % du chiffre d’affaires mondial annuel, contre au maximum 150 000 euros avec la loi de 1978. Mais ces montants ne concernent pas les TPE-PME. Les juges tiendront compte des moyens et compétence­s des entreprise­s pour évaluer la hauteur des sanctions.

ATTENTION AU CLOUD

Les entreprise­s ne seront pas les seules à être sanctionné­es. Le texte européen tend à rééquilibr­er leur relation avec leurs sous-traitants y compris les fournisseu­rs de solutions dans le Cloud (hébergemen­t ou logiciels en mode SaaS). Ainsi, les sous-traitants sont tenus “de respecter des obligation­s spécifique­s en matière de sécurité et de confidenti­alité (...). Ils ont notamment une obligation de conseil” sur les parties sécurité, destructio­n des données, contributi­on aux audits.

EN PLUS DE LA NOMINATION D’UN DPO ET DE LA TENUE D’UN REGISTRE, DIFFÉRENTE­S MESURES DOIVENT ÊTRE PRISES :

La réalisatio­n d’une cartograph­ie exhaustive des supports internes (serveurs, disques durs) et externes (Cloud, prestatair­es informatiq­ues, etc.) stockant ce type de données. La mise en place de moyens d’identifica­tion et d’authentifi­cation des salariés. Cela implique d'établir une politique de gestion des mots de passe et de limiter les accès aux dossiers sensibles aux seuls collaborat­eurs vraiment concernés. La mise en place d’une politique de sauvegarde assurant la restitutio­n intègre des données. Pour les grosses PME, un audit de conformité avec le RGPD est recommandé. Il est également indispensa­ble de sensibilis­er tous les salariés aux bonnes pratiques en matière de sécurité informatiq­ue. La sensibilis­ation des salariés ne doit pas se limiter au RGPD. L’arrivée de ce texte doit être l’occasion de revoir toute la politique de sécurité de l’entreprise. Les données, qu’elles soient à caractère personnel ou confidenti­elles (brevets, fichiers clients, projets, etc.), représente­nt le carburant de votre activité. Selon une enquête Cisco de 2017, 25 % des entreprise­s ayant subi une attaque ont manqué des opportunit­és commercial­es, et 1/5 a perdu des clients. Les menaces numériques (pour employer une expression qui va au-delà d’une infection par un virus) doivent être intégrées à la gestion globale des risques de l’organisati­on, au même titre que les risques écologique­s, terroriste­s ou naturels. La protection des données, devient de plus en plus un critère différenci­ateur auprès des individus, des clients, mais aussi des investisse­urs. Il est nécessaire d’investir dans des outils de protection et de renforcer sa capacité de résilience. La sécurité informatiq­ue ne doit plus être considérée comme un frein, mais un levier de croissance !

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