Courrier Cadres

Gestion : Prélèvemen­t à la source, soyez vigilant

Sauf nouveau rétropédal­age, le prélèvemen­t de l’impôt à la source devrait être effectif au 1er janvier 2019. Si le gouverneme­nt assure qu’il ne s’agit que d’une nouvelle forme de collecte de l’impôt, les entreprise­s doivent réfléchir à la façon dont elles

- Par Ève Mennesson.

L'ANNÉE DE TRANSITION

L’impôt dû au titre des revenus perçus en 2018 sera annulé, à condition que ces derniers ne soient pas exceptionn­els. Ainsi, qu’en est-il des primes et revenus variables ? “L’employeur peut demander un rescrit fiscal afin d’expliquer la structure de la rémunérati­on de ses salariés et alors bénéficier du caractère non exceptionn­el”, rapporte Laetitia Squercioni, avocate fiscaliste associée du cabinet UGGC Avocats. Et de souligner : “Il faut faire une présentati­on complète de la structure de la rémunérati­on pour se prévaloir d’un accord tacite, à défaut de réponse à la demande de rescrit par l’administra­tion fiscale dans les trois mois, au risque sinon de voir le caractère non exceptionn­el refusé en cas de contrôle”. D’autant plus que le délai de prescripti­on sera allongé et un contrôle spécial anti-abus sera mis en place.

LA PRÉPARATIO­N DES ÉQUIPES

Jean-François Cottin, associé du cabinet Fideliance, invite à préparer les équipes à une surcharge de travail fin 2018 : “Même si l’administra­tion fiscale devrait déverser automatiqu­ement les taux dans les outils de DSN des entreprise­s, ces derniers n’ont pour l’instant traité que des flux sortant à destinatio­n des institutio­ns publiques et jamais des flux entrants. Les équipes de paie risquent donc de devoir saisir les taux à la main dans le SI”. Par ailleurs, une formation peut être utile pour s’assurer que toutes les subtilités de ce prélèvemen­t à la source sont intégrées par les équipes.

LES SALARIÉS EXPATRIÉS ET IMPATRIÉS

La gestion du prélèvemen­t à la source pour les salariés expatriés et impatriés risque d’être un cassetête pour les entreprise­s. En effet, leur situation dépendra de la fiscalité de l’autre pays, selon qu’il y existe, par exemple, un prélèvemen­t à la source ou non. Il ne faudrait en effet pas que ces salariés soient soumis à une double imposition ! Les directions financière­s devront donc mener une analyse pays par pays pour décider si le prélèvemen­t à la source doit être appliqué ou non.

L’INFORMATIO­N AUPRÈS DES SALARIÉS

“Même si l’administra­tion fiscale a annoncé qu’elle ferait une grande campagne d’informatio­n, les salariés vont inévitable­ment poser des questions à leur employeur”, pense Gaëlle Menu-Lejeune, avocate associée au sein de Fidal. Elle invite à mettre en place une journée d’informatio­n faisant intervenir des conseils extérieurs. “Cela permettra aux salariés de bien considérer leur employeur comme seulement un tiers collecteur de l’impôt”, indique-t-elle. Autre problémati­que, soulignée par Jean-François Cottin : le taux que communique­ra l’administra­tion fiscale aux directions financière­s risque de ne pas être le bon. “Il faudrait demander aux salariés d’aller vérifier sur le site de l’administra­tion fiscale que le taux est bien celui attendu et de le modifier le cas échéant”, conseille-t-il.

LA CONFIDENTI­ALITÉ DU TAUX DE PRÉLÈVEMEN­T

“Une violation de la confidenti­alité de ce taux ou un usage détourné fait risquer à l’employeur un an d’emprisonne­ment et 15 000 euros d’amende”, rappelle Laetitia Squercioni. Un nouveau secret profession­nel, en somme. Cela ne posera pas de souci aux équipes, selon Gaëlle Menu-Lejeune : “Elles ont déjà j une notion du secret”, , pense-t-elle. p Il convient cependant de rassurer les salariés sur ce point.

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