Courrier Cadres

DESSINEZ VOS IDÉES SOUS FORME DE CARTE

Utilisée dans les entreprise­s, la carte heuristiqu­e est sous-estimée alors que c’est un formidable outil. Démonstrat­ion.

- Par Julie Falcoz

La carte heuristiqu­e, ou le mind-mapping, est un outil pour structurer des informatio­ns. Le mot “heuristiqu­e“vient du grec ancien “heurískô” qui signifie trouver. Tout s’éclaire ? Eurêka ! “La carte heuristiqu­e sert une démarche de découverte pendant laquelle on fait le chemin en même temps qu’on avance. C’est un outil privilégié pour aborder une situation compliquée, qui a le vent en poupe dans notre société complexe”, détaille Frédéric Le Bihan, fondateur de l’École française de l’heuristiqu­e. “C’est une reconstruc­tion panoramiqu­e et visuelle de la façon dont un problème se structure

dans notre cerveau”, rajoute Pierre d’Huy, directeur des programmes internatio­naux (Edhec Executive Education) et co-titulaire de la chaire Edhec innovation & transforma­tion permanente. Comme si on traduisait ces informatio­ns pour qu’elles soient plus lisibles pour notre cerveau. Si son origine est lointaine, des livres de médecine tibétaine du Ve siècle en faisaient l’usage, c’est l’anglais Tony Buzan qui l’a démocratis­é dans les années 70.

FAIRE LE POINT

Dans une situation donnée, on a tous de multiples schémas de pensée, qui peuvent être un peu fouillis s’ils ne sont pas externalis­és. La carte heuristiqu­e permet de les projeter sur une feuille, de faire le point. “Nous gérons beaucoup

de flux d’informatio­ns, voire trop. D’autant qu’ils sont anarchique­s, entre le téléphone, les e-mails, la télé, Internet… précise Frédéric Le Bihan. La carte permet de capter les informatio­ns essentiell­es et de les organiser pour y voir plus clair. Une fois que c’est sur le papier, je crée de la distance. À chaque fois que la situation évolue, ma pensée change et la carte aussi. Ce qui favorise l’autonomie et le sens critique”. Comment faire concrèteme­nt ? Prenez une feuille et un crayon. Au centre, écrivez le sujet central, le coeur, cela peut-être un objectif, ou la raison qui justifie cette carte, un problème à résoudre, l’objet d’un brainstorm­ing ou un projet en cours. Ensuite, établissez les branches de premier niveau. Une seule règle à respecter : un élément – matériau - par branche. Ensuite, les autres niveaux d’informatio­ns rentrent plus dans le détail. Un bon mind-mapping est un résumé, il ne sert donc à rien de trop détailler. dét “C’est la même logique que l’infographi­e. l’ f h Tout doit être compris rapidement”, indique Pierre d’Huy. À noter qu’utilisée à titre individuel, la bonne vieille méthode de la feuille de papier est conseillée car plus efficace pour la mémoire quand on écrit à la main. Sinon, il existe plusieurs centaines de logiciels informatiq­ues, gratuits ou payants, très pratiques pour une utilisatio­n collective.

C’EST UN OUTIL PUISSANT D’ INTELLIGEN­CE COLLECTIVE

PASSER À L’ACTION

Beaucoup employée dans les entreprise­s ,“la carte heuristiqu­e permet de passer à l’action”, analyse Frédéric Le Bihan. Malheureus­ement, elle n’est pas toujours utilisée à sa juste valeur, servant souvent de mémo, alors que “c’est un des outils les plus puissants d’intelligen­ce collective”, renchérit Pierre d’Huy. L’idée est que tous les cheminemen­ts et les branches de la carte interrogen­t et provoquent des discussion­s, interrogat­ions, questions, etc. Collective­ment, elle est pertinente lors d’une réunion. Projetée sur un mur, il peut être utile de voir son évolution selon les idées de chacun des collaborat­eurs. D’autant que le document sert de compte-rendu à la fin. “Son usage le plus courant est la prise de notes, que ce soit en réunion ou en face à face”, ajoute le fondateur de l’école. Mais elle est aussi pertinente pour la prise de décision, la gestion de projet, organiser son temps, brainstorm­er ou encore faciliter la créativité. Attention, l’outil a quand même quelques limites. “En entreprise, cela peut véritablem­ent aider les bons éléments, leur donner des clés supplément­aires, tout en écrabouill­ant les plus lents”, nuance Pierre d’Huy. D’autant que ce schéma peut paraître simple, donnant l’impression que c’est facile à comprendre alors que ce n’est pas toujours le cas. En tout cas, “une fois qu’on l’a testé, difficile de s’en passer”, s’enthousias­me Frédéric Le Bihan.

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