Secteur : Les ingénieurs ont la cote
Un taux de chômage beaucoup plus bas que la moyenne nationale, des profils demandés dans différents domaines comme l’automobile ou encore les services, la profession d’ingénieur se porte bien. Sans compter que ces professionnels jouent aussi un rôle important dans la transformation numérique des entreprises.
Il y a plus d’un million d’ingénieurs en France. 96 % sont cadres, 94 % en CDI et la profession enregistre un taux de chômage de 3,9 % selon l’enquête nationale publiée par l’IESF*. Des données très positives que connaissent peu d’autres corps de métiers. “C’est le plein emploi. Il y a globalement un déficit d’ingénieurs par rapport aux besoins en France et en Europe”, développe Didier Lichtensteger, directeur des ressources humaines du groupe Ausy (société de conseils et ingénierie en haute technologie). “L’enquête 2017 montre que la profession, comme d’habitude, ne se porte pas trop mal”, explique Marie-Annick Chanel, présidente de l’Observatoire des ingénieurs d’IESF.
LES ESN À LA FÊTE
Et la transformation numérique des entreprises joue un rôle important dans les besoins en recrutement d’ingénieurs. “Cela va s’amplifier dans les années à venir, prévoit Marie-Annick Chanel. L’ensemble des entreprises doit passer à la transformation numérique et cela nécessite d’avoir des personnes compétentes. Le profil type est celui de l’ingénieur”. Le futur s’annonce donc plutôt radieux
L’ENQUÊTEDEL’IESF MONTREUNEBAISSEDU NOMBRED’INGÉNIEURSDANS L’INDUSTRIEEN2017
pour la profession. “Depuis ces vingt dernières années, il n’y a pas un produit qui sort dans lequel il n’y a pas d’informatique ou d’électronique. Les entreprises ont donc besoin d’ingénieurs. Même si on voit éclore des formations comme l’École 42 ou d’autres alternatives, le gros de cette profession continuera d’être constituée d’ingénieurs. C’est sûr qu’il s’agit d’un job d’ave
nir”, explique de son côté Didier Lichtensteger. Il n’y a donc pas de discussion sur le fait que la profession se porte bien et que le métier a de l’avenir. En revanche, en fonction des années, certains types d’entreprises sont plus ou moins dynamiques. L’enquête de l’IESF montre une baisse du nombre d’ingénieurs dans l’industrie en 2017. Et au contraire une augmentation au sein des sociétés du numérique et du conseil. “Le marché
n°1, c’est celui des ESN [entreprises de services du numérique, ndlr]”, constate en effet Didier Lichtensteger. “Comme on fait sans arrêt face à de nouvelles technologies, l’industriel n’a pas le temps d’adapter toutes ses équipes. Il fait donc appel aux entreprises qui ont la plus grande chance d’être déjà à ces technologies et ce sont les ESN.”
UN ÉCART SALARIAL IMPORTANT ENTRE HOMMES ET FEMMES
Pour ce dernier, ces structures ont en plus la particularité de représenter un atout intéressant pour les ingénieurs débutants qui peuvent avoir une vue plus globale du métier, afin de voir ensuite dans quel domaine ils veulent faire carrière. À noter cependant que le secteur de l’industrie est toujours celui qui emploie le plus d’ingénieur. Viennent ensuite les sociétés de services
et cabinets de conseil, suivies de près par les “autres activités tertiaires”. Tandis que le secteur public ferme la marche (un peu moins de 10 %). “Il y a énormément de besoins et d’attentes sur le marché autour de plusieurs métiers”, constate Didier Lichtensteger. C’est notamment le cas de l’automobile selon ce dernier. Si le secteur a connu des années difficiles, il
est à nouveau porteur pour les ingénieurs. “Il y a de plus en plus d’électronique et d’informatique dans les voitures. Et puis l’électricité se développe. Le secteur a donc besoin d’ingénieurs qui vont travailler sur la production d’énergie dans la voiture, sans que cela n’arrête non plus les recherches sur les moteurs thermiques. Les deux métiers continuent d’exister.” Didier Lichtensteger cite également le Cloud, le Big Data ou encore la gestion et l’analyse des données parmi les marchés en croissance. À cela s’ajoute les domaines de la banque, les services (eau, électricité, gestions des déchets, le nucléaire). “Pour les ingénieurs, il est difficile de trouver un secteur qui n’est pas porteur”, fait-il remarquer. Marie-Annick Chanel constate tout de même moins de demande pour les managers. “Dans les entreprises les hiérarchies s’aplatissent un peu, on travaille plus en mode collaboratif donc il y a moins besoin de
managers.” Côté salaire, selon l’enquête d’IESF, la rémunération médiane des ingénieurs se situe à 56 000 euros bruts. Avec malheureusement toujours un écart assez significatif entre les hommes et les femmes. Le salaire moyen s’établissant à 59 600 pour ces derniers contre 47 000 euros pour leurs collègues féminines.
*28e enquêtenationaledel’IESF(SociétédesingénieursetscientifiquesdeFrance),réaliséeentrefévrieretmars2017.