Business travel : Le match train-avion
À l’heure où les entreprises cherchent à mieux encadrer leurs politiques voyages, les transporteurs se livrent une bataille sans merci pour séduire les voyageurs d’affaires. Le combat se déplace désormais sur le marché low cost.
Dans le match que se livre le train et l’avion, notamment pour séduire les voyageurs d’affaires, on pensait la partie gagnée pour la SNCF. À tort ! “Si le développement du TGV a permis au ferroviaire d’atteindre 10 % de part modale en 2011 contre 7,1 % en 1995, cette tendance s’est inversée : depuis 2011, la fréquentation des trains recule alors que celle des autres modes de transport progresse”, note une récente étude de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer). En 2016, la fréquentation (mesurée en passagerskm) a ainsi diminué de 1 % pour le train, quand la voiture progresse de 2,7 % et l’avion de 3,8 %. En cause, des incidents toujours plus nombreux qui exaspèrent les voyageurs (11,5 % des TGV étaient en retard en 2016 contre 9,6 % en 2014), mais aussi des prix qui s’emballent à l’approche
du voyage, au point de rendre parfois le train plus cher que l’avion pour ceux qui réservent quelques jours avant le départ ; notamment les voyageurs d’affaires, rarement en avance !
OFFENSIVE AÉRIENNE
Certes, le “retour en grâce” de l’avion est à nuancer. Sur les trajets de moins de deux heures, le train s’arroge 90 % de part de marché, un chiffre qui atteint encore 70 % pour les voyages de moins de trois heures. Ce n’est qu’au-delà de trois heures (par exemple entre Paris et Toulouse ou Nice) que l’avion reprend l’avantage. Au voyageur donc d’arbitrer, en fonction du lieu de son rendez-vous (en prenant en compte le trajet de “porte à porte”), selon qu’il effectue ou non un A/R dans la journée, ou qu’il souhaite faire de son voyage un trajet utile (le train permet de travailler plus sereinement). Pour autant, les efforts déployés ces dernières années par les compagnies aériennes (tant en termes de prix que de services) portent leurs fruits ; à commencer par Air France. La compagnie a transféré ses vols dans l’Hexagone à sa filiale Hop, aux coûts d’exploitation moindres ; ce qui lui permet d’afficher des tarifs à partir de 49 euros l’aller. Ses lignes entre grandes métropoles régionales séduisent, tout comme son offre La Navette au départ d’Orly, vers Nice, Marseille, Toulouse, Bordeaux, et Montpellier depuis fin 2016. Avec un vol toutes les heures au minimum et un temps de parcours réduit à 20 minutes entre l’arrivée à l’aéroport et la porte d’embarquement, les avions font le plein. Le trafic a ainsi bondi de 20 % depuis le lancement de La Navette sur l’axe Orly/ Montpellier ! Les transporteurs à bas prix s’intéressent eux aussi aux voyageurs d’affaires, alors que la crise de 2008 a conduit les entreprises à mettre en place des politiques voyages plus contraignantes afin de réaliser des économies. À défaut d’entrer en compétition frontale avec la SNCF, les low cost se concentrent sur les lignes à plus de trois heures de Paris (Toulouse, Nice, Biarritz…) et surtout sur les “transversales” entre grandes villes ; un marché déjà occupé par Hop, mais où le train est rarement compétitif. Easyjet a notamment créé un tarif “Flexi” adapté aux déplacements professionnels, qui inclut un coupe-file aux contrôles de sécurité, deux bagages en cabine et la possibilité de modifier son billet. “Les voyageurs d’affaires représentent désormais 24 % de notre trafic en France, et même 50 % sur Paris/ Toulouse ou Lyon/ Toulouse. Au-delà du prix qui constitue le premier critère de choix pour 87 % de nos clients entreprises, notre offre au départ d’une vingtaine d’aéroports français séduit”, se félicite François Bacchetta, directeur d’Easyjet dans l’Hexagone. Stratégie analogue pour la jeune Volotea, qui fait des vols interrégionaux en Europe son axe de développement. Elle décolle d’une quinzaine d’aéroports français (sauf Paris). “Nous répondons