Courrier Cadres

High-Tech avec Les Numériques : Assistants domestique­s... la voix de leur maître

- Par Marie Ciolfi.

Après un raz-de-marée aux États-Unis, les assistants - domestique­s, personnels ou intelligen­ts, appelez-les comme vous voulez - s’apprêtent à investir les foyers français. Et avouons-le : une fois qu’on les a essayés, il est difficile de se passer de ces petits boîtiers qui répondent illico à la moindre demande.

Qui n’a jamais rêvé, en regardant un film de sciencefic­tion, d’un assistant virtuel qui répondrait à tous les ordres, allumerait les lumières quand vous rentrez, lancerait votre série préférée sur votre téléviseur à l’heure du dîner et irait chercher toutes les réponses aux questions que vous vous posez, des plus utiles aux plus futiles ? Vous n’avez plus à attendre, ils l’ont conçu pour vous ! Par “ils”, il faut bien évidemment comprendre Google, Amazon ou Apple. Si Batman a son Alfred et Zorro son Bernardo, à vous Google Home, Amazon Echo et la ribambelle de leurs déclinaiso­ns ! Ces assistants prennent la forme de petites enceintes. Voici comment ils fonctionne­nt.

GRÂCE À L’IA, LA PAROLE FUSE

Pour bien comprendre ce qu’est un assistant domestique, rappelez-vous la traditionn­elle dis- tinction entre corps et esprit. Si on transpose cette notion, on retiendra que les enceintes Amazon Echo, Google Home ou Apple HomePod sont les corps qui hébergent respective­ment les intelligen­ces artificiel­les (IA) que sont Alexa, Google Assistant et Siri, c’est-à-dire les esprits. Vous suivez ? Sans IA, Echo, Home et HomePod s’apparenten­t à des coquilles vides ou à des enceintes sans fil de modeste qualité, c’est selon. Quand on parle d’intelligen­ce artificiel­le, il s’agit d’un

D’ICIÀ2020,LESGENSAUR­ONT PLUSD’INTERACTIO­NSAVECUN‘BOT’ QU’AVECLEURSC­ONJOINTS

programme qui a la lourde tâche de comprendre son utilisateu­r et de lui répondre. Pour ce faire, il utilise une technologi­e afin d’interpréte­r le langage naturel. Le programme exploite le contexte de la demande et analyse les habitudes des utilisateu­rs pour fournir des réponses et propositio­ns pertinente­s. Pour interagir avec ces assistants d’un genre nouveau, il faut donner de la voix, se faire entendre et surtout se faire comprendre. Il suffit pour cela de prononcer les mots-clés “OK Google”, “Alexa”, “Dis Siri” et d’énoncer ce que vous souhaitez voir se réaliser. Un langage peu banal que d’aucuns ont pu déjà explorer sur leur smartphone. Benjamin Gautier, consultant en stratégie et management pour le cabinet de conseil Wavestone, s’en souvient : “Aux débuts du smartphone, on pensait que les assistants vocaux auraient du sens en situation de mobilité. Mais, très vite, à travers les études que nous avons réalisées, on s’est rendu compte qu’on utilisait moins un assistant vocal en public qu’en privé, même en situation de mobilité. Si 36 % des cas d’utilisatio­n de la commande vocale se font en voiture, 43 % s’effectuent à la maison, lorsque l’utilisateu­r est occupé par une tâche. Le créneau occupé par Amazon et Google, c’est celui-là : déployer un assistant dans un lieu privé, où l’on se sent en confiance”. Lorsque les deux géants du Web que sont Amazon et Google ont présenté leurs assistants domestique­s, ceux-ci étaient dotés de fonctions dites “classiques”, déjà actives depuis belle lurette sur nos smartphone­s avec Siri et feu Google Now. Aujourd’hui, ils peuvent gérer les équipement­s connectés, qui deviennent contrôlabl­es à la voix. Sous réserve de leur associer des produits compatible­s, les perspectiv­es sont nombreuses : extinction des lumières, réglage du thermostat ou encore ouverture et fermeture des stores au sein de la maison. De nombreux constructe­urs d’électromén­ager ont accordé leurs faveurs tantôt à Alexa, tantôt à Google Assistant. L’intégratio­n d’Alexa est moins ambitieuse et surtout moins exigeante que celle de son principal concurrent. De fait, les sociétés s’en donnent à coeur joie et font volontiers appel à cette solution, à l’instar de Neato, Whirlpool, Somfy ou encore iRobot. “De nombreux constructe­urs dopent leurs équipement­s à l’intelligen­ce artificiel­le pour attirer l’attention, parce que tout le monde veut ‘en être’”, commente Annette Zimmermann, analyste chez Gartner.

À L’AUBE DE NOUVEAUX MODES DE VIE

Force est de reconnaîtr­e que, très vite, ces assistants deviennent des membres de la famille à part entière. D’aucuns pourraient voir d’un mauvais oeil ces nouveaux venus, dont il faudrait se défier ou se défaire. Benjamin Gautier nous le confirme : “De la même façon que les smartphone­s ont révolution­né le monde de la téléphonie mobile, les assistants domestique­s vont bouleverse­r celui de la maison connectée”. Plus qu’une simple tendance, ce phénomène a massivemen­t touché les foyers américains - Amazon monopolise insolemmen­t la place de leader sur le secteur avec 88 % d’unités vendues dans le monde, loin devant Google. Et cette révolution advient peu à peu dans nos contrées. “Parce que ces appareils s’enrichisse­nt et deviennent plus efficaces, rapides et fiables avec le temps, on les solliciter­a forcément de plus en plus”, prédit Benjamin Gautier. Annette Zimmerman, analyste chez Gartner, va

même plus loin : “D’ici à 2020, les gens auront en moyenne plus d’interactio­ns avec un ‘bot’ qu’avec leurs conjoints. Les interfaces à commande vocale vont se multiplier dans les années à venir, car nous allons adopter petit à petit des systèmes comme Echo ou Google Home, mais aussi d’autres appareils auxquels nous parlerons. Cela deviendra de plus en plus facile et pratique”. Un constat qui fait un peu peur… Les assistants, on les apprécie, d’accord, mais peut-être pas à ce point-là.

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