PRÊTS POUR LA GRANDE EXPLORATION INTÉRIEURE
On a beau traduire personal branding par marketing personnel, on ne vend pas sa propre image comme une paire de pneus ou une photocopieuse. La principale différence réside dans une phase d’introspection, capitale pour être reconnu dans son domaine.
Débutants en personal branding, éloignez-vous de votre clavier ! Pour vendre son produit, c’est-à-dire soi-même, on ne s’attaque pas tout de suite au plan de communication. On cherche d’abord à définir les fondements de la marque. “Cette démarche débute par une phase d’introspection, prévient Béatrice Cuvelier, experte dans le domaine. Il faut aller chercher au fond de soi ce qui nous rend unique et différent. Cette exploration intérieure peut durer six mois.” À la différence d’une recherche d’emploi, le personal branding demande la mise en avant d’une person
nalité, pas d’une compétence. “Nous sommes formatés pour nous fondre dans la masse, regrette
Béatrice Cuvelier. J’ai accompagné beaucoup de personnes hypersensibles qui ne voyaient pas ce trait de caractère comme une force. Alors que l’accepter permettait de nourrir leur marque. En commu-
nication, le message passe à 7 % par les mots, le reste par l’attitude et les gestes. D’où l’importance d’être avant
tout imprégné par sa marque.” Une fois que vous avez achevé cette phase d’introspection, vous êtes prêt à partager votre marque personnelle avec votre réseau professionnel. Accrochez-vous, Frédéric Canevet, blogueur pour le site Conseils marketing et product manager chez Eloquant, vous a préparé une feuille de route en six étapes. La première consiste à étudier ce que Google dit de vous: “On peut sculpter son image, pas la changer. Tapez votre nom dans un moteur de recherche et demandez-vous si ce qui ressort correspond à votre image.”
CHOISIR SON TERRAIN DE JEU
Il faut ensuite définir son domaine d’expertise en quelques mots-clés. “Lorsque j’ai créé mon profil Linkedin, j’ai indiqué ‘product manager’, pas ‘chef de produit’. Puis, j’ai ajouté la couverture de mon livre Le growth hacking. Cela me
donne de la crédibilité”, raconte Frédéric Canevet. Il est également important de connaître la liste des réseaux sociaux mis en avant par Google: Linkedin et Facebook évidemment mais aussi les moins influents Viadeo et Google+. De la même façon, Twitter remonte systématiquement dans les moteurs de recherche. Dans tous les cas, ne laissez pas de coquilles vides. Il faut publier du contenu. “Mettez de l’humain dans vos publications. N’hésitez
pas à employer le ‘je’ et à dire ce
que vous pensez”, détaille Frédéric Canevet. Pour héberger vos analyses, vous pouvez ouvrir un blog et utiliser une petite astuce qui ne vous coûtera qu’une dizaine d’euros par an : acheter le nom de domaine correspondant à votre nom et ajoutez lui une adresse mail. Vos interlocuteurs recevront un courriel de pascal@dupont.fr. Une bonne façon d’imprimer sa marque personnelle. Si vous manquez de temps pour créer votre propre contenu, vous pouvez également faire de la curation, un terme qui désigne une veille dans son secteur. Vous vous imposerez dans votre domaine comme l’expert auquel rien n’échappe. Attention toutefois aux informations que vous partagez (lire page suivante). Enfin, il faut veiller à sa réputation en ligne. “Aujourd’hui, vous devez savoir ce que les autres écrivent sur vous. Il faut reprendre en main sa communication. La première page de recherche Google sur votre nom ne doit comporter que des contenus que vous avez vous-même produit”, avertit Jean-Marc Manach, auteur de La vie privée, un
problème de vieux cons ? Le personal branding ne se limite pour autant pas à sa vie numérique. Pour devenir un expert reconnu, il faut le faire savoir à son réseau. Vous avez eu la chance de participer à une conférence ? Publiez-en un résumé sur votre blog, sur YouTube si vous possédez un extrait vidéo, sur Instagram pour les photos. Répétez votre nom durant votre intervention. Distribuez des cartes de visite avec votre patronyme bien en évidence. Et plus votre domaine de compétences est bien délimité, plus vous augmenterez vos chances d’apparaître comme l’interlocuteur incontournable. Ce qui nous ramène à la première étape, bien loin des réseaux sociaux : la phase d’introspection pour identifier ce qui nous différencie des autres.
IMPRIMER SA MARQUE PERSONNELLE
“Tout ne passe pas par la présence numérique,
ajoute Béatrice Cuvelier. Votre personnalité c’est également votre look, les lieux dans lesquels vous fixez vos rendez-vous. Le personal branding, c’est
du dépouillement, pas du packaging.” On touche ici à la principale difficulté : trouver le bon équilibre entre vie personnelle et carrière professionnelle. Certains grands entrepreneurs s’y sont cassé les dents (lire page 78). Un hobby peut en dire beaucoup sur votre façon de travailler. “Il faut comprendre le lien entre une passion et son travail. Il n’existe pas de séparation entre ses différentes vies”, affirme Pascale Baumeister. Cette coach était costumière pour le cinéma et le théâtre avant de se reconvertir et d’ouvrir un site à son nom. “Au début, je cachais mon précédent travail. Je craignais qu’on ne me prenne pas au sérieux, qu’on pense que j’étais une artiste. Puis, j’ai compris que ce qui m’intéressait dans le métier de costumière et de coach, c’était de travailler sur la notion de personnages.” Depuis, une école de cinéma lui a demandé d’animer des conférences sur le personal branding. Alors, si vous êtes expert en négociation commerciale et que vous aimez la moto, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Évitez toutefois de débarquer dans un séminaire avec un casque sur la tête, on aurait du mal à entendre vos brillantes analyses.
“ON PEUT SCULPTER SONIMAGE, PAS LA CHANGER”