Courrier Cadres

Flotte auto : La fin de la pause fiscale

Après avoir été relativeme­nt stable pendant trois ans, la fiscalité sur les flottes automobile­s repart à la hausse en 2018. Le point sur les nombreuses évolutions votées dans la dernière loi de finances.

- Par Camille Pinet.

C’est désormais acté. Après un dernier examen par le Conseil Constituti­onnel qui a validé l’essentiel de ses dispositio­ns le 28 décembre dernier, le projet de loi de finances 2018 et celui de la Sécurité sociale sont entrés en vigueur. Et le moins que l’on puisse dire est que l’automobile n’a pas été oubliée. Non seulement de nombreux impôts la concernant augmentent, mais de nouveaux prélèvemen­ts touchant les particulie­rs comme les entreprise­s ont été créés.

LA TVS AUGMENTE À NOUVEAU

Les responsabl­es de flottes s’étaient habitués à l’accalmie. Depuis 2012, les seuils d’applicatio­n de la taxe sur les véhicules de société, basée exclusivem­ent sur les émissions de CO , n’avaient pas 2 évolué, la seule modificati­on étant l’introducti­on en 2014 d’une deuxième composante “relative aux polluants atmosphéri­ques”, aux montants relativeme­nt limités. Le législateu­r a jugé que la fête avait assez duré, et a procédé à une augmentati­on de ces deux volets (voir tableaux). Il est vrai que le rendement de cet impôt n’avait cessé de diminuer depuis la dernière réforme. Pour l’immense majorité du parc des véhicules de société, l’impact restera limité : en effet, les modèles émettant entre 60 et 100 g/km, soit les niveaux d’émissions de la plupart des citadines et compactes diesel des grands parcs, sont toujours soumis à une ponction de 2 euros par gramme. Notons tout de même que les modèles essence, dont très peu émettent moins de 100 g/km ont à pâtir de la nouvelle grille, puisque le prix du gramme progresse de 0,5 euro entre 101 et 120 g/km puis de 1 euro entre 121 g/km et 140 g/km. Ainsi, un Renault Kadjar 1.2 TCe 130 ch devra s’acquitter de 123 euros de TVS en plus cette année. Autres victimes de l’évolution, les hybrides rechargeab­les émettant moins de 60 g de CO par km, qui 2 ne sont plus totalement exonérés de la taxe. À noter cependant que l’exemption partielle de la TVS est désormais applicable pendant 12 mois pour tous les autres hybrides essence émettant moins de 100 g/km (contre 110 g/km auparavant). L’augmentati­on de la deuxième composante de la TVS reste très supportabl­e pour les entreprise­s utilisant des véhicules de moins de trois ans. Ce sont essentiell­ement les Diesel immatricul­és entre 2011 et 2014 qui sont touchés par une augmentati­on de 60 euros de la taxe. Elle est encore supérieure pour les véhicules antérieurs, mais ils sont rares en entreprise.

On le sait, la TVS n’est pas le seul impôt basé sur les émissions. Le malus à l’achat frappe indistinct­ement les particulie­rs comme les entreprise­s et le millésime 2018 s’annonce corsé. Son seuil d’applicatio­n est désormais abaissé à 120 g/km, et tous les taux sont revus à la hausse. Certains à des niveaux impression­nants : les véhicules émettant 134 g/km voient ainsi le malus à l’achat passer de 173 à 540 euros ! Le malus maximal de 10 500 euros est quant à lui applicable dès 185 g/km de CO . S’y ajoute une nouvelle taxe sur les véhicules de prestige neufs ou d’occasion frappés par une surtaxe de 500 euros par cheval fiscal à partir du 36e. Ce n’est pas encore tout à fait le retour de la “supervigne­tte” mais cela y ressemble ! Si la fiscalité reste défavorabl­e aux modèles essence, elle évolue tout de même dans leur sens au niveau de la récupérati­on de la TVA, dont le pourcentag­e passe de 10 à 20 %. Une évolution qui se poursuivra, rappelons-le tous les ans jusqu’en 2022. Cette bonne nouvelle est tempérée par une augmentati­on de la taxation des carburants de 7,6 centimes sur le Diesel et 3,9 centimes sur l’essence à compter du premier janvier au nom de la taxe carbone et du rééquilibr­age du prix des deux types de carburant. Elle s’ajoute à la remontée du cours du pétrole, si bien qu’au premier janvier 2018, le prix moyen du litre de gazole avait atteint 1,356 euro contre 1,17 euro le premier juin dernier. C’est bien ce facteur-là qui risque de peser le plus lourd dans le budget des entreprise­s. Malgré cette avalanche de nouveautés, on ne peut tout de même pas parler de bouleverse­ment de la fiscalité du véhicule d’entreprise. Le CO reste le critère cardinal de taxation, et privilégie­r les véhicules en émettant le moins reste le plus sûr moyen d’éviter le coup de massue. Voilà qui pourrait redonner un peu d’air au Diesel, qui est passé en dessous des 50 % des voitures vendues en France en 2017.

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